Après la cession de 20% de la Banque Centrale Populaire et la vente de la Société des Sels de Mohammedia, lEtat, à la surprise générale, fait marche arrière sur la privatisation des 7 de ses 30% de Maroc Telecom. Cette volte-face relance le débat sur les solutions envisagées par le gouvernement pour sauver les finances publiques dont le déficit ne cesse de salourdir.
La fin de l'année 2011 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices pour Salahedine Mezouar.
LEtat marocain devrait conserver ses 30% de parts dans le capital de Maroc Telecom, leader historique du marché de la téléphonie au Maroc. La nouvelle nest pas encore officielle à lheure où nous publions, mais elle est déjà confirmée par des sources dans le monde de la finance. En effet, ce vendredi 12 août, les établissements bancaires de la place ont reçu un fax du ministère des Finances leur informant de lannulation de lopération de privatisation de Maroc Telecom. Aucune explication na été donnée aux banquiers dont certains se plaignent déjà d'être « considèré comme des gamins » par le gouvernement.
Cette privatisation devait concourir, conformément aux dispositions de la Loi de Finances de 2011, à alimenter le Fonds Hassan II pour le développement économique et social ainsi que le Fonds de promotion des investissements souverains (en attente de création). En somme, 8 à 9 milliards de dirhams pour renflouer les caisses de lEtat dont le déficit ne cesse de se creuser. Selon le Fonds monétaire international, ce déficit devrait sétablir cette année à 5,7% du PIB en raison de plusieurs imprévus, contre 4,5% prévu par le gouvernement.
Contexte difficile
Le renchérissement des prix des matières premières, avec un baril que lEtat avait calculé à 75 dollars et qui se négocie au-delà des 100 dollars, figure parmi ces imprévus justifiant ce déficit. Les révoltes dans le monde arabe sont également venues assombrir la situation, poussant le gouvernement à faire de lourds sacrifices au niveau national. Près de 4500 diplômés chômeurs ont ainsi été embauchés dans la fonction publique suite au déclenchement des manifestations au Maroc à lappel du Mouvement du 20 février. Dans sa dynamique de calmer la grogne sociale, le gouvernement marocain a aussi augmenté les salaires des fonctionnaires. Autant de mesures coûteuses qui justifiaient la vente de certains bijoux de la famille pour renflouer les caisses.
Autre souci en perspective, la situation très défavorable sur les marchés internationaux, malmenés depuis quelques temps par la crise de la dette des pays occidentaux. Le Maroc peut difficilement bénéficier de conditions aussi favorables que l'année dernièr lors de lemprunt obligataire international dun milliard deuros, au vu du marasme financier actuel. La situation du marché intérieur na rien de réjouissant non plus, caractérisée par un assèchement de liquidités depuis quelques années.