En France, les élèves apprennent l'arabe par cohérence identitaire et ambition professionnelle. Reportage dans un lycée marseillais (morceaux choisis).
A Montgrand, sur les 108 élèves qui ont choisi d'apprendre cette langue, deux seulement ne sont pas d'origine arabe.
C'est l'heure du repas. Attablée devant son plateau de cantine, l'adolescente remuante plaisante avec sa copine Berthe, d'origine tunisienne. Entre deux éclats de rire, elles rivalisent d'anecdotes sur le « bled », où on se rend l'été, où on ne parle qu'arabe.
Pour Zina Chamla, leur professeure, ce n'est pas tant la langue qui intéresse ses élèves, mais l'univers qu'elle évoque. C'est un prisme par lequel les lycéens approfondissent leur connaissance du monde arabe.
Quand elle fait travailler ses élèves sur le cinéma arabe, la classe réagit. Noureddine prend la parole :
L'occasion pour la prof de présenter Youssef Chahine, acteur égyptien chrétien, qui a joué des scènes osées. Cette découverte est une nécessité pour la professeure :
« C'est normal de mettre les jeunes en contact avec leur langue et leur culture, ça les aide à se positionner dans la société, car ils progressent dans leur quête d'identité. »
Comme les trois-quarts de la classe, Diana ne compte pas persévérer à la rentrée prochaine :
L'arabe est donc aussi une stratégie. Certains le choisissent pour intégrer un bon lycée, d'autres pour ajouter quelques points à leur moyenne générale. Seulement 5% environ des lycéens qui étudient l'arabe n'ont pas un lien familial avec cette aire culturelle.
Dans un coin de la salle, un groupe de jeunes filles se maquillent. Un autre écoute le Coran sur un lecteur MP3.
Il y a une raison à cela : parmi les arabisants de Montgrand, beaucoup tournent la tête vers l'est : leur Graal, ce n'est ni la France ni les Etats-Unis, c'est le Golfe persique.
http://www.rue89.com/2011/03/09/ils-etudient-larabe-au-lycee-et-revent-de-partir-a-dubai-192295
A Montgrand, sur les 108 élèves qui ont choisi d'apprendre cette langue, deux seulement ne sont pas d'origine arabe.
« Mes parents savent lire et parler l'arabe, j'avais donc envie d'apprendre. C'est un peu pour eux que je le fais. Mais c'est aussi pour moi, ils ne m'ont jamais obligée. »
« Les garçons allaient au lycée Thiers, à deux pas d'ici, les filles à Montgrand », se souvient Zina Chamla, elle-même ancienne élève. Les commerçants bourgeois du quartier, qui disposaient de comptoirs dans les colonies du Maghreb, y envoyaient leurs enfants. A présent, il est le lycée que les immigrés en provenance d'Afrique du Nord souhaitent intégrer en priorité.
C'est l'heure du repas. Attablée devant son plateau de cantine, l'adolescente remuante plaisante avec sa copine Berthe, d'origine tunisienne. Entre deux éclats de rire, elles rivalisent d'anecdotes sur le « bled », où on se rend l'été, où on ne parle qu'arabe.
Pour Zina Chamla, leur professeure, ce n'est pas tant la langue qui intéresse ses élèves, mais l'univers qu'elle évoque. C'est un prisme par lequel les lycéens approfondissent leur connaissance du monde arabe.
Quand elle fait travailler ses élèves sur le cinéma arabe, la classe réagit. Noureddine prend la parole :
« En Algérie, à la télévision, les scènes d'amour sont souvent proscrites. »
L'occasion pour la prof de présenter Youssef Chahine, acteur égyptien chrétien, qui a joué des scènes osées. Cette découverte est une nécessité pour la professeure :
« C'est normal de mettre les jeunes en contact avec leur langue et leur culture, ça les aide à se positionner dans la société, car ils progressent dans leur quête d'identité. »
« Mon lycée de secteur n'a pas de bons résultats. Pour être acceptée à Montgrand, je devais choisir entre le portugais, l'allemand et l'arabe. Tous mes copains sont arabes, j'ai donc opté pour cette langue. »
Comme les trois-quarts de la classe, Diana ne compte pas persévérer à la rentrée prochaine :
« C'était juste pour entrer au lycée. C'est très dur, je préfère me concentrer sur les autres matières. »
L'arabe est donc aussi une stratégie. Certains le choisissent pour intégrer un bon lycée, d'autres pour ajouter quelques points à leur moyenne générale. Seulement 5% environ des lycéens qui étudient l'arabe n'ont pas un lien familial avec cette aire culturelle.
Dans un coin de la salle, un groupe de jeunes filles se maquillent. Un autre écoute le Coran sur un lecteur MP3.
« C'est aussi pour pouvoir comprendre le Coran que je souhaitais apprendre l'arabe littéraire. Toute notre religion [l'islam, ndlr] est basée sur ce texte, c'est grave qu'un musulman ne puisse pas déchiffrer ce qui est écrit dans ce livre. »
« J'ai choisi l'arabe en LV2 car j'avais peur d'oublier ma langue. Mais c'est forcément un plus sur un CV. L'arabe, c'est une richesse, un trésor pour moi. »
Il y a une raison à cela : parmi les arabisants de Montgrand, beaucoup tournent la tête vers l'est : leur Graal, ce n'est ni la France ni les Etats-Unis, c'est le Golfe persique.
http://www.rue89.com/2011/03/09/ils-etudient-larabe-au-lycee-et-revent-de-partir-a-dubai-192295