Les États-Unis, Israël et l’Arabie saoudite, sur le point de mettre le feu à tout le Moyen-Orient
Par Abdel Bari Atwan — 11 novembre 2017
Les derniers développements en Arabie Saoudite ne sont que le prélude à une guerre imminente qui va remodeler la région et affecter le monde entier.
Nous ne devrions pas laisser de petits détails tels que la démission de Hariri ou la détention de princes [saoudiens] et d’anciens ministres détourner notre attention des développements réels qui se déroulent en secret. Nous ne devrions pas non plus laisser ces petits détails nous détourner de la phase plus dangereuse qui suivra la « purge » du prince Mohammad bin Salman sur le front saoudien interne. De telles «purges» sont les préliminaires aux scénarios d’une guerre qui peut être la plus dangereuse de l’histoire de la région. Et nous n’exagérons nullement.
Tout ce qui se succède actuellement fait partie d’un modèle bien étudié et soigneusement planifié. C’est le prélude à une guerre sectaire, menée sous des oripeaux de « nationalisme arabe ». Et sa principale cible est la montée en force iranienne et « chiite », l’objectif étant d’écraser ses forces au Yémen, au Liban et en Irak, avec un soutien américain, régional et israélien.
L’ancienne Arabie saoudite n’est plus, et le wahhabisme est dans ses derniers sursauts, s’il n’a pas déjà été enterré dans les livres poussiéreux et les livres d’Histoire comme un moment historique passager. Le quatrième État saoudien, revêtu d’une nouvelle tenue moderne et de nouvelles alliances, émerge sous nos yeux. Et quand, lors d’un appel téléphonique avec le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, le prince héritier saoudien Mohammad bin Salman (l’homme du moment, qui veut être le fondateur de cet état) déclare que « l’approvisionnement des factions au Yémen avec des missiles représente une attaque militaire directe qui peut constituer un acte de guerre », et quand il est approuvé et soutenu par le Pentagone et l’ambassadeur américain auprès des Nations Unies Nikki Haley, cela signifie qu’une alliance prend forme dans la région sous la direction américaine.
Pour comprendre le sérieux ou la gravité d’une crise ou d’une action politique ou militaire significative dans une région du monde, nous devons observer la fluctuation des prix de l’énergie (pétrole et gaz) et des marchés boursiers et financiers. C’est le thermomètre le plus important et le plus précis, du moins dans le monde capitaliste occidental.
Mardi, le prix du pétrole avait atteint son plus haut niveau depuis deux ans. Les marchés boursiers du Golfe continuaient de baisser sensiblement et, mardi, ils avaient perdu environ 3% de leur valeur en Arabie Saoudite en particulier. Les ventes dépassaient les achats. Et tout cela au moment où nous sommes encore à terre et où les navires de guerre n’ont toujours pas pris le large.
L’anarchie avance à marche forcée dans la région. Les Houthis ont tiré un missile extrêmement précis qui a atteint le nord de Riyad et dont les éclats sont tombés sur l’aéroport international du roi Khaled. Ils ont également déclaré qu’ils allaient frapper à nouveau profondément en Arabie saoudite et dans tous les aéroports et ports maritimes saoudiens et émiratis. Et l’expérience des trois dernières années nous a appris que les Houthis n’ont rien à perdre après trois années de guerre destructrice.
La première phase que le prince Mohammad bin Salman a lancée – celle consistant à « purger » le front intérieur et à emprisonner onze princes et des dizaines de ministres et hommes d’affaires sous la bannière de la lutte contre la corruption – s’est déroulée sans heurts et sans obstacles.
L’homme est maintenant en plein contrôle de quatre secteurs majeurs de l’État – l’économie, les médias, la sécurité et l’armée, ainsi que les deux principales institutions religieuses (une officielle – le Conseil des hauts dignitaires religieux – et une non-officielle – les clercs éveillés). De plus, il a jeté tous ses adversaires, et tous ceux qui s’opposaient publiquement à son règne, derrière les barreaux. Pour commencer, il les a emprisonnés dans un hôtel luxueux, mais personne ne peut prédire où cela pourrait éventuellement mener. En fait, nous croyons qu’il est très probable que ces détentions ne soient que la première étape et que ce qui nous attend soit bien pire, car nous faisons face à un « bulldozer » qui nivelle tout sur son passage.
Dans quelques jours ou quelques semaines, il passera à ce que nous croyons être la deuxième phase et la plus dangereuse : celle des affrontements militaires, dont les principales caractéristiques peuvent être résumées comme suit :
Suite :
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