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Psychopathe ET névrosé
Pratiques systémiques de torture par les autorités afghanes, culture du secret au sein des forces armées canadiennes, tentatives de censure de la part de hauts fonctionnaires canadiens: l'ex-diplomate Richard Colvin a livré mercredi un témoignage troublant devant le comité parlementaire spécial sur l'Afghanistan, à Ottawa.
M. Colvin, qui travaille aujourd'hui à l'ambassade canadienne à Washington, a oeuvré pour le ministère canadien des Affaires étrangères à Kaboul, puis à l'ambassade canadienne à Kandahar pour une durée totale de 18 mois, en 2006-2007.
D'entrée de jeu, M. Colvin a affirmé devant les membres du comité que, selon les informations sur le terrain, les prisonniers remis aux autorités afghanes avaient probablement tous été torturés. Il a fait état de coups de fouets assénés avec des câbles électriques, de chocs électriques, de privations de sommeil, de soumissions à des températures extrêmes, de blessures à l'arme blanche, de sévices sexuels et de viols.
Pour les interrogateurs à Kandahar, il s'agissait d'une procédure normale.
Richard Colvin
Richard Colvin a en outre accusé les commandements civil et militaire canadiens d'avoir mis en place une structure légale et des politiques qui ont augmenté les risques associés aux transferts de prisonniers. M. Colvin a toutefois évité de blâmer les militaires canadiens pour cette situation. Il n'a pas non plus montré de doigt accusateur vers le premier ministre Harper ou ses ministres.
Au cours de son mandat en Afghanistan, il dit avoir envoyé 17 ou 18 rapports portant précisément sur les conditions de détention et les allégations de torture, en plus d'en avoir fait état verbalement. Dans certains cas, il est allé jusqu'à mettre 75 destinataires en copie, incluant des employés de ministères, dont celui des Affaires étrangères, et des organismes militaires.
En 2006, ses avertissements ont dans l'ensemble été ignorés. À partir de 2007, a-t-il ajouté, le numéro deux des Affaires étrangères, David Mulroney, l'a averti de ne plus consigner l'information sur papier mais d'en faire part au cours de conversations téléphoniques. Lors de l'arrivée d'un nouvel ambassadeur, en mai 2007, la documentation reliée aux détenus a été réduite et certains rapports ont été « censurés », expurgeant de l'information cruciale.
Lorsque j'en ai appris davantage sur les pratiques de détention, j'en suis venu à la conclusion qu'elles étaient contraires aux valeurs canadiennes, contraires aux intérêts du Canada, contraires aux politiques officielles du Canada et aussi contraires au droit international. Elles étaient non conformes à ce que défend le Canada, contreproductives et probablement illégales.
Richard Colvin
Les détenus transférés par les troupes canadiennes, a-t-il poursuivi, n'étaient pas des « cibles de grande valeur » comme des terroristes d'Al-Qaïda, des fabriquants de bombes ou des commandants afghans et la plupart n'avait « aucun lien avec l'insurrection ». Si certains pouvaient être des fantassins ou combattants, plusieurs n'étaient que des gens issus de la communauté locale « qui étaient là au mauvais moment ».
En d'autres mots, nous avons détenu et envoyé à la torture plusieurs innocents.
Richard Colvin
M. Colvin, qui travaille aujourd'hui à l'ambassade canadienne à Washington, a oeuvré pour le ministère canadien des Affaires étrangères à Kaboul, puis à l'ambassade canadienne à Kandahar pour une durée totale de 18 mois, en 2006-2007.
D'entrée de jeu, M. Colvin a affirmé devant les membres du comité que, selon les informations sur le terrain, les prisonniers remis aux autorités afghanes avaient probablement tous été torturés. Il a fait état de coups de fouets assénés avec des câbles électriques, de chocs électriques, de privations de sommeil, de soumissions à des températures extrêmes, de blessures à l'arme blanche, de sévices sexuels et de viols.
Pour les interrogateurs à Kandahar, il s'agissait d'une procédure normale.
Richard Colvin
Richard Colvin a en outre accusé les commandements civil et militaire canadiens d'avoir mis en place une structure légale et des politiques qui ont augmenté les risques associés aux transferts de prisonniers. M. Colvin a toutefois évité de blâmer les militaires canadiens pour cette situation. Il n'a pas non plus montré de doigt accusateur vers le premier ministre Harper ou ses ministres.
Au cours de son mandat en Afghanistan, il dit avoir envoyé 17 ou 18 rapports portant précisément sur les conditions de détention et les allégations de torture, en plus d'en avoir fait état verbalement. Dans certains cas, il est allé jusqu'à mettre 75 destinataires en copie, incluant des employés de ministères, dont celui des Affaires étrangères, et des organismes militaires.
En 2006, ses avertissements ont dans l'ensemble été ignorés. À partir de 2007, a-t-il ajouté, le numéro deux des Affaires étrangères, David Mulroney, l'a averti de ne plus consigner l'information sur papier mais d'en faire part au cours de conversations téléphoniques. Lors de l'arrivée d'un nouvel ambassadeur, en mai 2007, la documentation reliée aux détenus a été réduite et certains rapports ont été « censurés », expurgeant de l'information cruciale.
Lorsque j'en ai appris davantage sur les pratiques de détention, j'en suis venu à la conclusion qu'elles étaient contraires aux valeurs canadiennes, contraires aux intérêts du Canada, contraires aux politiques officielles du Canada et aussi contraires au droit international. Elles étaient non conformes à ce que défend le Canada, contreproductives et probablement illégales.
Richard Colvin
Les détenus transférés par les troupes canadiennes, a-t-il poursuivi, n'étaient pas des « cibles de grande valeur » comme des terroristes d'Al-Qaïda, des fabriquants de bombes ou des commandants afghans et la plupart n'avait « aucun lien avec l'insurrection ». Si certains pouvaient être des fantassins ou combattants, plusieurs n'étaient que des gens issus de la communauté locale « qui étaient là au mauvais moment ».
En d'autres mots, nous avons détenu et envoyé à la torture plusieurs innocents.
Richard Colvin