Feuilleton : pour tester mon amour, elle m'a fait croire qu'elle était dans le coma

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AncienMembre

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Préambule.

Que la paix soit sur vous chers bladinautes !

Permettez-moi de vous faire découvrir cette histoire vraie qui s’est déroulée il y’a maintenant 10 ans. Comme je le faisais il y’a quelques années, je vais la publier sous la forme de feuilletons.
Le but de cette publication est double. Elle permet à l’auteur de s’exercer à l’écriture et elle divertira certain d’entre vous. Aussi, je vous invite à vous mettre à votre aise et de ne la lire que pour tromper l’ennui.

Pour que cette expérience soit optimale, trouvez-vous un fauteuil confortable muni de son repose pied après vous être préparé un bon café chaud. Baissez la luminosité de votre tablette. Lancez Spotify. La rédaction vous conseille la playlist « Chill Beats » ou « L’art du Malhoune par Abdeslam Khaloufi » pour accompagner votre lecture.

Bien. Maintenant imaginez que face à vous s’ouvre sur un tunnel lumineux menant vers un endroit obscur. Vous vous levez de votre siège pour l’emprunter. Arrivé au bout, vous découvrez une chambre d’adolescent plongée dans le noir. Quelqu’un ronfle sur l’unique lit de la pièce. De là où vous êtes, vous n’entrevoyez que son dos. Il semble dormir paisiblement sur le flanc. Sur une table de chevet à côté de lui, il y’a un réveil lumineux qui indique « 5h56 ».

Soudain, une porte s’ouvre derrière vous. Vous vous retournez en plissant les yeux car la lumière provenant du couloir vous éblouie. Une silhouette imposante se détache dans le chambranle. Elle entre bruyamment, vous traverse sans remarquer votre présence et secoue le dormeur en criant « Hey ! Debout ! Debout aller ! ».

La brutalité avec laquelle l’homme réveille le jeune garçon vous fait sursauter. Ce dernier se lève, il regarde la silhouette imposante. Il a les yeux rouges et semble stupéfait. Il ne comprend pas. L’homme lui dit : « Debout, va préparer le petit déjeuner ! Tu pensais que tu allais ronfler tranquille pendant que les jeunes de ton âge se lèvent pour travailler ? ». Le jeune homme se passe les mains sur le visage en s’asseyant sur le bord de son lit. Pendant que l’homme imposant quitte la chambre, il regarde le réveil sans comprendre ce qu’il se passe. Il se lève et se traine jusqu’à la salle de bain pour se laver le visage.

Nous sommes en Septembre 2005, et nous venons de revivre la façon brutale avec laquelle mon père m'a réveillé après les quelques semaines de vacances qui avaient suivi la fin de mes études.

Je le sentais arriver. Ça faisait quelques jours que mon père était distant. Même s'il était de nature taciturne, j'avais remarqué qu'il évitait mon regard et qu'il ne me parlait qu’à base de petites phrases assassines.

Ce matin-là, pendant que je faisais le café, assis derrière moi, il m’informait des nouvelles règles : « Ici pas de chômeur ! Tu te lèveras chaque matin à 5h30 pour préparer le petit déjeuner à ta mère, à moi et à ta petite sœur qui étudie, elle ! Après quoi, tu feras la vaisselle et tu sortiras dehors te chercher un travail. Et je m’en fous qu’il pleuve ou qu’il neige. Tu ne rentreras pas avant midi pour manger de ce qu’Allah a bien voulu nous donner et ensuite tu ressortiras. Je ne veux pas te voir avant 18h ! Et ce sera comme ca jusqu’à ce que tu trouves un travail ! » Là il baisse d’un ton et rajoute en me pointant du doigt « Et hé pas la peine d’aller te plaindre à ta mère, c’est clair ? ».

Et voilà, chers bladinautes comment à débuter cette histoire...

A suivre.
 
A

AncienMembre

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Chapitre 1 : Les premiers jours où je rentrais bredouille

Hagard ! Un mot que je lisais mais dont la définition m’échappait jusque-là. J’étais Hagard. Je comprenais enfin ce que ce mot signifiait.

L’horloge de la gare affichait 7h20. Je portais un blouson noir au col relevé, un jean bleu clair et des Stan Smith blanches aux pieds. D’une main, je balançais un porte document dans lequel j’avais rangé quelques CV fraîchement imprimés, une trousse et un roman.

Comme j’avais mal dormi, le monde devant moi semblait tourner au ralenti. Le bruit des voitures roulant sur la chaussée humide me parvenait avec du retard. Je ne savais pas vraiment où aller. Je devais juste éviter mon père de la journée. Il m’aurait étranglé, s’il me croisait en train de flâner. Alors j’ai pris le train pour Mulhouse, ville située à 30 km de la mienne.

Sur place, j’ai tiré de ma poche de quoi prendre un expresso dans un troquet face à la gare. J’ai pris place, croisé les bras sur la table, posé la tête contre eux et j’ai dormi d’un sommeil de juste.

*
* *​

Je suis rentré tard dans la soirée. Mon père ne m’a pas adressé la parole. Allongé sur le sadari, les jambes croisés, il m’a regardé du coin de l’œil puis a tourné les yeux vers la télé. Il le savait, si j’avais trouvé du travail, je le lui aurais dit immédiatement.

Je me suis déshabillé, j’ai enfilé une djellaba, j’ai réglé le réveil à 5h30 et me suis dirigé vers la chambre à coucher de mes parents.

Ma mère sanglotait sous la couverture. La chimiothérapie. Quand elle a entendu la porte de la chambre s’ouvrir, elle a relevé la couette pour se cacher le visage. J’ai attendu qu’elle s’essuie les larmes. Je fais semblant de ne pas l’avoir entendu gémir. Ma mère est trop digne et trop fière pour se montrer faible devant ses enfants.

Elle a baissé la couverture, s’est assise sur le lit et m’adressa son plus beau sourire. Elle avait noué un foulard sur la tête et retracé ses sourcils au crayon noir. Malgré la chimiothérapie, elle restait d’une beauté rare. Tout le monde ne cessait de le lui dire : ses enfants d’abord, ses amies, tout le corps médical. J’entends encore cette infirmière maghrébine lui répéter qu’elle avait dû mal à croire qu’elle avait 49 ans vu ses traits juvéniles que la maladie n’avait pas défiguré.

Je m’approcha d’elle, lui baisa le front et lui demanda pardon de ne pas l’épauler durant cette épreuve. Elle passa sa main sur mon visage et me demanda de patienter face aux humeurs de mon père. Elle m'a dit « Il est dur avec toi, mais il ne veut que ton bien. ». Je savais déjà tout ca. Mon père est très dur mais juste.

Elle m'a demandé comment s'était passé ma journée, après quoi, elle m'a dit qu’elle souhaitait dormir car fatiguée. Je quitta la chambre, puis je colla mes oreilles contre la porte que je venais de refermer.

Elle se remit à pleurer et à gémir de douleur. Au salon, mon père devant Al Jazeera, l’ignorait. Des deux, c'était lui qui avait le plus mal en réalité.

Homme dur de 55 ans qui n’avait jamais versé une larme, s'était pourtant évanoui quand le médecin leur avait annoncé le cancer de ma mère. La scène avait surpris le docteur. Ma mère était restée assise, digne, le regard fixé devant elle. Elle avait simplement murmuré « El Hamdoulilah ». Mon père lui, s'était tourné vers elle la bouche ouverte, puis s'était tourné vers le docteur. Soudain, il a chuté de son siège. Ma mère n’avait pas bougé. Choquée à sa manière, ne prêtant pas attention au docteur qui giflait mon père pour le réveiller.

En regagnant ma chambre j'ai souhaité bonne nuit à mon père qui remua la tête sans me regarder. Puis j'ai souhaité bonne nuit à ma petite sœur qui révisait ses cours dans sa chambre. Une fois qu’elle aura terminé, elle ira dormir à côté de ma mère. Une autre nuit blanche pour elle, où elle pleurera deux fois plus que ma mère. Je ne remercierai jamais ma sœur d’avoir soutenu ma mère durant cette épreuve. Ça lui a coûté.

Je me suis endormi ce jour là, en planifiant ma journée du lendemain. Car je le savais, si mon père ne m’avait rien reproché ce soir-là, ça n’allait pas durer.

A suivre…
 
A

AncienMembre

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Chapitre 2 : Je décroche mon premier job (rappel : histoire vraie)

Le jeudi qui a suivi le « réveil brutal », je m’étais levé à 4 h du matin. Cela faisait trois soirs que je rentrais bredouille. Mon père ne m’avait encore rien reproché. Il savait que je n’en menais pas large et que je ne chômais pas. Je passais mes journées à déposer des CVs, et à appeler plusieurs entreprises dans l’espoir qu’elles aient des places à pourvoir.

Mais ce matin-là, je voulais être à Mulhouse à 5h : heure à laquelle les marchands préparaient leurs étals pour le fameux marché de Mulhouse. Là, je savais qu’il y’aurait de quoi m'occuper pour la journée.

A 5 h pétante, je me suis dirigé vers le marché couvert aux fruits et légumes et j’ai commencé à sonder du regard les marchands. Je suis allé vers celui qui me paraissait le plus sympa et je lui ai dis sans réfléchir : « Bonjour, je cherche à travailler. Je peux vous aider à décharger votre camionnette ? Vous me donnez ce que vous voulez ». Il me fait non de la tête. La honte me noua le ventre mais je ne me décontenançai pas. Je suis ensuite allé voir une femme plus loin qui peinait à porter des cartons. Je lui ai dis la même chose à ceci près que j'ai fini en disant tout sourire « Vous me donnerez juste un kilos de pomme une fois le travail terminé». Hourra ! Elle sourit et me désigna la camionnette. En finissant de l’aider, le premier homme me rappela. Il me tendit un diable et me dit d’aller avec son fils chercher la cargaison qui se trouvait dans le camion dehors.

J’avais aidé plusieurs personnes ce matin-là ! Je touchais en moyenne 10 euros et un sachet de fruits ou légumes à chaque fois.

Un moment, en allant jeter un chargement de cartons usés dans une benne à l’extérieur du marché couvert j’ai entendu une voix dans mon dos me dire « aller plus vite ! ». La voix m’était familière. En me retournant j’ai reconnu immédiatement mon père, le moustachu en bleu de travail. Il me fit un clin d’œil et m’aida à jeter les cartons en me disant « C’est comme ça que je te veux ! Travailleur ! » Sur ces mots, il disparu. Il était midi passé, c’était l’heure de sa pause. C’était sa dernière année de travail à la SNCF avant son départ en pré-retraite. Parfois, à la pause, il en profitait pour faire des petites courses quand c’était le jour du marché.

Ce jour-là vers 14 heures, mon téléphone a sonné. J’ai décroché pour tomber sur le directeur d’une banque à qui j’avais envoyé mon CV et qui souhaitait me voir dès le lendemain matin pour un entretien.
*
* *​
Le lendemain à 9 heures je me présentais en costume cravate devant ce directeur d’agence bancaire. Après une heure de conversation, il me tendit sa main et m’envoya chez sa secrétaire afin qu’elle me rédigeât un contrat de CDD d’un an qui débuterai dans quelques semaines.

Le soir quand je l’ai raconté à mon père, il m’a dit : « Ma 3andi men salek a wouldi ». Des mots brefs mais qui sonnèrent comme une absolution divine. J’étais refait, même si dans le fond j’étais quelque peu triste de ne pas travailler dans le domaine pour lequel j’avais décroché un BAC+4. Au moins, cela me réhabilitait aux yeux de mon papounet-net. Et ça, ça n’avait pas de prix. Encore plus quand ma mère a "zarlet" en apprenant la nouvelle.

Le lendemain, quand je m’étais levé pour préparer le café, mon père m’invita à retourner dormir. C’est lui qui désormais ferait le café pour toute la famille, comme il avait l’habitude de le faire avant le "réveil". Maintenant, j’étais un « banquier », n'est-il pas ?

Un banquier. Ça me fait sourire 12 ans après. Un banquier certes, mais qui ne manquerait pas de rencontrer cette demi-folle qui allait, deux ans plus tard, me faire vivre l’une des épreuves les plus oppressante de ma vie.

A suivre…
 

Bien que l'on imagine plus facilement une demi-folle avec les cheveux hrach si c'est une histoire d'amour avec Septime, c'était forcément une demi-folle aux cheveux lisses aimant le surimi !

Il y a des codes dans tes récits quand même ! Un peu comme le "Ai craramba" de Bart Simpson ou le "Excellant" de M. Burns joignant ses mains (Des références très intellectuelles, je sais :D).

Il y a intérêt que ce soit le cas dans la suite, sinon je demanderais à être remboursée >< !!!!!
 
Dernière édition:
Tes écrits sont particulièrement émouvants .... Mais ... j’adhère pas à cette exposition des détails de la vie de ta maman. Je pense que cela aurait pu être évoqué avec plus de ... retenue ? Surtout que tu disposes d' une véritable volonté et une base d'écriture prometteuse : )
 
A

AncienMembre

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Je comprends pas le titre déjà j'ai pas lu le texte vu le commencement .

Fell@tion : pour tester mon amour elle m'a fait croire qu'elle était dans le coma

No comprende ! :confused:

FEUILLE-T-ON lol. Dans le sens récit publié sous forme de plusieurs parties.

Parceque cest une histoire vraie?

Mise à part certains détails ou tout à fait vrai^^
 
A

AncienMembre

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Tes écrits sont particulièrement émouvants .... Mais ... j’adhère pas à cette exposition des détails de la vie de ta maman. Je pense que cela aurait pu être évoqué avec plus de ... retenue ? Surtout que tu disposes d' une véritable volonté et une base d'écriture prometteuse : )

J'ai pas été non plus trop trop impudique^^
 
A

AncienMembre

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FEUILLE-T-ON lol. Dans le sens récit publié sous forme de plusieurs parties.



Mise à part certains détails ou tout à fait vrai^^
Donc cest aussi une petite psychotherapie ;; dans le sens ou ca fait du bien de se raconter un peu , comme sur bladi
 
A

AncienMembre

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Chapitre 3 : Mon premier jour en tant que banquier (ne me jugez pas^^)

Douze ans après, je me rappelle encore des jours qui précédèrent le début de ma vraie vie professionnelle. L’annonce de mon embauche avait apporté de la joie à la maison. Nécessaire bouffée d’air qui chassait pour un temps une atmosphère devenant de plus en plus pensante.

De mon côté, je ne faisais que de rêvasser allongé et les bras croisés derrière ma tête. Je m’imaginais me rendre au travail en portant mon nouveau costume bleu marine que ma mère venait de m’offrir. J’entendais dans ma tête le bruit que produiraient sur le sol mes toutes nouvelles sabates noires et qui ferait sursauter de désir de jolies maghrébines à mon passage et à qui je lancerais des sourires en coin.

Enfin j’allais être un homme qui travaillait ! J’allais recevoir un salaire mensuel ! Fini les bourses à 300 euros auxquelles s’ajoutaient de temps à autre un petit pécule obtenu en effectuant de menus travaux par ici et par là. Pourtant je n’avais pas démérité. J’avais été serveur dans un café, réceptionniste dans un hôtel, manutentionnaire, ouvrier dans des chaînes de montage, éboueur, gardien de parking, agent de sécurité, vendeur en prêt à portée et j’en passe.

Là, je me sentais faire partie du grand monde. J’avais un vrai travail pour lequel on s’habille et on se coiffe bien. La seule fausse note, c’était que ce n’était pas le genre de travail pour lequel j’avais étudié.

Le premier jour de travail arriva enfin. Et qu’est-ce que j’étais beau ! Mais beau dans mon super costume cravate !

Autant aujourd’hui, j’accepte qu’on me dise que je ressemble à thon avarié. Autant à l’époque, l’on pouvait tout, mais absolument tout me retirer sauf ma bogossité que mêmes mes pires ennemie(e)s me reconnaissaient.

J’arrivais devant la banque avec 45 minutes d’avance. Le directeur étant déjà là, il m’ouvra la porte et m’accueilli. Il me fit attendre dans une salle de pause plutôt cosy le temps que le reste de l’équipe arriva.

Une fois-là, le directeur me présenta à chacun de mes futurs collègues. Une dame, la cinquantaine me dit « Ah enfin, un bel homme parmi nous ! ». Sa remarque qui me fit rougir, ne manqua pas de faire râler les autres hommes sur place.
L’un d’eux lanca un café dans une machine et nous versa à tous un verre de café. Quand je le vis me verser un verre, je me mis à suer et à trembler.

En effet, c’était le premier jour du ramadan et je n’osais pas le leur révéler (me jugez pas^^). La veille déjà, j’étais révolté d’apprendre que le premier jour du ramadan tombait le même jour que mon premier jour de travail. Car, je le savais, le premier jour c’est souvent le jour où les collègues invitent le nouveau à manger pour faire connaissance. Et shit ! Je ne voulais pas être ramené à ma condition d’immigré aux coutumes exotiques.

Que faire ? Seigneur Dieu que faire ? Mon nouveau collègue me demande poliment si je désirais rajouter du sucre ou du lait. C’était trop tard pour faire machine arrière. Je l’avais bien vu me verser un verre de café, pourquoi n’avais-je rien dit ? Il aurait eu le droit de me poser la question ! Et bim, je serais passé pour le chelou ! Je l’ai donc regardé et, baignant dans ma sueur, je lui ai souri et lui ai dis que je le buvais noir sans sucre.

C’est pile à ce moment qu’une idée bizarre me traversa l’esprit. La salle de pause étant équipée d’une kitchnette, je me suis dit que j’allais faire semblant de boire le café en amenant la tasse à ma bouche sans rien avaler et au premier moment d’inattention de mes collègues j’irais verser le contenu de mon verre dans le lavabo. Qu’Allah me pardonne pour ce subterfuge et m’aide à trouver une autre combine pour éviter de manger avec eux à midi m’étais-je dit.

J’amenai donc la tasse à mes lèvres quand soudain la porte s’ouvre. « Mme M’Braika*, bonjour ! » s’écrièrent mes collègues. Immédiatement je suis devenu livide ! Je découvre une arbia voilée, genre maman qui était, semble-t-il, la femme de ménage. Elle avait ramené son regard vers moi au moment j’approchais la tasse de ma bouche.

Seigneur Dieu que j’avais honte ! De la buée m’était montée aux yeux. D’autant que j’avais vu dans son regard une petite lueur de mépris mêlée à de l’amusement.

A suivre…




* nom d'emprunt^^
 
Dernière modification par un modérateur:

Touring

Fait peur au lion avant qu'il te fasse peur..🇲🇦
VIB
Chapitre 3 : Mon premier jour en tant que banquier (ne me jugez pas^^)

Douze ans après, je me rappelle encore des jours qui précédèrent le début de ma vraie vie professionnelle. L’annonce de mon embauche avait apporté de la joie à la maison. Nécessaire bouffée d’air qui chassait pour un temps une atmosphère devenant de plus en plus pensante.

De mon côté, je ne faisais que de rêvasser allongé et les bras croisés derrière ma tête. Je m’imaginais me rendre au travail en portant mon nouveau costume bleu marine que ma mère venait de m’offrir. J’entendais dans ma tête le bruit que produiraient sur le sol mes toutes nouvelles sabates noires et qui ferait sursauter de désir de jolies maghrébines à mon passage et à qui je lancerais des sourires en coin.

Enfin j’allais être un homme qui travaillait ! J’allais recevoir un salaire mensuel ! Fini les bourses à 300 euros auxquelles s’ajoutaient de temps à autre un petit pécule obtenu en effectuant de menus travaux par ici et par là. Pourtant je n’avais pas démérité. J’avais été serveur dans un café, réceptionniste dans un hôtel, manutentionnaire, ouvrier dans des chaînes de montage, éboueur, gardien de parking, agent de sécurité, vendeur en prêt à portée et j’en passe.

Là, je me sentais faire partie du grand monde. J’avais un vrai travail pour lequel on s’habille et on se coiffe bien. La seule fausse note, c’était que ce n’était pas le genre de travail pour lequel j’avais étudié.

Le premier jour de travail arriva enfin. Et qu’est-ce que j’étais beau ! Mais beau dans mon super costume cravate !

Autant aujourd’hui, j’accepte qu’on me dise que je ressemble à thon avarié. Autant à l’époque, l’on pouvait tout, mais absolument tout me retirer sauf ma bogossité que mêmes mes pires ennemie(e)s me reconnaissaient.

J’arrivais devant la banque avec 45 minutes d’avance. Le directeur étant déjà là, il m’ouvra la porte et m’accueilli. Il me fit attendre dans une salle de pause plutôt cosy le temps que le reste de l’équipe arriva.

Une fois-là, le directeur me présenta à chacun de mes futurs collègues. Une dame, la cinquantaine me dit « Ah enfin, un bel homme parmi nous ! ». Sa remarque qui me fit rougir, ne manqua pas de faire râler les autres hommes sur place.
L’un d’eux lanca un café dans une machine et nous versa à tous un verre de café. Quand je le vis me verser un verre, je me mis à suer et à trembler.

En effet, c’était le premier jour du ramadan et je n’osais pas le leur révéler (me jugez pas^^). La veille déjà, j’étais révolté d’apprendre que le premier jour du ramadan tombait le même jour que mon premier jour de travail. Car, je le savais, le premier jour c’est souvent le jour où les collègues invitent le nouveau à manger pour faire connaissance. Et shit ! Je ne voulais pas être ramené à ma condition d’immigré aux coutumes exotiques.

Que faire ? Seigneur Dieu que faire ? Mon nouveau collègue me demande poliment si je désirais rajouter du sucre ou du lait. C’était trop tard pour faire machine arrière. Je l’avais bien vu me verser un verre de café, pourquoi n’avais-je rien dit ? Il aurait eu le droit de me poser la question ! Et bim, je serais passé pour le chelou ! Je l’ai donc regardé et, baignant dans ma sueur, je lui ai souri et lui ai dis que je le buvais noir sans sucre.

C’est pile à ce moment qu’une idée bizarre me traversa l’esprit. La salle de pause étant équipée d’une kitchnette, je me suis dit que j’allais faire semblant de boire le café en amenant la tasse à ma bouche sans rien avaler et au premier moment d’inattention de mes collègues j’irais verser le contenu de mon verre dans le lavabo. Qu’Allah me pardonne pour ce subterfuge et m’aide à trouver une autre combine pour éviter de manger avec eux à midi m’étais-je dit.

J’amenai donc la tasse à mes lèvres quand soudain la porte s’ouvre. « Mme M’Braika*, bonjour ! » s’écrièrent mes collègues. Immédiatement je suis devenu livide ! Je découvre une arbia voilée, genre maman qui était, semble-t-il, la femme de ménage. Elle avait ramené son regard vers moi au moment j’approchais la tasse de ma bouche.

Seigneur Dieu que j’avais honte ! De la buée m’était montée aux yeux. D’autant que j’avais vu dans son regard une petite lueur de mépris mêlée à de l’amusement.

A suivre…




* nom d'emprunt^^


T'as su comment qu'elle était dans le coma ?? Ta vider son compte ??
 
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