L'affaire Sid Ahmed Rezala, ex ennemi public en France

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source http://fr.wikipedia.org/wiki/Sid_Ahmed_Rezala


Sid Ahmed Rezala

Le Tueur des Trains



Naissance :

13 mai 1979
El-Biar, (Algérie)



Décès :

28 juin 2000 (à 21 ans)
Lisbonne, (Portugal)


Sid Ahmed Rezala (El-Biar, Algérie, 13 mai 1979 - Lisbonne, Portugal, 28 juin 2000), surnommé le Tueur des Trains1, est un tueur en série français2, auteur présumé de trois meurtres de femmes commis en France entre octobre et décembre 1999. Réfugié au Portugal, il se suicide avant son extradition et son procès.





Sid Ahmed Rezala naît en Algérie et grandit à Birkhadem, dans la banlieue d'Alger, où il mène une scolarité plutôt normale. Arrivée en France durant l'été 1994, la famille Rezala s'installe à Marseille3, fuyant les violences qui touchaient le pays à l'époque. Sid Ahmed quitte l'école la même année, en quatrième, et en 1995, il est pour la première fois fiché comme délinquant. Commence alors presque aussitôt sa descente aux enfers : fugues, consommation de drogue et d'alcools forts, vols de voiture et vols à la roulotte, dégradations, actes de violence et de délinquance divers et son premier viol en février 1995 : il n'a pas encore seize ans.

Dans l'un des sous-sols de la gare Saint-Charles de Marseille où il a l'habitude de traîner, il viole un adolescent de treize ans et demi, le menaçant d'un couteau : le 7 décembre 1995, il est condamné par le tribunal pour enfants de Marseille à quatre années de prison dont dix-huit mois ferme et trente mois de mise à l’épreuve. Son ADN sera également prélevé pour analyse.

Incarcéré à la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône), il se montre très agressif envers le personnel. Entre deux crises d'épilepsie, Sid Ahmed détruit plusieurs fois sa cellule et n'échappent pas aux divers sanctions disciplinaires4.

Dès sa sortie fin 1996, il retombe dans l'errance et la délinquance, et il est condamné à cent heures de travail d'intérêt général pour avoir volé une montre aux abords de la gare Saint-Charles puis, en février 1999, il est de nouveau condamné à de la prison ferme pour l'agression d'un vigile SNCF avec arme blanche.

En détention provisoire pour cette agression depuis mai 1998, toujours à la prison de Luynes, des codétenus se seraient plaints d'abus sexuels commis par Rezala mais ces affaires seront classées sans suite, faute de preuves. Les surveillants l'ont classé « sujet à risque » : « Il était très agressif envers le personnel, n'acceptait aucune remontrance, il était dangereux, imprévisible, toujours à fleur de peau », raconte un gardien. À mon avis, il ne relevait pas de l'emprisonnement classique, la prison ne pouvait rien pour lui car il lui manque des tas de cases. »5.
 

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Il sort de prison le 29 juin 1999 et se rend à Amiens pour rendre visite à son ex-compagne de vingt ans avec qui il a eu une petite fille née en 1998. Cette dernière l'a cependant quitté alors que Sid était toujours en détention, quand elle a su qu'il avait violé un codétenu à la maison d'arrêt de Luynes où Rezala a eu deux affaires de violences sexuelles, qui n'ont pas été instruites : dans un cas, la victime a retiré sa plainte ; dans l'autre, les éléments étaient jugés insuffisants6.

À Amiens, il entame une vague formation dans l'hôtellerie. Il avait également tenté, sans succès, de rentrer dans la Légion étrangère, à Aubagne7. Cependant, il reste toujours aussi instable et continue ses errances dans les trains de toute la France (il est d'ailleurs verbalisé quarante-deux fois pour ne pas avoir acheté de billet de transport), vivant d'expédients, de vols à l'arraché, de deal8 et de la prostitution9.

Sid Ahmed Rezala est suspecté d'au moins trois meurtres de jeunes femmes : s'il refuse de les reconnaître sur son procès verbal face à la police, il les avoue plus tard à Aziz Zemouri, journaliste du Figaro Magazine10. Ce dernier parvient à entrer facilement en contact avec Rezala, se faisant passer pour le beau-frère de ce dernier auprès des gardes portugais. Il raconte également son viol subi à l'âge de 9 ans en Algérie : « Je me suis fait violer à l'âge de 9 ans par des jeunes du quartier, ils sont tous passé sur moi, ils étaient sept ou huit, ils avaient entre 20 et 30 ans. En Algérie, quand ça t'arrive, tu ne peux en parler à personne. Si tu portes plainte, c'est la honte. Mais ça se passe plus souvent qu'on croit dans les quartiers. »8.

Les victimes de Rezala[modifier]
« Souvent je ne sais plus ce qui m'arrive. J'ai l'impression d'être dans une voiture qui roule à 200 à l'heure et que la personne à côté de moi veut me pousser dehors. Alors c'est elle ou moi. » Sid Ahmed Rezala11
 

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source : le monde

La cavale Lisboète de Sid Ahmed Rezala. Le tueur présumé a vécu quelques jours chez des amis de fortune.
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Par TOURANCHEAU Patricia

Sid Ahmed Rezala, 20 ans, recherché en France pour trois meurtres, a débarqué en clandestin le 27 décembre à la station Santa Apolonia à Lisbonne, à bord d'un vieux train couleur aluminium. Sans papiers, sans casquette.

A gauche, les paquebots rouillés sur le Tage. A droite, les rues qui filent vers le Rossio, au coeur de la ville, puis l'avenue de la Liberté. Il y a des garçons qui attendent dans des encoignures et des messieurs qui cherchent, entre le cinéma Condes, les toilettes du shopping et la pension Imperial aux carreaux bleus.

Ici, Armando, 42 ans, a ses quartiers. Il vient acheter ses céramiques à Barcelos (nord du Portugal) pour les revendre à Lanzarote (aux Canaries). «Je suis algérien, je m'appelle Aki, j'ai 22 ans, je n'ai pas de documents», lui raconte Sid. Les deux grillent les nuits au Finalmente, un club pour homosexuels avec show de travestis à 3 heures et fermeture à 6 heures. Armando paie tout à Sid, ses cafés du matin, ses whisky-Coca de l'après-midi, ses trois paquets de Marlboro de la journée, ses repas au self Bonjardim.

Le 31 décembre, Armando téléphone à Fernando, un cuisinier au chômage qui habite à 50 kilomètres en banlieue sud, à Baixa da Banheira («le bas de la baignoire»): «Je peux venir? Est-ce qu'il y a un coiffeur à côté de chez toi?» Et Armando déboule avec Sid rue Augusto Gil, au troisième étage d'une HLM trapue et décrépie. Chez le coiffeur, «Aki a rasé l'arrière de son crâne, il a laissé pousser sa barbe et il a lissé ses cheveux sur le front avec du gel, remarque Fernando, et il touchait souvent son chapelet musulman.»

Cordon-bleu, Fernando prépare le dîner de la Saint-Sylvestre, «deux gros crabes, des escalopes de dinde et champignons à la crème, un gâteau et du vin rouge», avec Aki qui «s'y connaît en cuisine parce qu'il a été aide-cuisinier». Fernando se sent un peu en trop: «Les deux parlaient tout le temps, ils étaient très amoureux. Armando était si malheureux depuis que Carlos, un travesti, l'avait plaqué pour une femme anglaise. Avec Aki, avec des mots d'espagnol, de portugais et de français, ils se comprenaient très bien. Armando avait parfois des gestes exagérés, très féminins, et ça me gênait. La nuit, on est allés ensemble au Finalmente, ils ont fait des choses qu'on fait quand on est soûl, et je les ai perdus dans la boîte.»
 

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Le 1er janvier, une virée tous les trois sur la plage. Le lendemain, Fernando les retrouve par hasard à Lisbonne non loin de l'Imperial, en train de boire et de bavarder sur les chaises de jardin du Passeio d'Avenida, un restaurant de bois au milieu de l'esplanade. Armando doit s'envoler le lendemain pour les Canaries: «Tu peux loger mon ami jusqu'au 14?» Fernando accepte, «mais si la police le prend sans papiers, c'est son problème». Le soir, Aki et Armando dorment chez Fernando. Armando laisse 12 000 escudos (400 F) au garçon et un billet de train Lisbonne-Madrid pour le rejoindre le 14. Puis, resté seul dans la chambre minuscule, le jeune homme plie ses quatre jeans sur la chaise, range ses chemises sur le buffet et «ouvre les fenêtres tout en grand». «Je lui disais: "On n'est pas en Algérie ici, et je fermais. Pourtant, dehors, il se plaignait toujours du froid, je lui ai prêté mes gants. Il avait juste un blouson de toile noire. Il s'est acheté six paires de chaussettes, des tennis ordinaires et un sweat-shirt blanc à capuche.»




Le matin, Sid se lève à 11 heures, lave la vaisselle et fait le ménage, puis demande à Fernando: «Café?» «Café.» Et les deux qui ne se comprennent pas vont au seul café de la place de l'église, la pâtisserie Doux Miel. «Aki prend un croissant et un café. Moi, un chocolat.»
 

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Au bout de trois jours, l'invité n'a plus d'argent. «Aki s'en est plaint à Armando qu'il appelait tous les soirs pendant une heure et qui m'a demandé de lui donner 5 000 escudos [170 F].» Fernando prépare de la morue et du poulet, «pas de porc pour le musulman», et le garçon «mange comme quatre»: «S'il en restait encore dans le plat à minuit, après la télé, il l'emmenait dans sa chambre pour le finir, c'est bizarre.» Il passe ses journées à écouter de la musique break-dance et rap, et à regarder TV5 Europe. Le 7, «une femme française a téléphoné ici, trois fois». Puis un monsieur. En fait, un policier, mais Fernando l'ignore et ne comprend pas un mot de français. «Alors une dame rappelle et raconte en portugais qu'un appel a été passé de mon poste en France à une fille arabe.» Fernando répond qu'il attend son «ami qui a la clé» pour poser la question: «C'est toi qui as téléphoné là-bas? Il a toujours dit non, non, non et a secoué la tête, la mine renfrognée dans son coin, comme un enfant qui a fait une bêtise.» Après la colère de Fernando, Aki passe ses coups de fil de la cabine, sur la place de l'église. Mais Fernando a des doutes: «Tu parles bien le français, hein!» «Oui, c'est la langue officielle dans mon pays, en Algérie.» Et puis: «Comment tu es venu au Portugal?» «En train, Alger-Barcelone-Lisbonne.» En plus, «Aki a peur des policiers dans la rue, ça le rend nerveux». Le lendemain, Armando veut avancer au 12 la date du départ de Sid. Le 11 à 12 h 30, Irena, serveuse à la pâtisserie Doux Miel, voit «quelque chose d'étrange», entre le magasin du fleuriste et la cabine: «Un garçon basané très grand et très maigre a été pris sans bruit par quatre policiers. Ils l'ont mis contre le mur de l'église et l'ont fouillé. Peu de gens s'en sont aperçus. En même temps, il y avait des funérailles.»

Aux policiers portugais, il a juste dit: «Je m'appelle Hassan.» Au commissariat, il a montré du doigt les policiers français: «Demandez-leur qui je suis, ils le savent.» Le soir, Fernando s'est pincé devant sa télé * «Lui, il a pu tuer trois femmes! Il n'a même pas une mine d'homme» * puis a téléphoné en urgence à Armando: «Ton garçon a été arrêté, c'est sérieux».
 
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