Suite de la réponse:
On ne peut pas considérer qu'une chose est d'essence divine et considérer qu'elle n'est plus valable comme tu le fait.
A nouveau, la parole du Coran est celle de Dieu, pas de débat là-dessus. Mais je te répète que dans toute parole on trouve le fond et la forme, le temporel et l’intemporel, le moyen et la fin recherchée. Tu associes les deux en figeant une forme donnée à toute mise en œuvre ultérieure du principe qu’elle représente à une époque précise. Les valeurs du Coran sont divines mais le Coran est adressé à une société tribale, polythéiste, primitive, clanique, désorganisée du 7ème siècle. Prendre en compte chacun de ces éléments dans l’étude du texte est une nécessité absolue. Ne pas le faire reviendrait à considérer que les propos que tu tiens à un enfant de 10 ans dans un contexte donné restent valables pour toute sa vie dans les mêmes termes. Si tu y réfléchis deux secondes, tu t'apercevras par toi-même que cela n’est pas concevable.
Ce qui ressort de tes propos c'est qu'il faudrait à chaque époque un nouveau livre qui correspondrait aux "évolutions" (régressions pour d'autres) des mœurs.
Non. Encore le même amalgame entre fond et forme

. Il ne faut pas un nouveau livre, il faut une exégèse qui comprenne l’intemporalité du texte au niveau des valeurs qu’il véhicule, et trouve à les appliquer dans un contexte en perpétuelle mutation. Je te cite Farid Esack, musulman sud-africain:
« Comprendre le Coran dans son contexte, c’est plutôt comprendre sa signification révélée dans un contexte passé spécifique, pour être ensuite capable de la contextualiser en fonction de la réalité contemporaine »
Couper la main, fouetter, …., étaient des pratiques relatives au contexte de l'auditoire auquel Dieu s'est adressé, celui de l’Arabie du 7ème siècle. Ils ne font plus partie du paysage des mœurs d’aujourd’hui. Contextualiser, c’est dès lors appliquer des formes de mise en œuvres des principes recherchés, par des moyens adaptés à chaque époque. Et non pas changer de livre. Dieu nous a dotés d’une raison et d’une intelligence, il nous demande de nous en servir aussi

.
Crois moi, je suis (et Naveen aussi) très moderne et à 100% pour les progrès qui rendront service aux Hommes. Mais je reste convaincue qu'il faut, pour ne pas se perdre, rester attaché à des lois qui vont jeter les bases d'une société saine. Pour éduquer l'Homme, il faut aussi savoir le menacer et le punir quand il le faut mais aussi lui permettre de se repentir et de lui accorder le pardon (le pardon est beaucoup plus prôné que le châtiment dans le Coran...mais ça tu n'en parles pas).
Bien entendu il faut des lois. Adapter leur forme ne signifie pas y renoncer. Mais la manière de les appliquer n’est jamais figée. Faire preuve de pardon est évidemment essentiel. Le faire ne change rien au fait que la punition, quand elle a lieu d’être, se doit d’être cohérente avec les mœurs. L’homme se civilise, évolue. On ne règle plus ses conflits sous la même forme qu’aux temps anciens, la société s’est dotée de règles morales et d’institutions de plus en plus complexes qui offrent d’autres moyens que la barbarie pour rendre la justice.
Si le Coran était appliqué à la lettre, on vivrait dans une société presque parfaite (presque, l'Homme fait inévitablement des erreurs). Certaines sociétés musulmanes, dont le système juridique est basé sur ce genre de lois que tu trouves dépassées s'en sortent plutôt bien (je pense à la Malaisie par exemple...)
Prends la peine de regarder dans tous les pays qui essaient de faire ce que tu avances, dis-moi si les gens y sont épanouis, libres, si la presse est libre, si les femmes y sont épanouies, si la censure n’existe pas, si les arts y sont valorisés, si la liberté de conscience existe, y compris religieuse. Tous ces fléaux naissent d’une interprétation littéraliste et figée des textes coraniques qui veulent encore appliquer un moule social du 7ème siècle à un environnement contemporain, infiniment plus complexe que la société de Médine. C’est une erreur dramatique de considérer l’exégèse comme figée alors que le propre de tout être humain est d’évoluer, dans un impératif bien sûr de fidélité à ses valeurs morales intemporelles.
Salam