Jean Daniel, le fondateur du "Nouvel Observateur", est mort à 99 ans

Drianke

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« L’Obs » a l’immense tristesse d’apprendre la mort de son fondateur et éditorialiste Jean Daniel. Il est décédé mercredi soir à l’âge de 99 ans après une longue vie de passion, d’engagement et de création, saluée notamment par François Hollande, alors président de la République, à l'occasion de la remise des insignes de grand croix de l'ordre du mérite en février 2017. Il fut à la fois un témoin, un acteur et une conscience de ce monde.

La rédaction de « l’Obs » tient à lui exprimer sa profonde admiration, sa sincère reconnaissance et son fidèle souvenir. Elle s’associe à la peine de sa famille et de ses amis.


 

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RIP Jean-Daniel.

On se rapellera de l'interview presque complaisante qu'il donna au Roi Hassan 2 lors de l'émission l'Heure de Vérité.

Une petite vidéo :

 

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Jean Daniel en 9 dates
1920 :
Naissance à Blida, en Algérie.
1942 : Participe à la libération d'Alger. Puis s'engage dans la division Leclerc.
1946 : Attaché à la présidence du Conseil des ministres, auprès de Félix Gouin.
1954 : Entre à l'Express.
1964 : Fonde le Nouvel Observateur.
1991 : Les Religions d'un Président (Grasset).
1996 : Dieu est-il fanatique?, essai sur «une religieuse incapacité de croire», (Arléa).
1998 : Avec le temps, carnets 1970-1998 (Grasset).
2000 : Soleil d'hiver, carnets 1998-2000.
 

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Eugenio Scalfari sur Jean Daniel : «Pour comprendre son héritage, il faut relire ses articles»

Fondateur de «l’Espresso» et «la Repubblica», l'Italien Eugenio Scalfari a partagé pendant près de soixante-dix ans la même passion journalistique et politique que son ami mort mercredi.


Fondateur de l’hebdomadaire l’Espresso et du grand progressiste italien la Repubblica, Eugenio Scalfari a partagé pendant près de soixante-dix ans la même passion journalistique et politique que son ami Jean Daniel.

A LIRE AUSSIJean Daniel, l’âme d’un observateur
«J’ai connu Jean Daniel en Algérie dans les années 50 au cours d’un reportage. Il s’était blessé accidentellement et avec quelques amis, nous l’avions emmené à l’hôpital. De cette époque est née une amitié fraternelle. Je le voyais régulièrement quand il était à Paris. Je me souviens en particulier quand il a décidé de convaincre Claude Perdriel à racheter l’Observateur où lorsqu’il organisa une soirée avec Albert Camus. Nos liens étaient étroits et il voulait en partie s’inspirer de l’expérience de l’Espresso, l’hebdomadaire que j’avais fondé quelques années auparavant. La ligne que nous partagions et qui a été celle de toute notre vie c’est celle d’une gauche libérale et socialiste. Politiquement, nous avons toujours été d’accord et nous étions régulièrement en contact. Nous nous voyions notamment dans sa maison de vacances près de Rome ou à Paris. Il se fiait à mes analyses sur la situation italienne et moi je partageais les siennes sur la France. Il était en particulier très curieux de suivre la transformation du Parti communiste d’Enrico Berlinguer.


«J’ai organisé une rencontre entre les deux. Jean était passionné par l’évolution du PCI qui avait rompu avec Moscou et qui de facto était devenu un parti socialiste. Dans les années 80, nous avions imaginé de lancer ensemble un journal européen. La Repubblica devait apporter une partie des capitaux avec El Pais et The Independent. Le quotidien que Jean aurait dirigé devait s’appeler «La République européenne». Malheureusement, le projet n’a pas abouti, notamment parce qu’en Italie nous avons dû défendre la Repubblica des attaques [de Silvio Berlusconi, ndlr]. Mais malgré l’échec du projet, nous sommes toujours restés extrêmement proches. L’an dernier, je l’ai appelé pour son anniversaire mais il ne pouvait plus parler. Malgré tout, il voulait prolonger nos conversations. Il faisait des gestes pour s’exprimer et sa femme me les traduisait. Pour comprendre l’héritage de Jean Daniel, il faut relire ses articles, clairvoyants. Les articles d’un homme de la gauche démocratique.» ....................

https://www.liberation.fr/planete/2...-heritage-il-faut-relire-ses-articles_1779035
 

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Ce jeudi, Sébastien Krebs reçoit Claude Prediel, co-fondateur du journal "Le Nouvel Observateur", appelé aujourd'hui "L'Obs". Il vient rendre hommage à son ami, son "frère", son collègue Jean Daniel, avec qui il a fondé le média ouvert à « toutes les gauches » en 1964.

 

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DANIEL Jean [BENSAÏD Jean, Daniel, dit]

Né le 21 juillet 1920 à Blida (Algérie), mort le 19 février 2020 ; licencié de philosophie ; journaliste, essayiste ; animateur de la revue Caliban (1947-1951), membre de la rédaction de L’Express (1954-1964) ; acteur du mouvement anticolonial ; fondateur et directeur du Nouvel Observateur à partir de 1964.

Jean Bensaïd naquit le onzième enfant dans une famille de juifs sépharades d’Algérie, naturalisés français par le décret Crémieux. Jules Bensaïd, son père, travaillait dans la minoterie familiale, avant d’épouser Rachel Bensimon en 1894 et de monter son propre commerce de grains à Blida, dans la Mitidja, non loin d’Alger. La famille Bensaïd était alors en voie d’ascension sociale, ascension qui allait de pair avec une volonté de francisation, portée en particulier par les aînés de Jean, comme sa sœur Mathilde qui l’initia à Stendhal et fréquenta l’élite coloniale algéroise.

L’adolescent fit ses études au collège colonial de Blida ; il lut Romain Rolland, André Gide, tout en se passionnant pour les expériences culturelles liées au Front Populaire, ainsi celle de l’hebdomadaire Vendredi. La guerre et la défaite le surprirent alors qu’il entamait sa licence de philosophie à la faculté d’Alger. Atteint par les mesures anti-juives adoptées par le régime de Vichy, notamment l’abrogation du décret Crémieux, le 7 octobre 1940, il fut amené à la Résistance dans le contexte de l’Afrique du Nord et dans le cadre gaulliste. Modeste acteur du « coup d’Alger », soulèvement qui avait pour but de faciliter le débarquement des Alliés en novembre 1942, il s’engagea au printemps 1943 dans les Forces françaises libres au sein de la Deuxième division blindée du général Leclerc.

Démobilisé en 1945, il s’installa à Paris et entra pour quelques mois (février-juin 1946) dans le cabinet du socialiste Félix Gouin*, dont il fut chargé de rédiger les discours. Si ce bref passage dans les coulisses du pouvoir n’eut guère de suites, celui qu’il effectua dans les rangs de la revue Caliban, entre 1947 et 1951, se révéla plus fécond. Jean Bensaïd, qui adopta alors le pseudonyme de Jean Daniel, s’intégra rapidement à ce mensuel, fondé en février 1947 par une petite équipe de résistants (Pierre de Vomécourt, Paul-Léon Pierrat) et animé par Daniel Bernstein.

Rédacteur en chef, puis directeur de la publication à partir de 1949, il eut alors toute latitude pour composer les sommaires d’une revue, visant, dans le droit fil des ambitions de la Libération, une certaine démocratisation culturelle. Caliban lui offrit la possibilité de pénétrer certains milieux intellectuels, proches de la gauche non communiste, sensibles aux premiers balbutiements de l’engagement anti-colonial ; elle lui permit surtout, à l’automne 1947, de se lier d’amitié avec Albert Camus*. Leur commune origine méditerranéenne ne fut pas seule en cause : Jean Daniel nourrissait dès 1945 une grande admiration pour un Camus philosophe, dramaturge, romancier et adepte d’un « journalisme critique » auquel le jeune directeur de Caliban se montra par la suite constamment sensible.

Sans soutien assuré, la revue, chroniquement déficitaire, cessa de paraître à la fin de l’année 1951. Cette expérience inaboutie, conjuguée à d’autres déconvenues, en particulier le semi-échec de son premier roman, L’Erreur (1953), conduisit Jean Daniel à opter pour le journalisme. Engagé en 1952 à la Société générale de presse, il se forgea une compétence professionnelle dans cette agence dirigée par Paul-Louis Bret, tournée vers la publication d’annonces administratives et de bulletins hebdomadaires. C’est dans ce cadre qu’il se spécialisa dans la couverture de l’outre-mer et bientôt de la question coloniale. Membre en 1953 du comité France-Maghreb, il apprit alors à connaître le monde arabe et des mouvements indépendantistes avec lesquels il n’avait eu jusque-là guère de contacts. Cet engagement et cette compétence, doublés d’une connaissance intime du terrain, le firent approcher par L’Express. Il écrivit pour l’hebdomadaire son premier article sur l’Algérie en guerre, quelques jours à peine après le déclenchement de l’insurrection, le 6 novembre 1954.

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https://maitron.fr/spip.php?article21395
 

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Déjà il y a 50 ans, Jean Daniel interpellait Pompidou sur les violences policières

Décédé ce mercredi à 99 ans, le journaliste alertait en 1970 sur la répression policière en pleine conférence de presse à l'Élysée.

Vidéo dans le lien

POLITIQUE - Bien avant le journaliste David Dusfresne et son désormais célèbre “Allo place Beauvau” sur Twitter, un autre journaliste signalait lui aussi les violences policières. Décédé mercredi 19 février, celui qui a co-fondé le Nouvel Observateur en 1964 avec Claude Perdriel avait alerté Georges Pompidou à ce sujet, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

Pour sa troisième conférence de presse en tant que président de la République, George Pompidou avait été questionné pendant près d’1h30 le 2 juillet 1970. Parmi les journalistes présents à l’Élysée ce jour-là, Jean Daniel. Ce dernier mit Pompidou dans l’embarras avec cette question piquante.

“Monsieur le Président, je voudrais vous demander quelle est votre réaction quand vous voyez chaque jour dans les journaux non subversifs, voire gouvernementaux, la liste de ce que les nécessités dites du maintien de l’ordre conduisent à des répressions, des détentions, des mauvais traitements au détriment de citoyens innocents.”

L’embarras de Pompidou

S’ensuit un silence interminable d’une dizaine de secondes. Georges Pompidou répond finalement, gêné: “Tout dépend de la conception que l’on a de l’innocence. Je ne crois franchement pas que nos prisons soient pleines d’innocents. ‘La liberté qui capitule et le pouvoir qui se dégrade n’obtient point merci de ses ennemis’. C’est Chateaubriand qui l’a dit.”

Cette question de Jean Daniel faisait référence aux répressions des mouvements post-68 et à la politique du ministre de l’Intérieur de l’époque Raymond Marcellin. De 1968 à 1974, celui qui est surnommé “Raymond la matraque” met tout en œuvre pour réprimer les actions des groupes d’extrême gauche. Il dissout la ”Gauche prolétarienne”, une organisation classée généralement dans le courant maoïste, puis s’en prend au journal d’extrême gauche La Cause du Peuple. Les tirages sont saisis dès leur publication par décret du ministre de l’Intérieur.

Convaincu, de faire face à un complot mêlant Cuba, les pays de l’Est et les organisations d’extrême gauche, le ministre ira même jusqu’à arrêter ceux qui distribuaient La Cause du Peuple, dont Jean-Paul Sartre en personne, comme vous pouvez le revoir ci-dessous.

 
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