Situation au nord-Mali : Des femmes nordistes en parlent
Malijet
Depuis le début de cette crise malienne, les femmes sont les premières victimes. En effet, à cause de leur statut de mères, dépouses et de surs, ce sont toujours elles qui « ramassent les pots cassés », comme on dit. Comment ont-elles vécu lévénement ? Quel était leur quotidien au Nord ? Cest pour éclairer la lanterne des Maliens que nous avons donc donné la parole à certaines femmes nordistes.
Nourou Cissé, ressortissante de Tombouctou :
Ces rebelles et ces islamistes qui occupent aujourdhui le Nord nont jamais aimé les populations de ces localités, surtout les sonrhaï. Ils le font juste pour leurs affaires personnelles. Ils ont toujours vécu là-bas sans endroit fixe. Auparavant, ils venaient juste pour faire deux à trois jours et continuent leur chemin. Ils naimaient pas travailler, même maintenant. Ils ne font quagresser les gens pour prendre leurs biens. On peut dire que les pauvres nont pas trop de problèmes. Cest quand tu es riche quils tagressent et te dépossèdent de tes biens. Ce qui est déplorable, cest le fait que ce sont certaines personnes même qui vivent parmi les populations qui sont de mèche avec ces bandits. Ce sont elles qui les informent constamment de tous les faits et gestes des paisibles gens. Par ailleurs, les gens se rappellent encore, quand ils sont venus à Tombouctou, au début, quils nont pas pu entrer dans la ville. Ce sont les natifs de la ville qui sont partis les accueillir. Ce qui leur a dailleurs permis de conquérir cette ville. Aujourdhui, les populations du Nord vivent difficilement et dans langoisse, ne sachant pas ce que leur réservent les jours à venir.
-Fatim Touré, Gao :
Je suis à Bamako il y a environ deux mois maintenant. Au moment où je quittais, les populations souffraient beaucoup. Leur quotidien se résumait aux bruits des coups de fusil, du lever au coucher du jour. Cest-à-dire que ce sont les coups de fusil qui nous réveillaient, et la nuit, on narrivait difficilement à dormir à cause des coups de fusil. Les gens ne pouvaient plus faire ce quils veulent : tout est sous contrôle. Ce qui était inquiétant, cest que ces rebelles commençaient à sympathiser avec les populations. Le plus stressant dans tout cela, cest la charia du groupe Ançardine qui obligeait les femmes à couvrir tout leur corps. Jai entendu parler des viols sur les filles et les femmes, mais je nai ni vu ni été victime de ces viols. Cest possible parce quavec ces gens-là, il faut sattendre à tout. Nous avons vraiment vécu des jours très pénibles à Gao. Cétait déplorable ! Il faut être là-bas pour connaître certaines réalités. Ce que les gens disent là-bas, cest pire que tout cela. Toutes les activités sont arrêtées, les gens nont plus de loisirs, cest le stress total. Beaucoup de gens se sont réfugiés ou au Niger, et dautres sont venus à Bamako.
-Adama Touré, femme de caste ressortissante de Tombouctou ;
Les gens souffrent beaucoup à Tombouctou. On narrive même plus à joindre nos parents qui sont là-bas. Chaque jour qui passe apporte son cortège de malheurs. Les populations ne savent plus quoi faire. Chaque jour, nos parents viennent du Nord alors que les choses ne vont pas aussi bien à Bamako. Nous avons quitté le Nord pour venir ici, croyant que cela va améliorer nos conditions. Mais on a été surpris de constater tout ce qui se passe à Bamako.