L’Europe échoue à s’entendre sur les réfugiés, contrôles rétablis à certaines frontières
Les Etats de l’Union européenne (UE), divisés, ont échoué lundi soir à s’entendre sur la répartition des réfugiés, après le rétablissement par plusieurs pays de contrôles aux frontières et la fermeture par la Hongrie de son principal passage vers la Serbie.
Les Etats de l’Union européenne (UE), divisés, ont échoué lundi soir à s’entendre sur la répartition des réfugiés, après le rétablissement par plusieurs pays de contrôles aux frontières et la fermeture par la Hongrie de son principal passage vers la Serbie.
A Röszke, devenu le point de transit de la quasi-totalité des migrants pénétrant en Hongrie, une quinzaine de policiers hongrois ont empêché lundi leur passage pendant que d’autres agents installaient des barbelés, à la veille de la mise en oeuvre de nouvelles dispositions antimigrants par Budapest.
«On avait entendu que les Hongrois voulaient fermer leur frontière mais on nous disait que ça allait se passer mardi», s’étonnait Hassan, un Syrien d’une trentaine d’années, au milieu d’autres migrants en pleurs.
A deux kilomètres à l’ouest, un poste-frontière officiel laissait passer au compte-goutte les migrants officiellement autorisés à entrer en Hongrie. Des centaines d’entre eux restaient bloqués côté serbe à la tombée de la nuit.
Dans la soirée, les 28 Etats membres de l’UE, réunis en urgence à Bruxelles, ne sont pas parvenus à un accord sur la répartition contraignante de 120.000 réfugiés, réclamée la semaine dernière par la Commission européenne pour faire face à une des pires crises migratoires en Europe depuis 1945.
Certes, «une grande majorité d’Etats se sont engagés sur le principe d’une relocalisation» des 120.000 réfugiés, «mais tout le monde n’est pas pour l’instant à bord», a reconnu le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn. Selon le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, «un certain nombre de pays ne veulent pas adhérer à ce processus de solidarité», dont «les pays du groupe de Visegrad» (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie).
Les Etats membres ont en revanche confirmé qu’ils allaient se répartir l’accueil de quelque 40.000 réfugiés, comme prévu depuis fin juillet.
Au rang des avancées de lundi, l’Italie et la Grèce ont accepté la mise en oeuvre à leurs frontières de «hotspots», des centres d’accueil chargés d’enregistrer les migrants à leur arrivée en Europe et de distinguer en amont s’ils relèvent du droit d’asile ou de la migration illégale.
L’ONG Amnesty International s’est désolée que «les représentants de l’UE (aient) une fois de plus lamentablement échoué à (...) répondre à la crise», estimant qu’il faut «repenser complètement le traitement de l’asile dans l’UE, et pas de nouvelles barrières et encore plus de chamailleries sur les quotas».
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Suspension de la libre circulation
Cette réunion décevante à Bruxelles a eu comme toile de fond le rétablissement des contrôles aux frontières allemandes et autrichiennes, une suspension de facto de la libre circulation garantie par les accords de Schengen en Europe.
Devenue en quelques semaines une Terre promise pour des réfugiés de plus en plus nombreux, Berlin a justifié sa décision par «l’inaction» de l’UE, assurant toutefois que le rétablissement des contrôles ne signifiait pas que l’Allemagne fermait ses frontières aux demandeurs d’asile et aux réfugiés. La volte-face de la chancelière Angela Merkel, confrontée à des problèmes logistiques et à la grogne de son camp politique, est survenue quelques jours seulement après qu’elle eut plaidé pour un accueil des réfugiés sans limite de nombre.
A la frontière germano-autrichienne, sur le pont reliant Freilassing à Salzbourg, le retour des contrôles a provoqué des bouchons monstres à cause du contrôle des passeports et des véhicules, les réfugiés étant orientés vers des centres d’accueil.
Munich (sud de l’Allemagne) était proche de la saturation, avec 63.000 réfugiés arrivés en deux semaines. Environ un millier de réfugiés en provenance d’Autriche sont encore entrés en Allemagne lundi, selon la police de Freilassing.
La décision de Berlin a immédiatement fait des émules parmi les pays de l’Est - Slovaquie et République tchèque - qui rejettent depuis des semaines l’idée de quotas de répartition.
La Pologne s’est dite également prête, en cas de menace pour sa sécurité, à rétablir des contrôles aux frontières.
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‘Vide juridique’
Vienne a aussi décidé de déployer des militaires à sa frontière hongroise, où le flux de migrants a pris des proportions sans précédent.
A la frontière entre la Grèce et la Macédoine, la police a cependant signalé une accalmie relative: 5.000 migrants lundi, contre 10.000 les jours précédents.
Lundi, le Haut-commissariat de l’ONU aux réfugiés a mis en garde contre un «vide juridique» auquel seraient confrontés les réfugiés en Europe, et souligné «l’urgence d’une réponse globale européenne».
La Grande-Bretagne, qui comme le Danemark et l’Irlande dispose d’une option de retrait de la politique d’asile de l’UE, a annoncé lundi la nomination d’un sous-secrétaire d’État aux réfugiés. Londres a promis d’accueillir 20.000 Syriens en cinq ans.
La crise migratoire, portée par les guerres et la misère au Moyen-Orient et en Afrique, ne donne aucun signe de ralentissement.
L’UE a annoncé lundi qu’elle recourrait, à partir de début octobre, à la force militaire contre les passeurs de migrants dans le cadre de son opération navale en Méditerrannée. L’ancien Premier ministre grec Alexis Tsipras a déploré ces «opérations de nature militaire» qui «vont frapper des réfugiés innocents, pas les trafiquants», car «les bateaux arrivent sans passeurs» en Europe.
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