""il y a production d’une hormone qu’on appelle l’ocytocine, c’est elle qui est responsable de l’attachement, et chez l’enfant autiste, elle n’est pas assez produite.""
c'est l'hormone qui est
produite lorsque l'on fait un câlin !!!
"L’ocytocine en pulvérisation nasale améliore le lien social chez de jeunes autistes :
Sydney, Australie – Une étude australienne montre pour la première fois que la pulvérisation nasale d’ocytocine dans une petite cohorte d’enfants autistes âgés de 3 à 8 ans améliore leurs symptômes d’un point de vue comportemental, émotionnel et en termes de sociabilité [1]. « Après traitement par ocytocine, les parents ont rapporté de meilleures interactions avec leurs enfants, et l’évaluation par des cliniciens indépendants (en aveugle) a confirmé cette amélioration de la réponse sociale au Centre de suivi » explique le chercheur Adam Guastella (Autism Clinic for Translational Research, Brain and Mind Centre, University of Sydney) [2].
Pour le Pr Ian Hickie, co-auteur de l’étude et co-directeur du Brain and Mind Centre, « ces nouveaux résultats constituent une première avancée notable dans le développement de traitements médicaux dans les pathologies qui relèvent d’un déficit en interactions sociales comme l’autisme » [2]. Ils ont été publiés dans Molecular Psychiatry.
Ocytocine, l’hormone du lien social
L’ocytocine est connue pour avoir un rôle dans différents comportements, comme la reconnaissance sociale, l'empathie, l’anxiété ou encore l’attachement maternel.
Chez l'être humain, l'inhalation d'ocytocine permettrait de majorer un état de confiance vis-à-vis d'autrui, elle aurait aussi un effet facilitateur de l’extinction de la peur (voir notre article). En mesurant le taux de cette hormone dans le sang des patients,
les chercheurs se sont aperçus qu'elle était déficitaire chez les patients atteints d'autisme.
En 2010, l’équipe du Centre de neuroscience cognitive (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1), dirigée par Angela Sirigu, a montré que l'administration intra nasale d'ocytocine pourrait améliorer le comportement social de patients adultes souffrant d’autisme de haut niveau (HFA) ou du syndrome d’Asperger (SA) [3].
Une étude a également suggéré l'efficacité de tels vaporisateurs sur les symptômes de la schizophrénie en association avec un traitement antipsychotique [4]. Mais jusqu’à présent, aucune étude n’avait été menée chez des autistes aussi jeunes.
Des améliorations mais un effet placebo non négligeable
Sur les 64 enfants initialement contactés, l’étude en a finalement gardé 31, âgés de 3 et 8 ans, répondant au diagnostic d’autisme tel que défini par le DSM IV, syndrome d’Asperger compris.
L’étude était randomisée, en double aveugle et contre placebo. Les enfants ont été répartis en deux groupes, l’un recevant l’ocytocine en spray pendant 5 semaines à dose pleine de 12 IU matin et soir, pendant que l’autre groupe recevait le placebo (tous les composants inhalés étaient identiques à l’exception du produit actif). Puis après une période de wash-out de 4 semaines, les groupes étaient inversés (cross-over). Les évaluations ont eu lieu à la semaine 5 pour la phase 1, puis à la semaine 9 et 14 pour la phase 2.
Comparé au placebo, l’ocytocine a entrainé des améliorations significatives sur l’un des deux critères primaires, à savoir l’interaction sociale évaluée par les professionnels de santé (p<0,01). De façon intéressante, quand le placebo a été administré en premier, une analyse statistique complémentaire a montré une relation linéaire de l’amélioration au cours du temps.
Dans la discussion, les auteurs interprètent cette linéarité comme un réel effet placebo – un effet bénéfique déclenché par les seules attentes du patient quant à l’action d’une prise en charge spécifique. Dans une récente méta-analyse, cette équipe australienne a d’ailleurs montré que l’effet placebo pouvait compter pour 47% de la réponse dans les études d’intervention pharmacologique et alimentaire dans l’autisme pédiatrique [5].
Les difficultés comportementales et émotionnelles des enfants (critère secondaire) ont, elles aussi, été améliorées de façon importante et significatives (p<0,001), d’après les professionnels de santé. Quant à l’appréciation clinique globale des expérimentateurs, elle a été significativement supérieure pour le groupe ocytocine vers placebo (72% vs 41%, P < 0,05).
En revanche, l'impact du traitement n’a été observé sur le deuxième critère primaire, à savoir la sévérité des gestes répétitifs.
De façon générale, le spray d’ocytocine a été bien toléré.
Les effets secondaires les plus fréquents étant la soif, et une plus grande propension à uriner de nuit comme de jour et la constipation. Ils ont été retrouvés chez deux fois plus d’enfants recevant l’ocytocine (10 mentions) que sous placebo (5 mentions).
Deux réactions sévères ont toutefois été rapportées en termes d’hyperactivité et d’agressivité chez 3 enfants, chez lesquels l’étude a été stoppée, tout comme ces comportements inhabituels.
Prise en charge multidisciplinaire
Il va de soi que « ces résultats demandent à être confirmés dans des études plus larges » notent les auteurs. La prochaine étape de leurs recherches sera de comprendre comment agit l’ocytocine au niveau des circuits cérébraux pour booster les comportements sociaux.
Car, aussi prometteuse soit-elle, l’ocytocine n’a pas vocation à être le traitement unique de l’autisme.
Pour le Pr Ian Hickie, ces travaux sont compatibles avec une prise en charge multidisciplinaire. « L’idée de pouvoir utiliser des traitements aussi simples pour potentialiser les effets bénéfiques à long terme d’autres modes de prise en charge (éducatifs, comportementaux ou faisant appel à la technologie) est très stimulant » a-t-il commenté [2].
La recherche a été principalement financée sur des fonds privés (issus de fondations) et partiellement sur des bourses du NHMRC et de la BUPA Health Foundation.
http://www.medscape.fr/voirarticle/3601938?nlid=91723_2401
mam