Seul film marocain en compétition officielle à Marrakech, «LAmante du Rif» de Narjiss Nejjar amoncelle les lieux communs, offrant au festivalier le spectacle dun Maroc caricatural.
«Nous autres créateurs sommes tous en quête du Graal, cette fraction de seconde où lon croit avoir dit lessentiel. Jen suis loin, car pas encore totalement débarrassée du futile», confiait, la semaine dernière, une Narjiss Nejjar lucide à nos confrères de TelQuel. La réalisatrice a raison de se draper dhumilité : son quatrième long-métrage, LAmante du Rif, en compétition officielle et projeté en ouverture du Festival international du film de Marrakech, déploie des ficelles grosses comme des cordes damarrage.
Synthétisons : Aya, sublime rifaine à limmense et folle crinière, attifée comme pour aller se pavaner dans le restaurant-pub casablancais le plus «mas-tu vu» du moment, promène sa «rebelle attitude» et ses épaules dorées dans les ruelles de son village, et croise parfois une femme en burqa, qui, dun noir regard, lui signifie son plus lourd mépris. Une séquence qui résume à peu près tout le film : la tradition castratrice face à la modernité brimée, la soif de liberté et le puritanisme qui se toisent hostilement, qui croisent le fer dans une absence confondante de nuances.
De la virginité taboue à la reconstitution de lhymen, du mariage-arrangé-avec-le-cousin à lhistoire damour tonitruante avec le baron de la drogue, en passant par la prostitution de lhéroïne (dont le proxénète, ici, nest autre que le grand frère), et le viol en prison, Narjiss Nejjar ne nous accorde pas une fraction de seconde de répit, dans ce réquisitoire délirant de 95 minutes contre tous les maux du Maroc réunis. Tous sauf limmigration illégale, on se demande comment un tel sujet a pu échapper à la caméra folklorique et fourre-tout de la réalisatrice.
Rendons-lui grâce, cependant, pour une chose : Narjiss Nejjar sest, pour ce film, entourée dune brochette dacteurs plus talentueux les uns que les autres. Une Nadia Kounda prometteuse campe le rôle dAya, Fehd Benchemsi, le monstrueux grand frère est bluffant, enfin Raouia, la «diva» de la prison, porte superbement son surnom. Merci à eux, donc, de nous avoir rendu LAmante du Rif «presque» supportable.
La Vie Eco
«Nous autres créateurs sommes tous en quête du Graal, cette fraction de seconde où lon croit avoir dit lessentiel. Jen suis loin, car pas encore totalement débarrassée du futile», confiait, la semaine dernière, une Narjiss Nejjar lucide à nos confrères de TelQuel. La réalisatrice a raison de se draper dhumilité : son quatrième long-métrage, LAmante du Rif, en compétition officielle et projeté en ouverture du Festival international du film de Marrakech, déploie des ficelles grosses comme des cordes damarrage.
Synthétisons : Aya, sublime rifaine à limmense et folle crinière, attifée comme pour aller se pavaner dans le restaurant-pub casablancais le plus «mas-tu vu» du moment, promène sa «rebelle attitude» et ses épaules dorées dans les ruelles de son village, et croise parfois une femme en burqa, qui, dun noir regard, lui signifie son plus lourd mépris. Une séquence qui résume à peu près tout le film : la tradition castratrice face à la modernité brimée, la soif de liberté et le puritanisme qui se toisent hostilement, qui croisent le fer dans une absence confondante de nuances.
De la virginité taboue à la reconstitution de lhymen, du mariage-arrangé-avec-le-cousin à lhistoire damour tonitruante avec le baron de la drogue, en passant par la prostitution de lhéroïne (dont le proxénète, ici, nest autre que le grand frère), et le viol en prison, Narjiss Nejjar ne nous accorde pas une fraction de seconde de répit, dans ce réquisitoire délirant de 95 minutes contre tous les maux du Maroc réunis. Tous sauf limmigration illégale, on se demande comment un tel sujet a pu échapper à la caméra folklorique et fourre-tout de la réalisatrice.
Rendons-lui grâce, cependant, pour une chose : Narjiss Nejjar sest, pour ce film, entourée dune brochette dacteurs plus talentueux les uns que les autres. Une Nadia Kounda prometteuse campe le rôle dAya, Fehd Benchemsi, le monstrueux grand frère est bluffant, enfin Raouia, la «diva» de la prison, porte superbement son surnom. Merci à eux, donc, de nous avoir rendu LAmante du Rif «presque» supportable.
La Vie Eco