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La Coupe du monde : un enjeu politique et économique pour les états ?
Dès la première édition de la Coupe du monde disputée en 1930, les États ont manifesté leur intérêt, voire leur soutien, à l’organisation de la plus prestigieuse des compétitions de football. Après avoir été plébiscitée par le Congrès de la FIFA en 1929, la Fédération uruguayenne trouva ainsi un précieux auxiliaire en la personne d’Enrique E. Buero, ambassadeur de l’Uruguay en Belgique. Ce dernier parcourut l’Europe et fit marcher son carnet d’adresse pour convaincre les équipes nationales européennes de traverser l’Atlantique. Il est vrai que l’événement sportif coïncidait avec le centenaire de l’indépendance de la « Suisse » de l’Amérique du Sud. La municipalité de Montevideo baptisa l’enceinte de 100 000 places construite pour l’occasion estadio centenario.
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Le ton était donné. Pour autant, la compétition initiée par le Français Henri Delaunay et promue par son compatriote Jules Rimet a-t-elle, depuis, suscité une si grande sollicitude de la part des gouvernements ? Quels profits réels et symboliques les États peuvent-ils attendre de l’organisation d’une telle manifestation ?
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La réponse se doit d’être nuancée. En effet, les 18 éditions qui se sont tenues jusqu’à nos jours se sont déroulées dans des contextes fort différents : d’abord, celui du football et de son développement ; ensuite, celui des médias : l’irruption de la télévision à partir de 1954 (Suisse) et surtout 1966 (Angleterre) a considérablement changé la donne en soumettant l’épreuve sportive à une exposition nouvelle. L’environnement géographique, politique et financier a également été déterminant, même si les profits réels, en termes économiques notamment, ne sont pas facilement quantifiables.
Jeux olympiques et Coupe du monde : avantages comparés
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La décision de mettre sur pied une Coupe du monde a été prise par la FIFA en 1928 sur fond de conflit entre l’organe directeur du football et le Comité international olympique. Ce dernier refusait de faire la moindre concession sur la question du professionnalisme, alors que les meilleurs joueurs de la planète étaient censés participer au tournoi olympique de football. Quant aux dirigeants de la FIFA, ils se montraient désireux de se réserver les bénéfices des joutes footballistiques qui représentaient environ un tiers des recettes totales de chaque Olympiade [1][1] P. Dietschy, Histoire du football, Paris, Perrin, 2010,.... Dès 1930, la Coupe du monde s’intercalerait donc entre deux Jeux olympiques. La concurrence n’était pas évidente, bien que les deux événements majeurs du sport mondial se targuent aujourd’hui de rassembler le plus grand nombre de téléspectateurs en termes d’audience télévisée cumulée [2][2] Ainsi, la Coupe du monde 2006 disputée en Allemagne....
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Quoi qu’il en soit, même si l’aide de l’État est nécessaire au bon déroulement des deux compétitions, leur organisation engage les pouvoirs publics de plusieurs façons. Le stade olympique est tout d’abord un must, la carte de visite de toute une nation, comme l’a encore illustré le Nid d’oiseau des Jeux de Pékin. De leur côté, les organisateurs des Coupes du monde n’ont pas hésité à réemployer des édifices ayant déjà marqué l’histoire du football, comme Wembley à Londres (1966), le Monumental à Buenos Aires (1978) ou les stades olympiques de Munich (1972) ou de Berlin (2006). Nul fétichisme du stade pour les Coupes du monde par conséquent même si certaines enceintes ad hoc ont pu être construites comme le Maracanã (1950) ou le Stade de France (1998).
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Du point de vue de l’investissement et de la logistique, les Jeux restent sans doute plus complexes à organiser dans la mesure où des équipements de nature très variée sont conçus pour accueillir des sports d’eau ou des sports de salle (gymnastique et divers sports collectifs). De même, l’existence d’épreuves de voile et… de tournois de football suppose une dispersion des équipements sportifs sur le territoire. Une dispersion que l’on retrouve, certes, dans les Coupes du monde de football, qui accueillent quelques 32 équipes et comptabilisent 64 matchs répartis dans 12 stades comme en Allemagne (2006). Si l’utilisation du territoire national suppose une logistique irréprochable, elle permet toutefois de promouvoir l’espace national à l’étranger.
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