Le baccalauréat international en français, une décision fort ambiguë, par Bilal Talidi
Sans se concerter avec personne ni en discuter avec quiconque, le ministère de l’Education nationale vient de décider de créer un baccalauréat en langue française dans 16 collèges disséminés sur 8 académies régionales.
Un acte réellement difficile à comprendre, surtout après les décisions prises par ce département, à propos du retrait des écoles de l’excellence au prétexte qu’elles sont une sorte de survivance du colonialisme qui distinguait les enfants des élites de ceux du peuple, ou encore à propos de son opposition à un initiative prise par des écoles privées concernant un baccalauréat international, en plus de l’attitude désormais habituelle et connue du ministre de l’Education nationale qui tient le baccalauréat national comme un des symboles de la souveraineté nationale.
Nous sommes donc face à une décision ambiguë aux contours et aux fondements incompréhensibles, une décision dont on ne peut être sûr de la conviction de son auteur à son sujet, ni des justificatifs qui ont conduit à la prendre avec cette rapidité, sans réflexion préalable… une décision qui pourrait avoir de très fortes, et graves, répercussions sur le système éducatif national. Aucun des gouvernements passés n’avait eu l’audace de franchir un tel pas, sachant que cette question n’est pas aussi aisée pour que les décideurs aient pu prendre la décision de trancher en adoptant une mesure qui va à l’encontre de la Charte de l’Education nationale et qui entre en totale contradiction avec les textes juridiques qui réglementent le baccalauréat national.
Il eût été meilleur de temporiser avant de prendre la décision et d’entreprendre cette démarche précipitée. Il eût fallu mieux s’inspirer du discours royal du 20 août. Il eût fallu se donner davantage de temps pour décider d’une batterie de mesures cohérentes dans lesquelles le baccalauréat aurait été un des attendus et des fondements. Un débat national aurait dû être lancé autour de la réforme de l’enseignement au Maroc, et la question du bac aurait pu y être débattue, avant de soumettre les résultats de ce débat à l’institution constitutionnelle habilitée à trancher de manière consensuelle. Mais rien… rien de tout cela n’a été fait, et le ministère n’a pas pris la peine de réfléchir à une solution qui affecte tous les composantes du système éducatif national ; de même que le Conseil supérieur qui devrait se prononcer sur de pareils sujets n’a jamais été créé.
La décision est tombée, conduisant à s’interroger sur la manière dont elle a été prise et sur les groupes de pression qui y ont conduit.
La conséquence catastrophique qu’induira cette décision, en dehors de la mise à mal du principe de l’égalité des chances et en dehors aussi de la réédition de cette politique colonialiste qui faisait une distinction entre enfants d’un même pays, est d’abord de créer une faille dans le système éducatif, avec l’apparition prochaine d’un système francophone en parallèle au système marocain, et ensuite de modifier progressivement tous les accords et consensus passés dans le cadre de la Charte de l’éducation et de la formation. Ainsi, aujourd’hui, 16 écoles mèneront à un baccalauréat international en français, et demain, cela conduira à la remise en cause de la politique d’arabisation à laquelle on imputera tous les maux de l’éducation marocaine, avant de décider de la supprimer purement et simplement. En conséquence, le Maroc sera en position d’offrir un cadeau gratuit à l’enseignement français, et les diplômes nationaux n’auront plus alors aucune valeur, ou presque, étant donné que le marché et l’économie sont en si étroite relation avec le partenaire français… Ce qui risquera de se produire pour l’enseignement arabe, et le baccalauréat national, est donc la même chose qui s’est passée naguère pour l’enseignement traditionnel, devenue désormais la poubelle qui accueille les élèves recalés dans les autres branches.
Le ministère de l’Education nationale aurait gagné à ne pas prendre une telle décision et à confier ce baccalauréat français à l’enseignement privé, qui se serait ajouté donc à l’enseignement national. Mais cela n’a pas été fait et il ne fait pas de doute que cette décision aura des suites et des conséquences.
Nous formons des vœux pour que le ministère révise sa position, urgemment, qu’il retire sa circulaire, très vite, et qu’il réfléchisse à une réforme globale dans la réflexion de laquelle tout le monde serait impliqué. Nous formons également des vœux pour que la présidence du gouvernement et les institutions concernées procèdent à l’adoption de la loi organique portant création du Conseil supérieur de l’éducation, qui devra être désigné aussitôt après afin qu’il connaisse de ce type de questions.
panoraMaroc.
Sans se concerter avec personne ni en discuter avec quiconque, le ministère de l’Education nationale vient de décider de créer un baccalauréat en langue française dans 16 collèges disséminés sur 8 académies régionales.
Un acte réellement difficile à comprendre, surtout après les décisions prises par ce département, à propos du retrait des écoles de l’excellence au prétexte qu’elles sont une sorte de survivance du colonialisme qui distinguait les enfants des élites de ceux du peuple, ou encore à propos de son opposition à un initiative prise par des écoles privées concernant un baccalauréat international, en plus de l’attitude désormais habituelle et connue du ministre de l’Education nationale qui tient le baccalauréat national comme un des symboles de la souveraineté nationale.
Nous sommes donc face à une décision ambiguë aux contours et aux fondements incompréhensibles, une décision dont on ne peut être sûr de la conviction de son auteur à son sujet, ni des justificatifs qui ont conduit à la prendre avec cette rapidité, sans réflexion préalable… une décision qui pourrait avoir de très fortes, et graves, répercussions sur le système éducatif national. Aucun des gouvernements passés n’avait eu l’audace de franchir un tel pas, sachant que cette question n’est pas aussi aisée pour que les décideurs aient pu prendre la décision de trancher en adoptant une mesure qui va à l’encontre de la Charte de l’Education nationale et qui entre en totale contradiction avec les textes juridiques qui réglementent le baccalauréat national.
Il eût été meilleur de temporiser avant de prendre la décision et d’entreprendre cette démarche précipitée. Il eût fallu mieux s’inspirer du discours royal du 20 août. Il eût fallu se donner davantage de temps pour décider d’une batterie de mesures cohérentes dans lesquelles le baccalauréat aurait été un des attendus et des fondements. Un débat national aurait dû être lancé autour de la réforme de l’enseignement au Maroc, et la question du bac aurait pu y être débattue, avant de soumettre les résultats de ce débat à l’institution constitutionnelle habilitée à trancher de manière consensuelle. Mais rien… rien de tout cela n’a été fait, et le ministère n’a pas pris la peine de réfléchir à une solution qui affecte tous les composantes du système éducatif national ; de même que le Conseil supérieur qui devrait se prononcer sur de pareils sujets n’a jamais été créé.
La décision est tombée, conduisant à s’interroger sur la manière dont elle a été prise et sur les groupes de pression qui y ont conduit.
La conséquence catastrophique qu’induira cette décision, en dehors de la mise à mal du principe de l’égalité des chances et en dehors aussi de la réédition de cette politique colonialiste qui faisait une distinction entre enfants d’un même pays, est d’abord de créer une faille dans le système éducatif, avec l’apparition prochaine d’un système francophone en parallèle au système marocain, et ensuite de modifier progressivement tous les accords et consensus passés dans le cadre de la Charte de l’éducation et de la formation. Ainsi, aujourd’hui, 16 écoles mèneront à un baccalauréat international en français, et demain, cela conduira à la remise en cause de la politique d’arabisation à laquelle on imputera tous les maux de l’éducation marocaine, avant de décider de la supprimer purement et simplement. En conséquence, le Maroc sera en position d’offrir un cadeau gratuit à l’enseignement français, et les diplômes nationaux n’auront plus alors aucune valeur, ou presque, étant donné que le marché et l’économie sont en si étroite relation avec le partenaire français… Ce qui risquera de se produire pour l’enseignement arabe, et le baccalauréat national, est donc la même chose qui s’est passée naguère pour l’enseignement traditionnel, devenue désormais la poubelle qui accueille les élèves recalés dans les autres branches.
Le ministère de l’Education nationale aurait gagné à ne pas prendre une telle décision et à confier ce baccalauréat français à l’enseignement privé, qui se serait ajouté donc à l’enseignement national. Mais cela n’a pas été fait et il ne fait pas de doute que cette décision aura des suites et des conséquences.
Nous formons des vœux pour que le ministère révise sa position, urgemment, qu’il retire sa circulaire, très vite, et qu’il réfléchisse à une réforme globale dans la réflexion de laquelle tout le monde serait impliqué. Nous formons également des vœux pour que la présidence du gouvernement et les institutions concernées procèdent à l’adoption de la loi organique portant création du Conseil supérieur de l’éducation, qui devra être désigné aussitôt après afin qu’il connaisse de ce type de questions.
panoraMaroc.