Un mois après la fusillade qui a failli coûter la vie a un jeune militaire de la Garde républicaine en visite chez ses parents, à Encagnane, le 10 mai, la police judiciaire a identifié trois hommes et une femme, âgés de 16 à 18 ans et soupçonnés d'avoir fait partie du commando de tueurs.
Le soir du 10 mai 2025, Yassine, 27 ans, n'est pas en service. Ce militaire affecté à la Garde Républicaine est simplement de passage chez ses parents, qui vivent dans la ZUP d'Encagnane. Un quartier "sensible" d'Aix-en-Provence où sa qualité de gendarme est connue. Elle lui a d'ailleurs déjà valu des insultes dans la cité, surtout depuis que le jeune homme a participé a des vidéos de prévention contre le cybercrime.Mais ce vendredi soir, vers 00h50, il regagne seul le domicile familial lorsque, sur le boulevard du Dr-Schweitzer, deux silhouettes sombres surgissent et le mettent en joue avec un fusil d'assaut. Yassine s'agenouille, tente d'expliquer à ses agresseurs qu'ils se trompent de personne. Mais il reçoit un coup de crosse et de pied en plein visage. Puis les tirs fusent. Malgré les balles qui l'atteignent, le gendarme parvient à se relever et à courir pour échapper aux tueurs. Mais il est à nouveau stoppé par une balayette et reçoit une nouvelle rafale de kalachnikov. Le commando regagne un Citroën Berlingo noir, où l'attend un troisième homme au volant, tandis que le jeune homme fait le mort. Criblé de balles, un rein et un poumon touchés, il sera pris en charge par les secours dans un état critique.
Alors que la brigade criminelle de la PJ de Marseille se met au travail, au cours de la nuit, l'utilitaire du commando est retrouvé abandonné sur un chemin. Ce véhicule, volé dans l'Ardèche en avril, contient encore des indices, confiés en urgence au laboratoire de police scientifique de Marseille.
Face à une victime "exemplaire", la piste d'une "effrayante coïncidence"
Dès les premiers jours, alors que la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille se saisit du dossier, le profil et les relations du jeune gendarme sont passés au crible. Mais Yassine s'avère être un homme exemplaire. Aucune zone d'ombre ne plane sur lui ou ses proches. Parallèlement, les enquêteurs de la Crim' recueillent des témoignages surprenants : la même nuit, un homme encagoulé a été aperçu avec une kalachnikov devant l'alimentation du quartier, non loin de la scène de crime.Il faut attendre les résultats du labo puis les surveillances de la BRI, que pour que quatre suspects soient identifiés puis localisés dans le Vaucluse le 13 juin, et interpellés.
Trois hommes, presque des adolescents âgés de 16 à 18 ans au moment des faits, sont soupçonnés d'avoir formé le commando, tandis qu'une jeune fille est également arrêtée pour leur avoir apporté un soutien logistique.
En garde à vue, le conducteur, le tireur et le "filmeur", finissent par reconnaître leur implication. "Mais ils nous indiquent très clairement qu'ils n'étaient pas au courant qu'ils tiraient sur un gendarme", relève le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, ce jeudi 19 juin, en précisant néanmoins qu'en dépit de ces déclarations, la piste n'est pas pour autant exclue à ce stade. "La deuxième hypothèse, tout aussi effrayante, est celle d'une coïncidence - le gendarme aurait été blessé lors d'un coup de force, au mauvais endroit, au mauvais moment" , poursuit le magistrat.
Recrutés sur les réseaux sociaux pour tuer contre "15 à 20 000€"
Le tireur, un Vauclusien de 18 ans, déjà connu pour des faits liés aux stupéfiants, des délits routiers ou encore des faits de vol était "à la recherche de petites missions à faire", via les réseaux sociaux afin de résoudre des "difficultés financières". "On voit ça depuis quelques années maintenant, des jeunes en rupture, qui vont dealer mais finissent mis à l'amende par un réseau. Ils passent ensuite leur temps à répondre à des annonces sur les réseaux sociaux pour faire des 'missions', dans l'espoir de rembourser leur dette", observe un enquêteur de la PJ marseillaise.....
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