Mais les évangiles n'ont jamais prétendu être la parole de Dieu : il s'agit de témoignages humains sur des évènements qui, eux, relèvent de la volonté divine révélée. Ils ont donc droit à l'imperfection du détail, tant qu'ils sont cohérents sur l'essentiel. Selon Jean-Christian Petitfils, celle-ci vient d'ailleurs du fait que seul deux rédacteurs sur quatre de l'Evangile ont connu le Christ dans la chair : Saint-Matthieu et Saint-Jean, ce dernier étant le seul dont la présence lors de la Crucifixion est pratiquement assurée.
Est-ce que c'est vraiment important au point de compter les heures ? Si oui, je veux bien chercher des explications sérieuses à ce sujet. Mais l'essentiel consiste pour moi à croire que Jésus est mort sur la Croix, qu'il a été inhumé, est resté dans sa tombe un certain nombre de jours au bout desquels il est finalement ressuscité le 3ème jour (dimanche).
Je suis persuadé que l'on dispose de beaucoup plus de preuves (scientifiques et théologiques) qui parlent en faveur de la Crucifixion que l'inverse.
Quant au Coran, justement : cette affaire me paraît bien être son point faible le plus saillant, à moins que la théorie du faux semblant puisse être lue de manière allégorique, mais il semble que ce n'est pas le cas.
Et maintenant passons à l'Evangile de jean:
la bible de jérusalem nous dit à ce sujet:
[Tous ces textes furent-ils rédigés à la même époque et par la même main ? On en doute beaucoup aujourd’hui. Tel que nous le possédons maintenant, l’évangile de Jean offre en effet nombre de difficultés. Il est impossible de concilier des textes tels que 13 36 et 16 5. La suite normale de 14 31 se lit en 18 1. La demande des frères de Jésus en 7 3-4 suppose que celui-ci n’a accompli encore aucun « signe » à Jérusalem (opposer surtout 2 23 mais aussi 5 1-9). Des fragments tels que 3 31-36 et surtout 1244-50 sont hors de contexte. Le fragment qui se lit en 7 19-24 devrait suivre immédiatement le récit de la guérison du paralytique un jour de sabbat (5 1-16). Tout le chapitre 21 se place curieusement après une conclusion de l’évangile (20 30-31) qui sera reprise en partie en 21 25. En outre, les doublets sont nombreux. Notons en particulier ceux des chapitres 7-8 : les textes de 7 33-36 et de 8 21-22 ne sont que deux développements parallèles d’un thème commun ; et il y a trop de tentatives de faire arrêter Jésus au cours d’une même fête (7 30, 32, 44 ; 8 20, 59).
Il est probable que ces anomalies proviennent de la façon dont l’évangile a été composé et édité : il serait en fait le résultat d’une lente élaboration, comportant des éléments d’époques différentes, des retouches, des additions, des rédactions diverses, d’un même enseignement, le tout ayant été définitivement publié, non par Jean lui-même, mais, après sa mort, par ses disciples (21 14) ; ainsi, dans la trame primitive de l’évangile, ceux-ci auraient inséré des fragments johanniques qu’ils ne voulaient pas laisser perdre et dont la place n’était pas rigoureusement déterminée. – Pour expliquer les anomalies de l’évangile sous sa forme actuelle, d’autres auteurs admettraient plutôt que l’évangéliste aurait utilisé une ou plusieurs sources. Quel que soit le mode d’approche du problème, les commentateurs s’efforcent de reconstituer un « écrit fondamental » réutilisé par l’évangéliste. Il est possible que cet « écrit fondamental » ait été connu aussi de Luc, ce qui expliquerait la parenté, notée depuis longtemps, entre traditions « johanniques » et « lucaniennes » (évangile et Actes), spécialement en ce qui concerne les récits de la Passion et de la résurrection.
Quel est l’auteur du quatrième évangile ? Ou plutôt, quels en sont les auteurs puisque cet évangile s’est probablement formé par étapes successives ? Il est difficile de répondre. Le nom de celui qui effectua l’ultime rédaction nous est inconnu. Il est toutefois possible de préciser sa personnalité : c’était un judéo-chrétien qui s’efforça de rejudaïser l’évangile au moyen de retouches d’amplitude mineure. Celles-ci concernent surtout l’eschatologie, comme l’a bien vu Bultmann.]
La Bible de Jérusalem, les éditions du CERF, édition de poche, 1998, p.1783-1784
Le célèbre savant Raymond E. Brown confirme ceci:
[AUTEUR SELON LA TRADITION (IIè siècle) : A Jean, fils de Zébédée, l’un des Douze.
AUTEUR D’APRES LE CONTENU : Un homme qui se considère comme appartenant à la tradition du « disciple que Jésus aimait ». Si l’on postule un rédacteur après lui, ce dernier peut avoir appartenu à la même tradition. Il est possible qu’il y ait eu une école d’écrivains johanniques.
LIEU DE REDACTION : Traditionnellement et vraisemblablement la région d’Ephèse, mais certains optent pour la Syrie.
UNITE : Pour certains, des sources (collection de « signes » ; collection de discours ; récit de passion) ont été combinées ; d’autres pensent à un processus de plusieurs « éditions ». En tout cas, le corps de l’évangile fut vraisemblablement achevé par un écrivain, et un rédacteur y fit ensuite des additions (chapitre 21 ; peut-être 1, 1-18) ; mais aucun texte de l’évangile n’a été conservé sans ces « additions ».
INTEGRITE : L’Histoire de la femme adultère (7,53 – 8,11) est une insertion qui manque dans beaucoup de manuscrits.]
Raymond E. Brown, Que Sait-on du Nouveau Testament, éditions Bayard, 2000, p.377
Et du coté protestant on lit:
[La critique textuelle révèle que 5,3b-4 et 7,53-8,11(épisode de la femme adultère) constituent des séquences qui sont venues se greffer postérieurement sur le texte de Jn. Ces deux séquences ne font donc pas partie de l’œuvre sous sa forme primitive, mais ressortissent à l’histoire de sa réception. [...]
L’évangile ne semble pas avoir été composé en une seule fois, mais avoir fait l’objet de plusieurs rédactions. Quatre observations viennent à l’appui de cette hypothèse.
1- Les deux conclusions de l’évangile. L’évangile ne comporte pas une, mais deux conclusions. La première en 20,30-31 est la conclusion initiale de l’œuvre, tandis que la seconde en 21,25 constitue le dernier mot de l’épilogue (chapitre 21). Or la voix qui s’exprime en 21,24 se distingue explicitement de l’auteur de l’évangile lui-même. [...]
2- Les gloses. Le phénomène de double rédaction est étayé par l’existence de toute une série de gloses secondaires dans le texte de l’évangile. [...]
3- Les adjonctions secondaires dans le récit. Parfois, quelques mots ont été insérés - sans autre indication - dans le récit initial pour en recadrer le propos théologique.
4- Les morceaux ajoutés. A la fin de certaines séquences, des morceaux ont été secondairement ajoutés qui interrompent, voire retardent le déroulement de la narration [...]]
Sous la direction de Daniel Marguerat, Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, éditions Labor et Fides, 2008, 4ème édition revue et augmentée, p.372-373
Donc il est COMPLETEMENT FAUX de dire que Mathieu et jean étaient des témoins oculaires, les célèbres savants chrétiens que j'ai cité sont du même point de vue que le mien.