Pourquoi l’UE devrait-elle inclure le polisario dans sa liste de terrorisme
Bruxelles –
Tout comme l’ONU ou le Département d’État américain, l’Union européenne (UE) dispose de sa propre liste de terrorisme. Elle y inclut les entités, groupes ou organisations impliqués dans des actes terroristes et devant faire l’objet de mesures restrictives, de sanctions ou de poursuites. L’UE effectue à intervalles réguliers, au moins tous les six mois, un monitoring de ces entités qui s’activent à travers le monde.
La dernière mise à jour de la liste européenne du terrorisme a été réalisée en février dernier. Elle se fait sur la base d’un échange d’informations entre les États membres sur les nouveaux faits et développements survenus en ce qui concerne les personnes, groupes et entités déjà inscrits sur la liste ou ceux devant en faire partie au vu de la menace qu’ils représentent ou de la gravité des actes qu’ils ont commis.
Selon le règlement de l’Union européenne, sont “éligibles” à cette liste les personnes, groupes ou entités faisant l’objet d’enquêtes ou de poursuites concernant un acte terroriste ou la tentative visant à commettre ou faciliter un tel acte ou ayant été condamnés pour de tels faits.
Les menaces sécuritaires de plus en plus pesantes dans la région sahélo-saharienne focalisent aujourd’hui l’attention. Au centre de ces préoccupations, l’on retrouve le polisario, qui, devant l’effritement de la thèse indépendantiste et voulant offrir à “ses adhérents” de nouvelles perspectives, a succombé très tôt aux sirènes du terrorisme jihadiste.
Outre le banditisme, le crime organisé et les trafics en tout genre, la propension au jihadisme chez les éléments du polisario a été révélée par de nombreux rapports de services de renseignements occidentaux, des ONG, des organisations internationales et des centres de recherche indépendants. Ses mouvements et ses activités belliqueuses dans la zone sahelo-saharienne sont illustrés et documentés grâce à la technologie qu’offre aujourd’hui la surveillance par satellites.
Certains de ses dirigeants font l’objet de poursuites en Europe et ailleurs pour des faits criminels avérés.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, beaucoup de groupes terroristes qui s’activaient à travers le monde ont retrouvé une nouvelle jeunesse.
En Afrique du nord par exemple, le GSPC algérien devenu plus tard AQMI, après avoir prêté allégeance à Al Qaida, compte parmi ses membres plusieurs éléments du polisario, rompus aux techniques de combats dans le désert, de guérilla et de banditisme.
Le phénomène d’enrôlement des jeunes des camps de Tindouf d
ans le terrorisme jihadiste a pris de l’ampleur au fur et à mesure que l’étau se resserre autour de la thèse indépendantiste, à la faveur des victoires diplomatiques du Royaume et de l’unanimité internationale autour de son projet d’autonomie dans les provinces du sud.
L’une des premières illustrations
des liens entre AQMI et les séparatistes remonte, selon le Centre européen de renseignement stratégique et de sécurité, à décembre 2003 lorsque les services de sécurité mauritaniens ont arrêté un certain Baba Ould Mohammed Bakhili, cadre du polisario, et plusieurs de ses lieutenants pour leur implication dans le vol d’explosifs dans les locaux de la Société nationale mauritanienne de l’industrie minière (SNIM). L’arsenal devait servir à commettre des attentats contre des intérêts occidentaux, notamment en Mauritanie.
Des indices plus probants ont émergé à l’occasion de l’attaque menée en juin 2005 par le GSPC contre une caserne des forces de sécurité mauritaniennes à Lamghiti, conduite par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar avec l’appui de membres du polisario.