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Jai toujours gardé cette ligne critique, et constructive. Je passe du temps à étudier la vraie nature des dynamiques internes et je ne me laisse pas influencer par les campagnes de propagande, ni de lintérieur du système iranien, ni celle dIsraël (qui affirme, pour sinnocenter de façon inacceptable, que lIran serait le principal obstacle à la paix), ni celle des Etats-Unis ou de pays européens qui défendent des intérêts stratégiques. Les rapports entre les forces religieuses et politiques sont très complexes en Iran. Une vision binaire, qui opposerait deux camps les conservateurs fondamentalistes aux réformateurs démocrates témoigne dune profonde ignorance des réalités du pays. En sus, les évolutions vers la transparence démocratique ne se feront pas par les pressions occidentales : le processus sera interne, long et douloureux. En acceptant danimer un show télévisé autour de débats sur lislam et la vie contemporaine, jai fait le choix du débat critique. On ne ma jamais rien imposé et jai pu inviter des athées, des rabbins, des prêtres, des femmes, voilées ou non, pour débattre de sujets tels que la liberté, la raison, le dialogue interreligieux, le sunnisme et le chiisme, la violence, le jihad, lamour, lart, etc. Quon regarde donc ces émissions et que lon me dise si on y trouve une seule seconde de soutien au régime iranien. Le programme est une opportunité douverture sur le monde et je le mène dans le respect de tous mes interlocuteurs. En ces temps de crise en Iran, je veux prendre une décision sereine et juste : je dois considérer les faits et déterminer la meilleure stratégie pour accompagner le processus interne vers la transparence et le respect des droits humains. La polémique et les débats passionnés comme aux Pays Bas aujourdhui ne sont pas de bons conseils et je veux y voir clair avant de me déterminer.
Quand jai accepté loffre de PressTV Ltd à Londres (je nai eu aucun contact avec des autorités iraniennes mais avec des producteurs de télévision qui offraient un service à la chaine), je lai fait en étant clair sur mes conditions quant aux choix des sujets et à mon indépendance dans le cadre dune émission traitant de religion, de philosophie et de questions contemporaines. Jai tout rendu public et mes émissions sont aussi sur mon site depuis le début. Jai fait le choix daccompagner lévolution des mentalités sans jamais avoir à soutenir le régime ni à me compromettre. Cest un choix que beaucoup damis iraniens ont non seulement compris mais encouragé. Je ne fais pas ce travail pour largent et une autre chaine de télévision dinformations internationales ma proposé jusquau triple des honoraires. Jai refusé au nom de mes principes. Si je le voulais, en changeant de discours politique et religieux, je pourrais aujourdhui amasser des fortunes : tous ceux qui suivent mon travail le savent. Mais flatter les rois, les princes, les régimes et les fortunes nest pas ma philosophie de vie. Mes prises de position mont amené à payer le prix fort et je nai jamais cédé : je ne peux me rendre en Egypte, en Arabie Saoudite, en Tunisie, en Lybie, en Syrie car jai critiqué ces régimes qui étaient anti-démocratiques et ne respectaient pas les droits de lhomme. Les Etats-Unis ont révoqué mon visa à cause de mes virulentes critiques contre les guerres en Afghanistan et en Irak et le soutien unilatéral à Israël. Ce dernier pays ma fait savoir que je ny serai jamais le bienvenu. Un conseiller de lambassade de Chine mavait murmuré un rien menaçant, il y a vingt ans, que mon engagement auprès des Tibétains ne passerait pas inaperçu auprès les autorités de son pays.
Jai toujours assumé mes choix, je nai jamais soutenu une dictature ou une injustice dans les sociétés majoritairement musulmanes comme dans toute autre société. Quant à ceux qui me reprochent « le principe » de présenter un programme de télévision dans une chaine iranienne, je réponds que travailler pour une chaine de télévision nimpose pas de soutenir un régime. Si lacte politique était si simple, il faudrait durgence que mes détracteurs, si férus déthique en politique, demandent au gouvernement néerlandais de mettre immédiatement un terme aux relations politiques et économiques avec lIran, lArabie Saoudite, lEgypte, Israël ou la Chine. Curieusement, je nentends pas ces voix. Comme je ne les ai pas entendues quand la municipalité de Rotterdam ma lavé des fausses accusations de « double discours » ou « d homophobie » ou encore quand la Cours fédérale américaine a inversé en ma faveur le jugement du tribunal de première instance concernant la révocation de mon visa.