Ghofrane : les babouches en salle d'eau.

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Sbah al kheir !

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Aux uns et aux autres, nous sommes inconnus, mais l'un dans l'autre, nous nous connaissons.
Nous sommes peut-être amis, nous sommes peut-être ennemis, mais quoiqu'il en soit, nous sommes liés.
Nous sommes le Dâr Boukan, et vous ne l'êtes pas, mais vous en êtes, vous aussi !​

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En guise de prolégomènes, nous avons choisi de faire léger, et de vous livrer une anecdote quelque peu burlesque. Elle nous fut rapportée par Ghofrane Si - Yahya, jeune fille d'environ 18 ans à l'époque. Afin de conserver l'authenticité du récit, nous n'avons pas censuré certains des termes malséants utilisés par moment. Yalla !


Je reviens d'un séjour au bled d'un mois en compagnie de ma mère . Là où j'habitais, dans la bit elma, c'est à des toilettes à la turque qu'on avait droit.

N'y allons pas par 4 chemins, je maîtrisais mal la technique pour pisser. Du coup, le jet atteignait à chaque fois mes babouches. Pas grave, je rinçais à l'eau légèrement savonnée. Je me contentais de ça parce que si je nettoyais plus abondamment, je craignais d'avoir à expliquer que je pissais sur mes babouches à tous les coups. Et je voulais pas faire nettoyer de la pisse à ma mère, pourtant la seule à qui j'aurais pu confier l'honteux secret de mes babouches souillées.
Je me disais donc que ce nettoyage de fortune était suffisant, et les semelles étaient impeccables, elles. Au moins, je ne fichais pas des gouttes de pisse partout en marchant.

La maison où j'habitais était nettoyée tous les jours. On y a coutume de laisser les pantoufles et autres sabates à l'entrée des grandes pièces. Une maison propre comme un sou neuf.
Cependant, le dernier jour, une subtile odeur de chiottes incommodait toute la demeure. J'avais du mal à comprendre, et je me pris même à penser qu'une de nos invitées devait dégager des effluves intimes un peu fortes. Je flairai mes pieds, ça sentait pas mauvais. Je n'avais rien à me reprocher, et me demandais si les museaux du reste de la smala détectaient également l'étrange odeur.

Retour du bled. Je vide ma valise, je remets mes babouches. Ici, on a pas coutume de laisser les pantoufles à l'entrée des pièces, on les met partout où on va.
Et là, horreur : l'odeur de chiottes me suivait à chaque pas ! Ce n'était pas possible : mes babouches sentiraient-elles mauvais ?
Je ne pouvais pas y croire, mais il fallait que je vérifie : en faisant bien attention à ce que personne ne me voit, j'approchais mon pif de l'intérieur de la babouche, et me mis à respirer à plein poumons, sûre que j'étais du caractère inoffensif de l'odeur à venir.

Bien sûr, je me trompais : les babouches sentaient une infecte odeur de pisse, empirée par le fait que ça avait, disons-le, été quotidiennement ravivé par mes pipis quotidiens ... En plus, il avait fait très chaud, l'odeur de pisse avait donc été mêlée à une inévitable odeur de pieds ... Pieds que je me lavais pourtant quotidiennement, et plus particulièrement, vous l'aurez deviné, après mes passages aux toilettes.
Pour achever de décrire tous les éléments du litige, il faudrait aussi préciser que le tout avait mijoté pendant un mois.

Dégoûtée, j'ai ôté mes babouches, et je les ai lavées à grande eau, d'une manière que je voulais complète, cette fois-ci : je fis donc mariner 15 bonnes minutes, avant de laisser sécher toute la nuit, discrétement dans ma chambre.
Le lendemain, je flairai l'odeur : l'horreur s'était un peu atténuée, mais elle était maintenant additionnée à une senteur de chien mouillé . Peut-être que la matière de la babouche ne s'accomodait pas très bien avec l'eau.

Je ne savais pas, mais j'ai préféré donner le tout à ma mère, en lui disant: "Mama, mes babouches puent, je sais pas pourquoi!", ce à quoi elle répondit, après avoir vérifié elle-même: "Aaah, mais ça sent le pipi !".
Je fis l'étonnée, et lui laissai foutre le tout à la machine.

Maintenant ça ne pue plus, et moi, je porte désormais de bonnes sandales ouvertes, plus précisément des Crocs, sacrifiant l'esthétisme sur l'autel de la sécurité. A ce jour, je ne sais toujours pas quand est-ce que je serai à nouveau capable de porter des babouches
.


Alors, penserez-vous, pourquoi avoir partagé ce témoignage ? En vérité, nous n'avions pas reçu plus de précisions, mais, supputions-nous, Ghofrane avait sûrement considéré que son histoire, parlait d'elle-même. Pour quelle raison ? C'est ce que nous aurons peut-être l'occasion de voir plus tard, Inch'Allah !


Bslama 3likoum !


 
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