« Mais où est-ce que je suis tombé ? », se rappelle avoir pensé Chloé. Au printemps 2017, la jeune femme, alors étudiante dans les métiers de l’enseignement, est en stage dans une école un peu particulière. Elle raconte une scène, lors des premiers jours, où elle se retrouve autour de l’imprimante avec le directeur : « Il y avait un bouton en forme de lune sur la photocopieuse.
Il l’a pointé du doigt en plaisantant : “L’envahisseur est partout”. » Une allusion au croissant, symbole de l’Islam.
« Les profs étaient majoritairement catholiques. Certains n’avaient pas peur de me dire qu’ils étaient là pour sauver ces jeunes des banlieues, pour les
évangéliser », se rappelle la jeune femme, également chrétienne qui précise que « ce n’était pas l’objectif de l’école ».
Depuis 2017, la région Auvergne-Rhône-Alpes présidée par Laurent Wauquiez – remplacé par Fabrice Pannekoucke depuis septembre 2024 – a versé au moins 870.000 euros aux deux écoles Espérance banlieues présentes sur son territoire. Le soutien avait déjà fait polémique après deux ans de subventions. Celles-ci continuent d’affluer depuis huit ans pour les établissements de Saint-Étienne et Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Des largesses pourtant illégales selon plusieurs spécialistes contactés par StreetPress.
Ces centaines de milliers d’euros sont qualifiés de « détournement de l’argent public » par les opposants de gauche au conseil régional. Depuis des lois de 1886 et 1959, le Conseil d’État a un principe clair : une école privée hors-contrat ne peut pas obtenir de subvention d’une collectivité publique.
« Une collectivité territoriale qui souhaite subventionner l’enseignement privé hors-contrat est toujours à la limite de la légalité. Mais très astucieusement la région peut financer des choses à côté, comme le périscolaire, pour contourner l’interdiction », lance Gilles J. Guglielmi, professeur spécialiste en droit des collectivités territoriales à l’université Paris-Panthéon-Assas.
Le cabinet du président de la région n'a pas donné de détails pour l’ensemble des subventions pré-2020 (3) qui n’étaient, à l’époque, pas encore affectées aux activités périscolaires. Au moins deux d’entre-elles sont « illégales » pour Gilles J. Guglielmi
Ancien directeur général de l’enseignement scolaire et juriste spécialiste de l’enseignement privé, Bernard Toulemonde assure pour sa part qu’en cas de recours juridique – possible dans les deux mois après le vote de la subvention –, « le juge administratif n’est pas dupe » :
Les 870.000 euros donnés exaspèrent le directeur d’une école publique de Saint-Étienne, voisine d’Espérance banlieues, sous couvert d’anonymat :
Ce dernier est né en 2012 sous l’impulsion d’Éric Mestrallet, entrepreneur issu du milieu catho-tradi et ancien attaché parlementaire du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe De Villiers.
Depuis, ses opposants accusent Espérance banlieues de séduire les caciques de la droite et de remettre au goût du jour « la vieille école », teintée de néo-colonialisme, dans les banlieues.
« L’image que l’on voit de l’école sur leur site internet : la levée du drapeau, la Marseillaise main sur le cœur, l’uniforme… C’est assez cohérent avec ce que défend la région et Laurent Wauquiez en termes de politique éducative sur les lycées », estime Bénédicte Pasiecznik, conseillère écologiste.
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Il l’a pointé du doigt en plaisantant : “L’envahisseur est partout”. » Une allusion au croissant, symbole de l’Islam.
« Les profs étaient majoritairement catholiques. Certains n’avaient pas peur de me dire qu’ils étaient là pour sauver ces jeunes des banlieues, pour les
évangéliser », se rappelle la jeune femme, également chrétienne qui précise que « ce n’était pas l’objectif de l’école ».
Depuis 2017, la région Auvergne-Rhône-Alpes présidée par Laurent Wauquiez – remplacé par Fabrice Pannekoucke depuis septembre 2024 – a versé au moins 870.000 euros aux deux écoles Espérance banlieues présentes sur son territoire. Le soutien avait déjà fait polémique après deux ans de subventions. Celles-ci continuent d’affluer depuis huit ans pour les établissements de Saint-Étienne et Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Des largesses pourtant illégales selon plusieurs spécialistes contactés par StreetPress.
« Ce sont des subventions indirectes à des écoles privées hors-contrat, ce qui est interdit. »
Ces centaines de milliers d’euros sont qualifiés de « détournement de l’argent public » par les opposants de gauche au conseil régional. Depuis des lois de 1886 et 1959, le Conseil d’État a un principe clair : une école privée hors-contrat ne peut pas obtenir de subvention d’une collectivité publique.
« Une collectivité territoriale qui souhaite subventionner l’enseignement privé hors-contrat est toujours à la limite de la légalité. Mais très astucieusement la région peut financer des choses à côté, comme le périscolaire, pour contourner l’interdiction », lance Gilles J. Guglielmi, professeur spécialiste en droit des collectivités territoriales à l’université Paris-Panthéon-Assas.
Le cabinet du président de la région n'a pas donné de détails pour l’ensemble des subventions pré-2020 (3) qui n’étaient, à l’époque, pas encore affectées aux activités périscolaires. Au moins deux d’entre-elles sont « illégales » pour Gilles J. Guglielmi
Ancien directeur général de l’enseignement scolaire et juriste spécialiste de l’enseignement privé, Bernard Toulemonde assure pour sa part qu’en cas de recours juridique – possible dans les deux mois après le vote de la subvention –, « le juge administratif n’est pas dupe » :
« Il voit bien que c’est une manière détournée de subventionner une école privée hors-contrat. »
Les 870.000 euros donnés exaspèrent le directeur d’une école publique de Saint-Étienne, voisine d’Espérance banlieues, sous couvert d’anonymat :
« Quand on essaye de mettre en place des projets innovants pour nos élèves, la région nous répond que l’on est une école primaire et que ce n’est pas son domaine. Alors que de l’autre côté, elle finance Espérance banlieues. »
« Vieille école »
D’autant que le modèle « EB » est controversé. En 2023, Mediapart révélait qu’une enquête pour « violences » visait certains établissements du réseau.Ce dernier est né en 2012 sous l’impulsion d’Éric Mestrallet, entrepreneur issu du milieu catho-tradi et ancien attaché parlementaire du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe De Villiers.
Depuis, ses opposants accusent Espérance banlieues de séduire les caciques de la droite et de remettre au goût du jour « la vieille école », teintée de néo-colonialisme, dans les banlieues.
Le 10 octobre dernier, une nouvelle subvention de 50.000 euros a été signée par son successeur à la tête de l’institution, Fabrice Pannekoucke.
« L’image que l’on voit de l’école sur leur site internet : la levée du drapeau, la Marseillaise main sur le cœur, l’uniforme… C’est assez cohérent avec ce que défend la région et Laurent Wauquiez en termes de politique éducative sur les lycées », estime Bénédicte Pasiecznik, conseillère écologiste.
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