Je vous pose une question toute simple si vous me le permettez. L'enfant est-il asservi par ses parents ?
Je me permets de répondre à ceci même si cela ne m'était pas adressé. Oui, l'enfant est souvent asservi par ses parents. Il suffit de voir, encore aujourd'hui, les défenseurs de la fessée monter aux créneaux. Quand l'enfant n'obéit pas, on lui en mets une. Quand l'esclave n'obéissait pas, on lui en mettait une aussi.
Et bien sûr, lorsque la fessée survient, on explique surtout pas le pourquoi. Dans certaines familles très traditionalistes, la mère gère la maison au quotidien. Lorsqu'elle a besoin d'autorité "supérieure" (selon son point de vue), elle va voir le père pour lui dire que le fils ou la fille ne s'est pas comporté correctement, sans forcément expliquer plus que cela.
Le père se lève, va dans la chambre de l'enfant, lui en met une avec une phrase du type "et tu sais très bien pourquoi tu la mérite". Cette phrase est pas innocente. Elle indique que le père lui-même est incapable de donner une raison à son geste puisqu'il n'en a aucune de très précise. Il agit parce qu'il reproduit ce qu'on faisait avant.
Subit-il une humiliation à être subordonné à leur autorité ?
L'autorité et l'asservissement sont deux choses différentes. L'autorité fait nécessairement appelle à la notion de légitimité de cette autorité. Elle est consentie par celui qui obéit parce qu'il reconnait, de manière consciente ou non, que l'individu auquel il obéit possède des qualités (morales / savoirs au sens large / etc...) dont il a besoin.
Bref, l'autorité est consenti. Lorsqu'elle est imposée, cela devient de l'autoritarisme. C'est la différence entre un flic qui dit "je représente, du mieux que je peux, l'exercice et la protection de la loi et des citoyens" et celui qui dit "Tu dois me respecter parce que je suis flic".
Sa valeur, en tant qu'être humain, s'en trouve t-elle minorée ?
A mon sens, oui. Le nombre de choses qu'on empêche à l'enfant de faire sous prétexte d'autorité est assez hallucinante quand même. Je ne parle pas ici, bien sûr, de ce qui mettrait en danger son intégrité physique ou psychique. Je parle simplement du fait qu'on interdit souvent pour des raisons qui sont subjectives et non objectives.
Un catholique impose à son enfant sa religion par le baptême, sans qu'il ait le choix. Un parent ayant évolué dans un milieu sexiste reproduit les mêmes schémas en empêchant l'enfant d’accéder à des activités / loisirs / jeux qui sont considérer comme "n'étant pas de son sexe". Etc...
Je ne parle pas ici d'être laxiste, bien au contraire. Mais du simple fait de gagner le droit de l'autorité sur son enfant. Cette autorité qu'il donne à son parent et non que le parent exige de l'enfant.