Salam Aleykoum,
Ce que l'on constate à travers ces réactions, c'est l'amour inconditionnel que nous portons tous à la vie (plus particulièrement pour notre propre vie). Nous vivons avec l'envie que rien ne s'arrête, quand bien même nos moments de réjouissances ne se distingueraient pas du fait de leur trop grande fréquence. L'incertitude de l'après-mort crée en nous un effroi certain qui nous conduit à ne percevoir que négativité dans tous les aspects ayant trait à la mort.
Pourtant quand je réfléchis à ma vie, je me rends pleinement compte de l'insignifiance de cette existence. N'étant qu'un parmi des milliards et des milliards d'individus ayant foulé cette terre, n'ayant rien accompli de remarquable susceptible de faire en sorte que l'humanité puisse disposer d'un souvenir impérissable de ma personne, j'en viens à me questionner quant à l'intérêt de la vie que je mène.
Certains tentent de se "rassurer" sur ce qu'ils sont par le biais d'auto-suggestions qui peuvent se traduire sous différentes formes (par-exemple, répéter des formules telles que "je suis grand, je suis important etc..." et tenter de se convaincre de la véracité de celles-ci). En ce qui me concerne, c'est plutôt dans la réalisation de la petitesse de mon être que je relativise au quotidien et que je progresse petit à petit.
En effet, qu'importent les réactions peu agréables de certains à mon encontre, qu'importent les tourments qui viennent me contrarier, qu'importent la non-exhaustion de mes souhaits, qu'importe la non-réalisation de mes projets, quoi que je fasse je suis fatalement destiné à retourner, dans un délai très court, à la terre dont je suis issu ce qui fait que rien de ce qui peut me toucher ne possède la moindre sorte d'importance.
Tout ce que j'aurai acquis, tout ce que j'aurai construit ne sera qu'illusions, si ce ne sont les bonnes actions (nonobstant leur degré d'importance) accomplies qui, seules, demeureront à jamais.
Nous nous battons incessamment, tiraillés que nous sommes par toutes sortes de pulsions et de passions qui nous contraignent dans notre être et font de nous des esclaves de nos sens, afin d'acquérir toujours plus de ce qui n'améliorera pourtant aucunement notre existence. Notre bonheur tout entier se trouve conditionné par la réussite de ces projets qui, seuls, nous motivent à aller de l'avant (il suffit que l'on soit contrarié sur nos projets pour que la tristesse nous envahisse).
Mais n'est-ce pas là une existence déplorable. Sommes-nous ainsi autre chose que de vulgaires morceaux de chairs cherchant à maximiser leurs plaisirs et ne vivant, en fait, que pour consommer toujours plus de ce qui ne nous rassasiera jamais.
En fait, dans cette optique, rien ne nous différencie de l'animal si ce n'est que nous avons une raison plus développée mais puisque nous oeuvrons de sorte à y substituer nos instincts primaires, cela relativise la différence qu'il peut y avoir entre nous et ces mêmes animaux.
En fait, la mort peut être, d'une certaine façon, une délivrance face à cette vie misérable que nous connaissons et en réalité le début de la liberté réelle (enfin peut-être pas pour tous, Dieu est plus Savant).