Depuis le fameux cliché montrant le 26 février la famille royale réunie autour du roi Mohammed VI convalescent à l’hôpital Ambroise Paré à Paris où le souverain venait d’être opéré avec succès pour une arythmie cardiaque, la rumeur ne cesse d’enfler autour de la « disparition » de la princesse Lalla Salma de la scène publique.
Dès le lendemain, alors que les réseaux sociaux conjecturaient sur la possibilité que l’épouse du roi soit l’auteure de la photographie diffusée par l’agence MAP, Le Crapouillot marocain, un mystérieux site internet inconnu du grand public bien qu’actif depuis 2016, et qui n’affiche rien sur ses promoteurs, menait une charge d’une violence inouïe contre Lalla Salma, critiquée d’avoir boudé cette « osmose familiale ».
Trois jours plus tard, la même source anonyme revenait par un second billet avec autant de virulence et de manière frontale pour décrire une princesse à l’origine de fâcheries au sein de la Cour. Fait étonnant, ces attaques ad hominem, sans précédent contre un membre du tout premier cercle de la famille régnante, a été couplé d’une intense campagne de diffusion de courriels à d’innombrables personnes qui suivent de près l’actualité marocaine, journalistes, diplomates et influenceurs…
Des attaques sans précédent qui ne suscitent aucune réaction
Le fait qu’un « média » local, fusse-t-il aussi insignifiant, publie de tels propos ne peut manifestement être le fait d’une initiative isolée, s’inquiète-t-on dans les salons de Rabat ou Casablanca. On se rappelle que pour beaucoup moins que cela, en avril 2005, Al-Jarida Al-Oukhra, l’hebdomadaire arabophone fondé par Ali Anouzla et aujourd’hui disparu, apprenait à ses dépens qu’on ne badine pas avec la vie privée de l’épouse du roi. Il recevait du chef de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie, Abdelhak El Mrini, une lettre lourde de menaces pour avoir publié un reportage « non autorisé » dévoilant quelques aspects de l’intimité de Lalla Salma, des indiscrétions désuètes glanées auprès du nombreux personnel attaché à la Cour, bien moins attentatoires à sa personne que ce qui est dit aujourd’hui…
Trois jours plus tard, elle prenait part à l’hommage fait au peintre Mohamed Amine Demnati au MMVI de Rabat. Depuis, plus rien, alors que nombre d’observateurs ont vite fait de remarquer que c’est le prince héritier Moulay El Hassan qui désormais accompagne son père (au One Planet Summit par exemple) ou le représente à certaines agapes officielles, la dernière en date étant le dîner offert par le roi à l’ancien président français François Hollande. Ce dernier avait précédemment donné une conférence culturelle au MMVI, sans la présence de Lalla Salma, à qui ce rôle cérémonieux était jusqu’ici traditionnellement dévolu dans de telles occasions.
Il en est de même pour l’inauguration de l’hôpital mère-enfant Dominique Ouattara, le 16 mars à Bingerville par le couple présidentiel ivoirien. Alors que l’infrastructure médicale avait reçu le soutien des œuvres caritatives de Lalla Salma, celle-ci n’était pas du voyage en Côte d’Ivoire, pays qui a pourtant toute l’attention de la diplomatie marocaine en Afrique… Elle avait pourtant lancé il y a tout juste un an l’édification d’une maison de vie pour l’accueil des enfants atteints du cancer et de leur famille dans l’enceinte du même établissement de santé. La Fondation Lalla Salma a aussi paraphé il y a quelques jours la livraison d’un important matériel fourni par la Chine, sans la présence de sa présidente… Autant de signes scrutés qui confirmeraient un retrait qui ne tiendrait pas d’une simple parenthèse d’agenda.
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https://ledesk.ma/enoff/labsence-de-lalla-salma-sujet-tabou-pour-la-presse-marocaine/