salam
Plus d'un enfant sur 4 vit sous le seuil de pauvreté en Fédération Wallonie-Bxl. Et dans les ménages sans emploi, le phénomène est encore plus vivace: dans 50% des cas, les enfants sont privés d'au moins 3 "besoins", comme manger des fruits et légumes, pouvoir participer à des excursions scolaires, avoir deux paires de chaussures...
Un phénomène qui se traduit au quotidien dans les boîtes à tartines, dans les vêtements , dans l'hygiène, dans l'absentéisme.
Des enfants ont faim quand ils arrivent à l'école, comme on l'a constaté encore cette semaine dans cette école de la communauté française.
A l'école sans avoir mangé
Le quartier est gris, sombre. Les bâtiments de l’école, des années 60, sont bien défraîchis mais de la cour de récréation, un joyeux bruit monte. La ribambelle d’enfants rit, s’esclaffe, crie. Certains petits pleurent, d’autres arrivent seuls, terriblement seuls et perdus.
Le directeur est là depuis dix ans, chaque matin, dans la cour de récréation. C’est son baromètre, sa prise de température des vies, des heurts, des bobos et des drames cachés. Son regard balaie la cour.
Un bisou, une attention pour chacun.
"Kelly, tu n’as pas de sac de collation aujourd’hui ", la petite a 4 ou 5 ans tout au plus. Elle marche les mains dans les poches pour se rendre au jardin d’enfants. Kelly n’a pas mangé ce matin et n’aura pas de tartine pour 10 heures. Elle n’est pas accompagnée.
"Papa s’est levé ce matin, Kelly?", la petite fille, mutique, a un grand regard inquiet. "Kelly, papa était encore au lit ?", elle esquisse un hochement de la tête. "Ok, répond le directeur, je vais lui passer un coup de fil."
"Cette petite se lève seule ou bien ce sont ses frères qui la réveillent. Ils ont 7 et 8 ans. S’il y a du pain, ce sont eux qui lui font une petite tartine. S’il n’y a plus de pain, elle n’aura rien." Elle mangera un repas chaud ce midi à l’école. Ouf.
Pas de St-Nicolas , pas d’anniversaire
Madame Josiane est puéricultrice. Trente ans de métier. En dix ans, elle a vu les situations de pauvreté s’enraciner dans le quartier. "Oui, des enfants ont faim. Leurs vêtements ne sont jamais lavés, eux non plus d’ailleurs. Alors je dépanne, on a une machine à laver et elle tourne. Dans les petites classes, des petits n’ont pas de St-Nicolas, de Noël, ni d’anniversaire. Heureusement, il y a l’école, c’est un havre de paix pour eux, un répit. Si l’institution peut aussi servir à cela…"
Les enfants sont heureux de venir à l’école
Le directeur veut à tout prix aussi que ses missions administratives et surtout pédagogiques soient menées à bien. Mais "pas facile dans ces conditions. La semaine dernière, des enfants sont venus en petite baby de gymnastique, en tee-shirt. On a fait appel à l’équipe. Les enseignants ont apporté des pulls, des bonnets, des vestes de leurs enfants. Nous devons être attentifs à toutes les situations. Nous allons aussi chercher les enfants chez eux. L’absentéisme c’est une plaie. Le mercredi matin, beaucoup de parents estiment que ce n’est pas utile de se lever. Il faut beaucoup parler, expliquer, tenter. Quand je demande d'acheter une gomme ou un crayon, ce n'est pas possible alors on se débrouille, on jongle. Il faut aussi être là pour les situations de détresse. La police nous l'appelons quand-même assez souvent pour des faits de violence et de maltraitance."
Madame Josiane trouve toujours de l’énergie, de l’engagement car l’école est une nécessité absolue dans la lutte contre la pauvreté.
Mais il arrive au directeur de ne pas arriver à fermer le volet le soir et de mal dormir. Il y a tant à faire. L’école , cette école, avec une équipe soudée est fière de se situer dans la toute grande moyenne supérieure pour les résultats du CEB.
220 élèves de la maternelle à la sixième primaire, 220 histoires. Le directeur évalue. 25% de très pauvres enfants. 70 % d'enfants pauvres.
https://www.rtbf.be/info/societe/detail_sans-l-ecole-certains-enfants-ne-mangent-pas?id=10097642
Plus d'un enfant sur 4 vit sous le seuil de pauvreté en Fédération Wallonie-Bxl. Et dans les ménages sans emploi, le phénomène est encore plus vivace: dans 50% des cas, les enfants sont privés d'au moins 3 "besoins", comme manger des fruits et légumes, pouvoir participer à des excursions scolaires, avoir deux paires de chaussures...
Un phénomène qui se traduit au quotidien dans les boîtes à tartines, dans les vêtements , dans l'hygiène, dans l'absentéisme.
Des enfants ont faim quand ils arrivent à l'école, comme on l'a constaté encore cette semaine dans cette école de la communauté française.
A l'école sans avoir mangé
Le quartier est gris, sombre. Les bâtiments de l’école, des années 60, sont bien défraîchis mais de la cour de récréation, un joyeux bruit monte. La ribambelle d’enfants rit, s’esclaffe, crie. Certains petits pleurent, d’autres arrivent seuls, terriblement seuls et perdus.
Le directeur est là depuis dix ans, chaque matin, dans la cour de récréation. C’est son baromètre, sa prise de température des vies, des heurts, des bobos et des drames cachés. Son regard balaie la cour.
Un bisou, une attention pour chacun.
"Kelly, tu n’as pas de sac de collation aujourd’hui ", la petite a 4 ou 5 ans tout au plus. Elle marche les mains dans les poches pour se rendre au jardin d’enfants. Kelly n’a pas mangé ce matin et n’aura pas de tartine pour 10 heures. Elle n’est pas accompagnée.
"Papa s’est levé ce matin, Kelly?", la petite fille, mutique, a un grand regard inquiet. "Kelly, papa était encore au lit ?", elle esquisse un hochement de la tête. "Ok, répond le directeur, je vais lui passer un coup de fil."
"Cette petite se lève seule ou bien ce sont ses frères qui la réveillent. Ils ont 7 et 8 ans. S’il y a du pain, ce sont eux qui lui font une petite tartine. S’il n’y a plus de pain, elle n’aura rien." Elle mangera un repas chaud ce midi à l’école. Ouf.
Pas de St-Nicolas , pas d’anniversaire
Madame Josiane est puéricultrice. Trente ans de métier. En dix ans, elle a vu les situations de pauvreté s’enraciner dans le quartier. "Oui, des enfants ont faim. Leurs vêtements ne sont jamais lavés, eux non plus d’ailleurs. Alors je dépanne, on a une machine à laver et elle tourne. Dans les petites classes, des petits n’ont pas de St-Nicolas, de Noël, ni d’anniversaire. Heureusement, il y a l’école, c’est un havre de paix pour eux, un répit. Si l’institution peut aussi servir à cela…"
Les enfants sont heureux de venir à l’école
Le directeur veut à tout prix aussi que ses missions administratives et surtout pédagogiques soient menées à bien. Mais "pas facile dans ces conditions. La semaine dernière, des enfants sont venus en petite baby de gymnastique, en tee-shirt. On a fait appel à l’équipe. Les enseignants ont apporté des pulls, des bonnets, des vestes de leurs enfants. Nous devons être attentifs à toutes les situations. Nous allons aussi chercher les enfants chez eux. L’absentéisme c’est une plaie. Le mercredi matin, beaucoup de parents estiment que ce n’est pas utile de se lever. Il faut beaucoup parler, expliquer, tenter. Quand je demande d'acheter une gomme ou un crayon, ce n'est pas possible alors on se débrouille, on jongle. Il faut aussi être là pour les situations de détresse. La police nous l'appelons quand-même assez souvent pour des faits de violence et de maltraitance."
Madame Josiane trouve toujours de l’énergie, de l’engagement car l’école est une nécessité absolue dans la lutte contre la pauvreté.
Mais il arrive au directeur de ne pas arriver à fermer le volet le soir et de mal dormir. Il y a tant à faire. L’école , cette école, avec une équipe soudée est fière de se situer dans la toute grande moyenne supérieure pour les résultats du CEB.
220 élèves de la maternelle à la sixième primaire, 220 histoires. Le directeur évalue. 25% de très pauvres enfants. 70 % d'enfants pauvres.
https://www.rtbf.be/info/societe/detail_sans-l-ecole-certains-enfants-ne-mangent-pas?id=10097642