Le Maroc refuse le retour d’un exilé politique

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion amsawad
  • Date de début Date de début

amsawad

Tayri nem tuder g-ul inu
Avant Chakib El-Khyari, ce militant rifain condamné à trois ans de prison ferme pour avoir dénoncé la complicité de hautes sphères de l’Etat avec le trafic de drogue, il y a eu le cas « Hamid Naïmi » du nom d’un journaliste et directeur de publication d’un hebdomadaire arabophone de Nador.
C’est une histoire méconnue mais qui est révélatrice des rancœurs tenaces que peut avoir l’Etat contre certains de ses citoyens.
L’histoire de Hamid Naïmi commence en 1998 quand ce jeune rifain fonde à Nador un hebdomadaire régional, Kawalis Rif. Dès le premier numéro, il se met à dénoncer la corruption endémique dans cette région frontalière et les détournements de fonds publics par de hauts fonctionnaires ou des proches du pouvoir.

Mais bientôt, M. Naïmi commence à recevoir des menaces de mort. Au début elles sont feutrées puis au fur et à mesure elles deviennent directes. En l’an 2000, Naïmi se fait agresser en plein jour. Il reçoit deux coups de couteau à l’intérieur d’une librairie, l’un au visage et l’autre dans le dos. Cette « tentative de meurtre » sera, selon lui, suivie d’une autre. Cette fois l’agression a lieu dans l’enclave espagnole de Melillia où les habitants de Nador ont l’habitude de se rendre pour faire du shopping. « Là, on m’a carrément tiré dessus », explique-t-il aujourd’hui.

Mais ce n’était pas fini. Pour le faire taire définitivement, la justice marocaine le condamne 40 fois (sic) pour « diffamation » en l’espace d’une semaine, et au versement de 400 000 DH, entre dommages et intérêts et amendes.

Il est en plus condamné à 3 ans de prison ferme. La même peine qui sera imposée quelques années plus tard à un certain Chakib El Khyari.

En 2005, voyant son appel rejeté par la justice, il s’enfuit avec son épouse en Allemagne puis s’installe en France, dans la région toulousaine, où il obtient l’asile politique, octroyé au compte-gouttes aux exilés marocains pour ne point déplaire aux autorités chérifiennes.

Aujourd’hui, après six ans d’exil, Naïmi, qui estime que sa défense de l’autonomie du Rif y est pour beaucoup dans ses déboires, veut retourner chez lui à Nador. L’année dernière, après des mois de négociations avec des « représentants des services », selon son expression, il obtient le feu vert pour rentrer au Maroc avec la garantie qu’il ne souffrira pas de représailles.

Mais quelques jours avant son départ, les mêmes « représentants des services » le préviennent qu’il n’a pas intérêt à mettre les pieds au Maroc. Il y renonce, et comme font des dizaines de milliers de marocains qui croient en la providence chérifienne, il écrit au roi pour lui demander la grâce. En vain. Dans les cas politiques, le souverain alaouite n’octroie sa grâce que parcimonieusement. Contrairement aux autres cas, quand il s’agit par exemple de gros bonnets de la drogue ou du crime organisé. Pour exemple, le militant des droits de l’homme Chakib El Khyari végète en prison depuis plus de deux ans alors qu’il a, comme on le lui a conseillé, adressé une demande de grâce à l ‘autocrate alaouite.

Hamid Naïmi fait partie des derniers exilés politiques marocains qui ne peuvent pas revenir chez eux. Pourtant, d’autres, nombreux, qui avaient essayé d’abattre le régime par les armes dans les années 70 sont aujourd’hui installés définitivement au Maroc et même, pour certains, fonctionnaires de l’Etat.

C’est vrai aussi qu’ils ne sont pas journalistes.

Source : bouyafar
 
Retour
Haut