La maison est noire, forough farrokhzad

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur

Le monde est plein de laideur. Il y en aurait davantage encore si lhomme en détournait les yeux.

Film de commande tourné en 1962 dans une léproserie iranienne, ce documentaire de 22 pose la question du sens de la maladie et de la présence de Dieu. Au début du film, des enfants lisent à haute voix. « ... Je Te loue de mavoir donné des yeux pour voir toutes les merveilles, des mains pour travailler, des oreilles pour entendre les mélodies, des pieds pour aller où je veux ».

La voix de la narratrice interroge alors lidentité de celui qui est touché par la fatalité. « Qui est celui qui te loue dans lenfer, ô Seigneur ? ». Cest ainsi quon entre dans «La maison est noire», dans le quotidien dune résidence pour lépreux, rassemblés à lécart du monde.

La « réponse » tient dans le rôle de tous face à la maladie de quelques uns, face à une maladie qui « n'est pas incurable ». « Qui n'est pas incurable » répète le film. Il sagit de montrer cette laideur « quil serait injuste dignorer ». Le film se conclut sur une scène de classe lucide, oxymore cristalisant la puissance du film.
A lun de ces élèves, le professeur demande « Cites-moi quatre belles choses », à un autre « Cites-moi trois choses laides ». Par delà la souffrance, le film évoque les sourires, les jeux, la musique, les différences de genre, la maternité. Il nous montre aussi le combat quotidien pour les soins, la force malgré la faiblesse, une force fébrile.

Ce court documentaire est lunique film de la poète Forough Farrokhzad, figure importante de la littérature iranienne. Il a remporté le Grand prix au Festival Oberhausen en 1963, et fut célébrée par plusieurs générations de cinéastes et de critiques comme lun des plus grands films iraniens jamais tournés.
 

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Forugh Farrokhzad - poétesse iranienne (1935 - 1967)

Une autre naissance

Tout mon être nest qu'un verset
Qui se répète en lui même
Qui te portera à l'aube des éclosions
Et des floraisons éternelles.
Je t'ai soupiré,
Je t'ai uni avec l'arbre, l'eau et le feu,

Dans ce verset.

La vie est peut être
Une longue avenue où
chaque jour une femme passe
portant un panier.

La vie est peut être
Une corde avec laquelle
un homme se pend
à une branche.

La vie est peut être
Un enfant qui revient de l'école.
La vie est peut être
Le temps d'une cigarette
Pendant cet engourdissement
Entre deux actes d'amour.

La vie est peut être
Le regard ébahi d'un homme
Qui soulève son chapeau pour
Saluer un autre passant, Avec un sourire impersonnel.
La vie est peut être
Cet instant rétréci
Quand mon regard se brise dans tes pupilles.

Et dans cela il y a une sensation
Que je confonds avec ma connaissance de la Lune
Et ma perception de l'ombre.

Dans une chambre aussi grande que la solitude
Mon coeur, grand comme l'amour,
Regarde les prétextes simples de son bonheur,
La beauté des fleurs fanées dans un vase,
Les pousses tendres que tu plantas dans notre jardin


Mon coeur, grand comme l'amour
Ecoute le chant des canaris
S'envolant dans l'espace d'une fenêtre.

Hélas
C'est mon sort
C'est mon sort,
Mon sort.
Un ciel que voile un rideau tombant.
Mon destin: descendre un escalier abandonné

Aboutir à quelque chose de sordide et d'étrange.
Mon destin: une promenade triste
Dans un jardin de souvenirs,
Expier, dans la tristesse d'une voix qui me dit

"J'aime tes mains"!

Je planterai mes mains dans le jardin
Je pousserai, je le sais, je le sais, je le sais...
Et les hirondelles pondront
Dans le creux violacé de mes doigts.

A mes oreilles je pendrai des boucles
Faites de cerises jumelles
Et je collerai sur mes ongles des pétales de dahlias.

Il existe une rue où les garçons
Qui me faisaient la cour,
Cheveux emmêlés, cous maigres, jambes fébriles,
Pensent encore à une fillette
Emportée une nuit par le vent.
Il existe une rue que mon cecur
A dérobée aux quartiers de mon enfance.

Le voyage d'une forme, le long de la ligne du temps,
Image consciente revenant du festin des miroirs,
Donne vie à cette ligne asséchée.

C'est ainsi que l'un meurt
Et que l'autre reste.

Aucun pêcheur ne peut trouver de perles
Dans un caniveau
Quand il se perd dans un gouffre.

Je connais une petite fée triste
Qui demeure dans un océan.
Elle chante doucement son coeur dans une petite flûte.
Une petite fée triste
Qui meurt la nuit dans un baiser
Et renaît à l'aube dans un baiser.

Texte francais de Parviz Abolghassemi
 

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Le vent nous emportera

Dans ma nuit, si brève, hélas
Le vent a rendez-vous avec les feuilles.
Ma nuit si brève est remplie de l'angoisse dévastatrice
Ecoute ! Entends-tu le souffle des ténèbres ?
De ce bonheur, je me sens étranger.
Au désespoir je suis accoutumée.
Ecoute ! Entends-tu le souffle des ténèbres ?
Là, dans la nuit, quelque chose se passe
La lune est rouge et angoissée.
Et accrochée à ce toit
Qui risque de s'effondrer à tout moment,
Les nuages, comme une foule de pleureuses,
Attendent l'accouchement de la pluie,
Un instant, et puis rien.
Derrière cette fenêtre,
C'est la nuit qui tremble
Et c'est la terre qui s'arrête de tourner.
Derrière cette fenêtre, un inconnu s'inquiète pour moi et toi.
Toi, toute verdoyante,
Pose tes mains - ces souvenirs ardents -
Sur mes mains amoureuses
Et confie tes lèvres, repues de la chaleur de la vie,
Aux caresses de mes lèvres amoureuses
Le vent nous emportera !
Le vent nous emportera !


@Saytham >> http://www.forughfarrokhzad.org/selectedworks/main.asp
 
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