LInstance Centrale pour la Prévention de la Corruption (ICPC) a tenu récemment la première session de son Assemblée Générale. Retour sur les grandes lignes de son plan daction pour cette année. avec Abdesselam Aboudrar, président de l'ICPC.
LInstance Centrale pour la Prévention de la Corruption a tenu récemment sa première session de l'Assemblée Générale, quels sont les objectifs de lInstance pour cette année ?
La finalisation de la stratégie est en cours mais globalement, je peux dire que nous mettrons deux fers au feu. Premièrement lancer dores et déjà les éléments de la stratégie à long terme quon peut résumer par la mise en place dun véritable système national dintégrité englobant à la fois des réformes de base majeures (justice, administration, environnement économique, arsenal juridique ) et des plans dactions engageant chacun des acteurs piliers de ce système (gouvernement, parlement, instances de contrôles, secteur privé, médias, société civile ). et puis entamer dans limmédiat avec les départements concernés des actions à court terme touchant à des secteurs sensibles pour la vie quotidienne des gens en termes de santé, circulation, transports, marchés publics, services publics...
Ce faisant, nous nous attellerons à deux tâches majeures qui sont les nôtres : linformation, la formation, la sensibilisation et la communication dune part, le recueil et le traitement des témoignages, des informations et la mise en place dune base de données sur le phénomène dautre part.
Qui sont les premiers partenaires avec qui vous envisagez de mener le combat de lutte contre la corruption ?
Vous faites bien de poser cette question, cela me permet de préciser de nouveau que lICPC ne peut agir quen partenariat, son rôle étant dimpulser, dassister, de coordonner, de superviser, suivre et évaluer laction des principaux acteurs en la matière que sont le secteur public, le secteur privé, et la société civile.
Nous démarrons avec ceux des partenaires qui ont déjà une vision, une approche voire un plan daction en la matière et ceux agissant dans des secteurs très sensibles pour la population et donc nécessitant un traitement durgence.
Quelles sont, selon vous, les décisions immédiates qui doivent être prises dans le cadre de la lutte contre la corruption ?
Il y en a beaucoup mais, au risque dêtre partiel donc partial je citerais : la promulgation des textes dapplication sur la déclaration du patrimoine, labolition ou la réglementation stricte de certains monopoles injustifiés (comme certains agréments), la simplification des procédures dans ladministration, la révision des textes sur les marchés publics, ladoption dune loi sur le droit daccès à linformation, la législation sur la protection des victimes et des témoins de la corruption, entre autres.
Quel sont les obstacles susceptibles dentraver le travail de lInstance ?
Le premier obstacle majeur à vaincre est le scepticisme ambiant pour ne pas dire le désabusement. Le mal ayant trop perduré et trop proliféré les gens font avec et finissent par croire quil ny a rien à y faire. Face à cela, il faut :
1- Communiquer, faire uvre de pédagogie et se prévaloir dexpériences réussies sous dautres cieux (lAsie ou lAmérique latine) où la corruption nen était pas moins endémique.
2- Lancer des actions dont le bénéfice peut être escompté à court ou moyen terme de sorte à crédibiliser la démarche du changement en démontrant quil est possible de faire reculer le fléau dans un horizon visible.
Lautre obstacle est le caractère endémique de la corruption qui rend très large le front de laction pour lendiguer. Doù la nécessité, tout en ayant une vision plus large, de se focaliser sur quelques cibles majeures. Last but not least, comme dans toute entreprise de changement, il y aura de la résistance. Il sagit donc dans chaque secteur de bâtir les plus larges coalitions anti-corruption, cest-à-dire de renforcer les rangs des agents qui ont intérêt à ce que cela cesse. Et pour avoir eu une longue expérience dans la société civile je sais quil nen manque pas dans tous les milieux et ils ne demandent quà être convaincus et mobilisés pour peu quon leur propose une vision et une stratégie claires.
Dans un pays où la corruption est enracinée dans les mentalités, en ajoutant des facteurs comme lanalphabétisme, quels sont les chemins possibles de sensibilisation de la population marocaine aux dangers de ce fléau quest la corruption ?
Cest moins lanalphabétisme que lancrage de certaines pratiques dans la culture qui est à incriminer : nos parents et leurs parents étaient largement analphabètes mais dans leur grande majorité sourcilleux quant aux valeurs dintégrité, de droiture et de respect du droit dautrui. Ensuite les choses se sont gâtées avec la prééminence de lindividualisme et de lâpreté au gain. Il faut donc reprendre à la base le travail déducation, dinformation et de sensibilisation. La corruption est un crime et doit être considérée comme telle. Ce nest pas le bon moyen pour régler les problèmes parce que cela conduit à léser le droit dautres citoyens et cela se fait au détriment du bien public. Multipliés, les actes de corruption sapent le lien social, déstabilisent léconomie et minent la justice sociale. La communication doit veiller à démontrer cela constamment et par exemple, de même quelle doit a contrario montrer les bonnes pratiques et surtout faire prévaloir lidée que la solution de nos maux ne réside pas dans un sauve-qui-peut individualiste mais dans lengagement dans des réformes concertées.
Beaucoup de pays qui nous ont précédés dans cette démarche (en Asie notamment) ont élaboré des modes de communication et de sensibilisation imaginatifs usant de tous les médias modernes (TV, internet, GSM ) et lançant des campagnes déducation à tous les niveaux. Nous avons lintention de nous en inspirer tout en apportant notre propre génie créatif.
LInstance Centrale pour la Prévention de la Corruption a tenu récemment sa première session de l'Assemblée Générale, quels sont les objectifs de lInstance pour cette année ?
La finalisation de la stratégie est en cours mais globalement, je peux dire que nous mettrons deux fers au feu. Premièrement lancer dores et déjà les éléments de la stratégie à long terme quon peut résumer par la mise en place dun véritable système national dintégrité englobant à la fois des réformes de base majeures (justice, administration, environnement économique, arsenal juridique ) et des plans dactions engageant chacun des acteurs piliers de ce système (gouvernement, parlement, instances de contrôles, secteur privé, médias, société civile ). et puis entamer dans limmédiat avec les départements concernés des actions à court terme touchant à des secteurs sensibles pour la vie quotidienne des gens en termes de santé, circulation, transports, marchés publics, services publics...
Ce faisant, nous nous attellerons à deux tâches majeures qui sont les nôtres : linformation, la formation, la sensibilisation et la communication dune part, le recueil et le traitement des témoignages, des informations et la mise en place dune base de données sur le phénomène dautre part.
Qui sont les premiers partenaires avec qui vous envisagez de mener le combat de lutte contre la corruption ?
Vous faites bien de poser cette question, cela me permet de préciser de nouveau que lICPC ne peut agir quen partenariat, son rôle étant dimpulser, dassister, de coordonner, de superviser, suivre et évaluer laction des principaux acteurs en la matière que sont le secteur public, le secteur privé, et la société civile.
Nous démarrons avec ceux des partenaires qui ont déjà une vision, une approche voire un plan daction en la matière et ceux agissant dans des secteurs très sensibles pour la population et donc nécessitant un traitement durgence.
Quelles sont, selon vous, les décisions immédiates qui doivent être prises dans le cadre de la lutte contre la corruption ?
Il y en a beaucoup mais, au risque dêtre partiel donc partial je citerais : la promulgation des textes dapplication sur la déclaration du patrimoine, labolition ou la réglementation stricte de certains monopoles injustifiés (comme certains agréments), la simplification des procédures dans ladministration, la révision des textes sur les marchés publics, ladoption dune loi sur le droit daccès à linformation, la législation sur la protection des victimes et des témoins de la corruption, entre autres.
Quel sont les obstacles susceptibles dentraver le travail de lInstance ?
Le premier obstacle majeur à vaincre est le scepticisme ambiant pour ne pas dire le désabusement. Le mal ayant trop perduré et trop proliféré les gens font avec et finissent par croire quil ny a rien à y faire. Face à cela, il faut :
1- Communiquer, faire uvre de pédagogie et se prévaloir dexpériences réussies sous dautres cieux (lAsie ou lAmérique latine) où la corruption nen était pas moins endémique.
2- Lancer des actions dont le bénéfice peut être escompté à court ou moyen terme de sorte à crédibiliser la démarche du changement en démontrant quil est possible de faire reculer le fléau dans un horizon visible.
Lautre obstacle est le caractère endémique de la corruption qui rend très large le front de laction pour lendiguer. Doù la nécessité, tout en ayant une vision plus large, de se focaliser sur quelques cibles majeures. Last but not least, comme dans toute entreprise de changement, il y aura de la résistance. Il sagit donc dans chaque secteur de bâtir les plus larges coalitions anti-corruption, cest-à-dire de renforcer les rangs des agents qui ont intérêt à ce que cela cesse. Et pour avoir eu une longue expérience dans la société civile je sais quil nen manque pas dans tous les milieux et ils ne demandent quà être convaincus et mobilisés pour peu quon leur propose une vision et une stratégie claires.
Dans un pays où la corruption est enracinée dans les mentalités, en ajoutant des facteurs comme lanalphabétisme, quels sont les chemins possibles de sensibilisation de la population marocaine aux dangers de ce fléau quest la corruption ?
Cest moins lanalphabétisme que lancrage de certaines pratiques dans la culture qui est à incriminer : nos parents et leurs parents étaient largement analphabètes mais dans leur grande majorité sourcilleux quant aux valeurs dintégrité, de droiture et de respect du droit dautrui. Ensuite les choses se sont gâtées avec la prééminence de lindividualisme et de lâpreté au gain. Il faut donc reprendre à la base le travail déducation, dinformation et de sensibilisation. La corruption est un crime et doit être considérée comme telle. Ce nest pas le bon moyen pour régler les problèmes parce que cela conduit à léser le droit dautres citoyens et cela se fait au détriment du bien public. Multipliés, les actes de corruption sapent le lien social, déstabilisent léconomie et minent la justice sociale. La communication doit veiller à démontrer cela constamment et par exemple, de même quelle doit a contrario montrer les bonnes pratiques et surtout faire prévaloir lidée que la solution de nos maux ne réside pas dans un sauve-qui-peut individualiste mais dans lengagement dans des réformes concertées.
Beaucoup de pays qui nous ont précédés dans cette démarche (en Asie notamment) ont élaboré des modes de communication et de sensibilisation imaginatifs usant de tous les médias modernes (TV, internet, GSM ) et lançant des campagnes déducation à tous les niveaux. Nous avons lintention de nous en inspirer tout en apportant notre propre génie créatif.