La police tue.

Après un tir mortel, un policier renvoyé aux assises pour meurtre​

9 mars 2024
En octobre 2020, un membre de la BAC de nuit parisienne avait tiré trois fois sur Olivio Gomes, un conducteur de 28 ans qui redémarrait sa voiture, à Poissy. Son frère Leonel témoigne en vidéo auprès de Mediapart. Le fonctionnaire invoque la légitime défense.

eLe 26 janvier dernier, au terme de trois ans d’enquête, une juge d’instruction de Versailles a pris une décision rarissime dans les affaires de tirs mortels commis par des membres des forces de l’ordre : elle a ordonné qu’un policier soit jugé pour meurtre, devant une cour d’assises.


Gilles G., membre de la brigade anticriminalité (BAC) de nuit parisienne, aujourd’hui âgé de 33 ans, a tué Olivio Gomes le 17 octobre 2020 à Poissy (Yvelines). Le jeune homme de 28 ans venait de redémarrer sa voiture pour échapper à un contrôle, précédé d’une filature inexpliquée. Trois balles, tirées à moins d’un mètre, ont atteint le haut de son corps. Il n’a pas pu être réanimé.


Depuis, le policier est mis en examen pour « homicide volontaire ». Il lui est interdit d’exercer son métier sur la voie publique et de porter une arme. Invoquant la légitime défense, Gilles G. a toujours soutenu que la voiture d’Olivio Gomes lui fonçait dessus et qu’il avait eu peur pour sa vie. Il conteste son renvoi devant les assises. La cour d’appel de Versailles doit examiner son recours le 21 mai prochain.

Originaire de Guinée-Bissau, où il est enterré, Olivio Gomes vivait en couple avec la mère de ses deux enfants, âgés de 4 ans et de 18 mois le jour de son décès. Sa famille estime que l’information judiciaire a été bien menée, sans qu’elle soit contrainte de batailler pour que les investigations avancent.

Dans son témoignage vidéo auprès de Mediapart, le frère du défunt, Leonel Gomes, s’en étonne presque. Au fil des années, il a côtoyé de nombreux proches de personnes tuées par la police. Il a conscience d’avoir vécu une forme d'exception, sans pouvoir l'expliquer. « L'autopsie, l'expertise, la reconstitution : tout s'est déroulé naturellement. Je ne sais pas si c'est lié à la manière dont on a mené ce combat ou si c'est simplement de la logique. Dans d'autres affaires, même avec des vidéos, ça reste compliqué. Je pense au cas de Cédric Chouviat. »
 
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