Valls refuse le traité Tafta en l'état et demande des garanties
Alors que la 13e session de négociations a démarré lundi à New York, le premier ministre s'est voulu «très clair»: le traité, qui vise à supprimer les barrières douanières et règlementaires entre les États-Unis et l'UE, «ne pourra pas aboutir s'il n'apporte pas les garanties que le niveau d'exigence que nous avons en France pour la santé et l'environnement de nos concitoyens sera maintenu». Et de souligner: «Aujourd'hui, nous sommes trop loin du compte».
À peu près au même moment, devant l'Assemblée nationale, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll répétait un message identique: «Il n'y aura aucun droit donné à la remise en cause» des indications géographiques protégées (IGP), «qui sont la caractéristique de notre agriculture».
Pas question pour le ministre que ces IGP, véritables trésors du terroir (roquefort, cognac, brie, chablis...), deviennent de vulgaires noms génériques. «Sur les grandes questions de normes sanitaires, si nous n'obtenons pas les garanties nécessaires, il n'y aura pas de traité transatlantique. Les choses sont claires», a insisté Stéphane Le Foll.
Le secrétaire d'État au Commerce extérieur, Matthias Fekl, qui suit les négociations pour la France, a de son côté estimé que la possibilité de conclure un accord «s'éloign(ait)». «Il n'y a pas de frénésie ni française ni européenne à signer à n'importe quel prix, n'importe quoi», a-t-il assuré.
La France «peut toujours dire non»
François Hollande Ce véritable tir de barrage français se produit au lendemain d'une visite en Allemagne du président américain, qui a plaidé avec Angela Merkel en faveur d'une conclusion rapide. La chancelière Merkel lui a fait écho en déclarant qu'il fallait «utiliser la chance» de cette «fenêtre de tir serrée».
Gauche et droite au diapason
Au-delà du gouvernement, la défiance à l'égard du Tafta est très grande dans la classe politique, gauche et droite pour une fois confondues. Un tel traité ne saurait «porter atteinte ni à notre souveraineté, ni à nos standards sanitaires, écologiques et sociaux, ni à la croissance de nos entreprises», a souligné le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
«Ce traité est négocié dans notre dos. C'est un scandale démocratique. 

Nous n'en avons jamais vu une seule ligne», tempêtait début mars Bruno Le Maire (Les Républicains), candidat à la primaire pour 2017. «Le gouvernement français doit stopper ces négociations et refuser ce projet ainsi que son frère jumeau, l'accord CETA avec le Canada», a lancé lundi le cofondateur du Parti de Gauche et candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon. Quant au Front national, il réclame un «retrait pur et simple» de la France des négociations.
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