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Katie Hopkins, pro de la haine
Par Sonia Delesalle-Stolper, photo Manuel Vazquez pour Libération —28 mars 2018 à 17:06 (mis à jour à 18:08)
Chantre du Brexit et de Trump, cette chroniqueuse anglaise a fait commerce du racisme envers les réfugiés et les musulmans, causant son succès et sa chute.
Elle vous appelle «sweetie», «darling».Elle sourit, minaude et promet que quoi qu’on écrive sur elle dans ce portrait, elle ne se fâchera pas. Curieux comme entrée en matière, elle qui, depuis douze ans, passe son temps à vomir des insultes haineuses et racistes sur les réseaux sociaux, les ondes ou dans les journaux. Katie Hopkins crache son fiel contre l’élite libérale, les musulmans, les gros, les roux, les gays, les pas-blancs, les pauvres, les bons sentiments, l’humanisme, l’humanité entière. En une décennie, elle s’est construite une identité médiatique sur la haine.
Par conviction politique ? Pas vraiment, même si ses propos trouvent un écho parfait dans la fachosphère. C’est plus simple et plus compliqué à la fois. Elle affirme vouloir être le chantre de «ceux qui ne peuvent pas parler». Un peu facile, non ? Elle ne répond pas. Sa boussole suit l’air du temps, celui qui souffle le plus fort et avec le moins de nuances : le Brexit qui fête son premier anniversaire aujourd’hui, Nigel Farage, Donald Trump évidemment. Chaque fois que, dans notre entourage, on a mentionné le rendez-vous, la réaction a été la même : «Pourquoi ? Mais quelle horreur ! Quel poison !» On s’est posé la question. Peut-on devenir haineuse professionnelle ? Juste comme ça, juste pour être dans la lumière ? Attablée devant un caffèlattedans une brasserie londonienne, elle multiplie les gentillesses à l’égard des serveurs.