didadoune
VIB
Le siège de Jaffa eut lieu du 3 au 7 mars 1799 pendant le campagne d'Égypte. L'armée de Bonaparte y défait les forces Ottomanes de Djezzar Pacha. Tôt le matin du 7 mars, Bonaparte envoie un émissaire pour exiger la reddition de la ville. Celui-ci est décapité.
Du 7 au 10 mars, les assiégés sont exécutés à la baïonnette, les habitants sont massacrés pendant trois jours "au point que certains officiers ont été obligés de sabrer leurs propres soldats pour leur faire lâcher prise".
Apercevant les quelque 3 000 prisonniers ottomans, Bonaparte se serait écrié :
- « Que veulent-ils que je fasse de tant de prisonniers ? Ai-je des vivres pour les nourrir, des bâtiments pour les déporter ? Que diable m'ont-ils fait là ? » (Histoire scientifique et militaire de l'expédition française en Égypte.)
Pendant trois jours et deux nuits, le massacre de la population civile, le pillage et les viols se poursuivent.
Malgré la promesse de les épargner lors de leur reddition, les 3 000 prisonniers sont exécutés. Bonaparte, pour économiser les munitions, a ordonné une exécution à l'arme blanche sur la plage de Jaffa. Le célèbre passage des Mémoires d'Outre-Tombe, où Chateaubriand visitant la plage de Jaffa, dit : "J'ai vu cette plage, j'ai vu l'aile de l'hirondelle du printemps frôler ce sable encore poisseux du sang des victimes". On a des récits effrayants de ce qu'a été l'exécution qui a duré trois jours.
Bonaparte s'est chargé lui-même de faire l'apologie du massacre dans des proclamations adressées aux populations locales et à ses ennemis, leur disant :
"C'est la preuve que le prophète est avec moi et que rien ne peut me résister. La preuve : ces prisonniers sont morts".
En France, il fut interdit de parler de ce massacre dès la prise du pouvoir par Bonaparte. Ce n'est que sous la Restauration, après sa chute, que le sujet est sorti et est devenu l'objet d'un débat très important. Globalement, l'épisode est apparu comme un signe de la perversité et de la monstuosité de l'empereur et n'a trouvé qu'un seul défenseur, mais illustre : Stendhal, qui est le seul apologiste du massacre de Jaffa. Puisque dans sa Vie de Napoléon, Stendhal explique que Bonaparte n'a fait que son devoir en tuant ces prisonniers, qu'il s'est conformé aux principes du droit naturel et du droit des gens qui spécifie que les défenseurs d'une place prise d'assaut ayant refusé d'obtempérer aux sommations doivent être passés au fil de l'épée et qu'ensuite, Bonaparte s'est comporté en père de son armée, en père pour ses soldats, puisque en tuant ses ennemis parjures il sauvait la vie de ses soldats qui auraient retrouvé un jour ou l'autre ses ennemis devant eux.
Le parallèle qui revient le plus souvent dans la correspondances des soldats qui ont participé à l'expédition d'Egypte, c'est l'assimilation entre les Ottomans ou les populations autochtones en général et les Vendéens. Tous le disent : "en Egypte on s'est retrouvés comme en Vendée".
Et il n'y aura uniquement que deux autres cas où l'assimilation sera faite, c'est quand les Français interviendront en Espagne face à des guerillas et lorsque les Français envahiront la Russie. Paysans russes, guerilleros espagnols et les Egyptiens en général, les Turcs comme on disait, sont perçus comme de nouveaux Vendéens, c'est-à-dire comme des gens existant en dehors de la société et donc n'étant pas justiciables de la protection des lois.
En Egypte, on est hors d'Europe, mais en Espagne aussi parce que Voltaire et tous les Philosophes avaient véhiculé une image de l'Espagne comme morceau d'Afrique intégré au coeur de l'Europe. Il y a ce mot dans une lettre d'un diplomate, ambassadeur à Madrid : "Il n'y a absolument rien affaire avec ces gens, ce sont des africains en Europe". Le même sentiment se produisit lorsque les Français entrèrent en Russie où ils perçurent la paysannerie russe (d'où les atrocités) comme des gens d'une autre espèce existant aux marges de la civilisation.
Patrice Gueniffey explique qu'en réalité ce qu'on appelle le massacre de Jaffa n'est qu'un nouvel épisode d'un massacre qui a commencé avec l'assaut contre Alexandrie le jour même du débarquement.