Le minaret est tombé, on a pendu le coiffeur

Bladi

Webmaster
Administrateur
Ah ! S'ils pouvaient être invisibles, sans odeurs, sans couleurs, silencieux et si possible transparents ! Leur religion, ils la pratiqueraient chez eux, sans faire de bruit, et surtout repliés sur eux-mêmes. La foi étant intérieure, ils n'auraient besoin ni de mosquée et encore moins de minarets. Ce serait l'idéal. Des immigrés parfaits. Rien ne serait dérangé dans le paysage.
D'accord, pas d'accord ?

Ils travailleraient de nuit de préférence pour ne pas déranger les braves citoyens qui dorment. Leurs femmes ne feraient pas d'enfants, parce qu'avant d'arriver là, elles se seraient fait ligaturer les trompes. Ce serait une présence si légère, si discrète que personne ne remarquerait rien et n'aurait surtout rien à leur reprocher. Ni voile, ni burqa, ni exaspération, ni racisme. Mais alors que ferait le Front national ? Privé de ce thème riche en peurs et en inquiétudes, il serait capable de protester contre cette absence de visibilité. Il réclamerait que leur présence soit grotesque, dérangeante, brutale et insupportable.

Avant, au début des années 1970, les immigrés n'existaient pas. Ils étaient là, travaillaient durement, mais on ne les voyait pas et on ne parlait jamais d'eux. Ils vivaient dans des cités de transit, loin des villes, loin des grands boulevards. Mais les Arabes sont incorrigibles ! Voilà qu'en 1973, ils sortent l'arme du pétrole. On a appelé cela "le choc pétrolier". Une descente dans les quartiers pourris de Marseille une nuit s'était soldée par une dizaine de morts, tous immigrés, tous maghrébins.

Tout d'un coup, les immigrés sont apparus dans les médias. Certains journaux évoquaient leurs conditions de vie, d'autres réclamaient leur renvoi pour répondre au président algérien Houari Boumediene. Je me souviens d'un éditorial de Jean Dutourd en première page de France Soir où il incitait les pouvoirs publics à des représailles. On aurait dû l'écouter et les renvoyer tous ; la France se serait développée toute seule, sans l'aide d'une main-d'oeuvre venue des anciennes colonies.

Depuis, ils ne cessent d'exister à leur corps défendant. Ils sont là, pas plus nombreux qu'il y a quarante ans, mais avec des enfants, lesquels sont de fait des Français d'un autre type, non reconnus, non considérés. Alors, face à ce refus, face à la discrimination, le repli. Même ceux qui ne faisaient pas grand cas de leur religion se sont mis à la revendiquer et à en faire une culture, une morale et une identité. Le reste allait vite prendre des proportions inquiétantes. Le fanatisme allait s'engouffrer dans cette brèche. Le dialogue entre l'immigration et la France est devenu un choc des ignorances. Les amalgames, le racisme ordinaire planqué dans l'inconscient collectif, le malheur et le malaise se sont installés dans le pays, et ce depuis longtemps.

L'homme et le chagrin

La vérité a des racines dans la souffrance d'une guerre et d'une mémoire encore meurtrie. Comme dit Herman Melville, "quand elle est exprimée sans compromis, la vérité a toujours des bords déchiquetés". C'est ce que devrait faire la France qui refoule l'assainissement de son histoire récente et continue de repousser cette vérité qu'il faudra bien un jour aborder. L'Algérie sombre dans la déchirure et le mal-être. La France ne sait pas lui parler et croit rendre service au peuple algérien en étant complice de ses dirigeants impopulaires et incompétents.

Mais le problème est peut-être dans ce grand malaise où, entre l'homme et le chagrin, les deux Etats choisissent le chagrin. Des millions d'hommes et de femmes sont immigrés dans ce pays et n'arrivent pas à annuler leur corps, leur apparence physique ni leurs désirs pour supporter de vivre dans une société qui ne les accepte pas tout à fait. Leurs enfants, dont certains (40 %, paraît-il) condamnés au chômage et aux dérives de la délinquance font du tapage, perturbent l'ordre, crient leur désespoir.

Alors mosquées, minarets, voile, burqa et bien d'autres signes extérieurs de présence deviennent très secondaires et ne parlent pas pour les laissés-pour-compte. L'immigration rêvée ne tient pas ses promesses. Elle envahit la scène et voilà que la France se demande ce qu'elle a fait pour mériter l'invasion turbulente d'une culture où tout l'énerve et l'exaspère.


Tahar Ben Jelloun

http://www.lemonde.fr/opinions/arti...ffeur-par-tahar-ben-jelloun_1283133_3232.html
 

harissagirl

Quidquid latine dictum sit, altum sonatur
VIB
Ah ! S'ils pouvaient être invisibles, sans odeurs, sans couleurs, silencieux et si possible transparents ! Leur religion, ils la pratiqueraient chez eux, sans faire de bruit, et surtout repliés sur eux-mêmes. La foi étant intérieure, ils n'auraient besoin ni de mosquée et encore moins de minarets. Ce serait l'idéal. Des immigrés parfaits. Rien ne serait dérangé dans le paysage.
D'accord, pas d'accord ?

Ils travailleraient de nuit de préférence pour ne pas déranger les braves citoyens qui dorment. Leurs femmes ne feraient pas d'enfants, parce qu'avant d'arriver là, elles se seraient fait ligaturer les trompes. Ce serait une présence si légère, si discrète que personne ne remarquerait rien et n'aurait surtout rien à leur reprocher. Ni voile, ni burqa, ni exaspération, ni racisme. Mais alors que ferait le Front national ? Privé de ce thème riche en peurs et en inquiétudes, il serait capable de protester contre cette absence de visibilité. Il réclamerait que leur présence soit grotesque, dérangeante, brutale et insupportable.

Avant, au début des années 1970, les immigrés n'existaient pas. Ils étaient là, travaillaient durement, mais on ne les voyait pas et on ne parlait jamais d'eux. Ils vivaient dans des cités de transit, loin des villes, loin des grands boulevards. Mais les Arabes sont incorrigibles ! Voilà qu'en 1973, ils sortent l'arme du pétrole. On a appelé cela "le choc pétrolier". Une descente dans les quartiers pourris de Marseille une nuit s'était soldée par une dizaine de morts, tous immigrés, tous maghrébins.

Tout d'un coup, les immigrés sont apparus dans les médias. Certains journaux évoquaient leurs conditions de vie, d'autres réclamaient leur renvoi pour répondre au président algérien Houari Boumediene. Je me souviens d'un éditorial de Jean Dutourd en première page de France Soir où il incitait les pouvoirs publics à des représailles. On aurait dû l'écouter et les renvoyer tous ; la France se serait développée toute seule, sans l'aide d'une main-d'oeuvre venue des anciennes colonies.

Depuis, ils ne cessent d'exister à leur corps défendant. Ils sont là, pas plus nombreux qu'il y a quarante ans, mais avec des enfants, lesquels sont de fait des Français d'un autre type, non reconnus, non considérés. Alors, face à ce refus, face à la discrimination, le repli. Même ceux qui ne faisaient pas grand cas de leur religion se sont mis à la revendiquer et à en faire une culture, une morale et une identité. Le reste allait vite prendre des proportions inquiétantes. Le fanatisme allait s'engouffrer dans cette brèche. Le dialogue entre l'immigration et la France est devenu un choc des ignorances. Les amalgames, le racisme ordinaire planqué dans l'inconscient collectif, le malheur et le malaise se sont installés dans le pays, et ce depuis longtemps.

L'homme et le chagrin

La vérité a des racines dans la souffrance d'une guerre et d'une mémoire encore meurtrie. Comme dit Herman Melville, "quand elle est exprimée sans compromis, la vérité a toujours des bords déchiquetés". C'est ce que devrait faire la France qui refoule l'assainissement de son histoire récente et continue de repousser cette vérité qu'il faudra bien un jour aborder. L'Algérie sombre dans la déchirure et le mal-être. La France ne sait pas lui parler et croit rendre service au peuple algérien en étant complice de ses dirigeants impopulaires et incompétents.

Mais le problème est peut-être dans ce grand malaise où, entre l'homme et le chagrin, les deux Etats choisissent le chagrin. Des millions d'hommes et de femmes sont immigrés dans ce pays et n'arrivent pas à annuler leur corps, leur apparence physique ni leurs désirs pour supporter de vivre dans une société qui ne les accepte pas tout à fait. Leurs enfants, dont certains (40 %, paraît-il) condamnés au chômage et aux dérives de la délinquance font du tapage, perturbent l'ordre, crient leur désespoir.

Alors mosquées, minarets, voile, burqa et bien d'autres signes extérieurs de présence deviennent très secondaires et ne parlent pas pour les laissés-pour-compte. L'immigration rêvée ne tient pas ses promesses. Elle envahit la scène et voilà que la France se demande ce qu'elle a fait pour mériter l'invasion turbulente d'une culture où tout l'énerve et l'exaspère.


Tahar Ben Jelloun

http://www.lemonde.fr/opinions/arti...ffeur-par-tahar-ben-jelloun_1283133_3232.html

c est vrai que l idée que le foulard par exemple ne dérangeait personne il y a peu chez les mamans maghrébines ou les mamans noires en boubou qui travaillaient comme femme de ménage par exemple m a toujours interpellée . Ca doit etre une question de visibilité , ces femmes là se fondant ds le décor en quelque sorte .
 

Nakame

VIB
J'ai lu également quelques réactions très lucides et sensées !!

Tout le monde n'est pas ***, tout le monde n'est pas raciste, tout le monde ne se victimise pas,.........

Faut pas tout prendre au 1er degré mais quand je lis un commentaire affirmant que c'est la France qui a fait l'Algérie et les Algériens sachant que j'entends encore souvent cela 60 ans après, ca fait peur.

Après je fais confiance aux Français, ils sont encore nombreux à rester censés sur cette question
 

FPP75

VIB
Faut pas tout prendre au 1er degré mais quand je lis un commentaire affirmant que c'est la France qui a fait l'Algérie et les Algériens sachant que j'entends encore souvent cela 60 ans après, ca fait peur.

Après je fais confiance aux Français, ils sont encore nombreux à rester censés sur cette question

Comme il fait peur le racisme d'une bonne partie des maghrébins !

Je préfére lire les commentaires de ce type, ils sont plus constructifs !


Bertrand W.
21.12.09 | 09h06
bon article sur un problème de fond: les français sont majoritairement racistes!

PHILIPPE L.
21.12.09 | 07h50
Une société qui n'accueille pas et qui refuse d'intégrer des personnes qui en font déjà partie. Il y a beaucoup de questions à se poser, et chacun, sur la responsabilité que nous avons dans cet état de fait. Il faut aussi arrêter de se gargariser avec le modèle républicain et le mythe du creuset français. Il est temps de réagir en profondeur et finir de se battre contre des minarets comme d'autres affrontaient des moulins ...
 
Faut pas tout prendre au 1er degré mais quand je lis un commentaire affirmant que c'est la France qui a fait l'Algérie et les Algériens sachant que j'entends encore souvent cela 60 ans après, ca fait peur.
C'est marrant parce qu'en France on entend le contraire : c'est les maghrébins et sénégalais qui ont sauvé la France et c'est les maghrébins qui ont fait la France.
:langue:
 
..... finir de se battre contre des minarets comme d'autres affrontaient des moulins ...

C'est une très belle metaphore qui reflète le climat d'aujourd'hui hui dans la majorité des pays d Europe.
En France on parle souvent de la décision suisse mais on ne parle jamais de comment les pays scandinaves ont intégré les étrangers.
Très bon article de TBJ dommage, qu'il n a pas assez approfondi ce sujet quand il vivait encore en France
 

h_meo

lien France Palestine
VIB
Cette phrase à elle seule résume le problème
Le dialogue entre l'immigration et la France est devenu un choc des ignorances. Les amalgames, le racisme ordinaire planqué dans l'inconscient collectif, le malheur et le malaise se sont installés dans le pays, et ce depuis longtemps.

Des ignorances qui refusent d'être comblées de part et d'autre ...
 
ce qui moi me frappe au premier abord , c'est le vide absolu de cette tribune de tbj
y a aucune réflexion ou perspective nouvelle , tous ça c'est du vu du revu
et n'importe quel bladinaute est capable de faire le meme bilan
on en attend un petit plus d'un "intellectuel "
 
ce qui moi me frappe au premier abord , c'est le vide absolu de cette tribune de tbj
y a aucune réflexion ou perspective nouvelle , tous ça c'est du vu du revu
et n'importe quel bladinaute est capable de faire le meme bilan
on en attend un petit plus d'un "intellectuel "

peut être qu'on est tous plus ou moins des intellectuels ici et qu'on a élevé le niveau de sorte que même les esprits les plus brillants paraissent anodins voilà tout.....
 

h_meo

lien France Palestine
VIB
ce qui moi me frappe au premier abord , c'est le vide absolu de cette tribune de tbj
y a aucune réflexion ou perspective nouvelle , tous ça c'est du vu du revu
et n'importe quel bladinaute est capable de faire le meme bilan
on en attend un petit plus d'un "intellectuel "

bah quoi il réinvente la poudre au yeux : il ne fait que mettre des mots sur cette réalité que seuls s'affrontent les ignorants .. qui font des victime collatérale : la PAIX
 
Cette phrase à elle seule résume le problème
Le dialogue entre l'immigration et la France est devenu un choc des ignorances. Les amalgames, le racisme ordinaire planqué dans l'inconscient collectif, le malheur et le malaise se sont installés dans le pays, et ce depuis longtemps.

Des ignorances qui refusent d'être comblées de part et d'autre ...

j'ai apprécié le meme passage, mais surtout la phrase d'avant qui est trés vraie, et à mon avis l'origine de pas mal de maux...

Même ceux qui ne faisaient pas grand cas de leur religion se sont mis à la revendiquer et à en faire une culture, une morale et une identité. Le reste allait vite prendre des proportions inquiétantes. Le fanatisme allait s'engouffrer dans cette brèche

ps: quelqun peut m'expliquer le titre, ??? que vient faire le coiffeur ici et pourquoi on l'aurait pendu le pauvre?? yakma c'est une expression et la bledarde que je suis ne la connait pas :D
 
j'ai apprécié le meme passage, mais surtout la phrase d'avant qui est trés vraie, et à mon avis l'origine de pas mal de maux...



ps: quelqun peut m'expliquer le titre, ??? que vient faire le coiffeur ici et pourquoi on l'aurait pendu le pauvre?? yakma c'est une expression et la bledarde que je suis ne la connait pas :D

ta7t ssem3a 3all9ou l7ajjam :langue:
 
bah quoi il réinvente la poudre au yeux : il ne fait que mettre des mots sur cette réalité que seuls s'affrontent les ignorants .. qui font des victime collatérale : la PAIX

qui pensait vraiment que l'islam importé du maghreb et d'afrique pouvait s'acclimater sans problèmes dans un univers occidental basé sur une culture ,une philosophie et une tradition religieuse sinon contradictoire tout du moins extremement différente ???
c'était dans la nature des choses cette rencontre provoque des étincelles et des départs de feux , le plus important c'est d'endiguer cela pour que ca ne prennent pas des proportions qui détruirait la societé dans son ensemble
cela demande de remettre les choses a plat , de mettre des mots sur les désaccords et sur les problemes sans tabou et ensuite seulement de reconstruire un pacte social et de l'appliquer avec fermeté et sans indulgence pour ceux qui voudrait le contester de nouveau
 

tarrast

enfer ou paradis
intervention stérile de TBJ, à l'epoque beaucoup croayai revenir au "bled" une fois leur tache accompli ( d'ailleur beaucoup l'on fait).

le probleme est simple : il n'y a pas de probleme. De tout temps les génération issue d'immigration ont eu du mal à s'intégré, c'est avec le temps que cela devient plus facile mais aujourd'hui, les outils de communication ont une telle force qu'il est facile de mettre en avant des situation normale que seule le temps peut gérer, a force d'en parler, on creer un problème, et tout ce tapage médiatiques depuis des dizaines d'années ne fait qu'aggraver un problème qui se serait résolu depuis longtemps si les medias et les politiques auraient eu d'autres chats à fouetter.
 
ce qui moi me frappe au premier abord , c'est le vide absolu de cette tribune de tbj
y a aucune réflexion ou perspective nouvelle , tous ça c'est du vu du revu
et n'importe quel bladinaute est capable de faire le meme bilan
on en attend un petit plus d'un "intellectuel "

si tu veux un vrai débat, violent, passionné, profond et argumenté sur l'identité nationale, lis ça: l'intégral du débat entre Alain Badiou et Alain Finkielkraut dans le nouvel obs...c'est pas un débat mais un combat de très haut niveau..

http://bibliobs.nouvelobs.com/20091217/16522/finkielkraut-badiou-le-face-a-face
 
intervention stérile de TBJ, à l'epoque beaucoup croayai revenir au "bled" une fois leur tache accompli ( d'ailleur beaucoup l'on fait).

le probleme est simple : il n'y a pas de probleme. De tout temps les génération issue d'immigration ont eu du mal à s'intégré, c'est avec le temps que cela devient plus facile mais aujourd'hui, les outils de communication ont une telle force qu'il est facile de mettre en avant des situation normale que seule le temps peut gérer, a force d'en parler, on creer un problème, et tout ce tapage médiatiques depuis des dizaines d'années ne fait qu'aggraver un problème qui se serait résolu depuis longtemps si les medias et les politiques auraient eu d'autres chats à fouetter.

je suis d'accord avec toi.....pour une fois :eek:
 

FPP75

VIB
si tu veux un vrai débat, violent, passionné, profond et argumenté sur l'identité nationale, lis ça: l'intégral du débat entre Alain Badiou et Alain Finkielkraut dans le nouvel obs...c'est pas un débat mais un combat de très haut niveau..

http://bibliobs.nouvelobs.com/20091217/16522/finkielkraut-badiou-le-face-a-face

Excellent débat
J'adore le passage suivant :

On parle toujours, notamment Alain Finkielkraut, du sang que les autres, les « totalitaires », comme il dit, ont sur les mains. Mais « l'identité nationale » a donné en la matière les plus formidables exemples. Pour trouver une boucherie aussi dépourvue de tout sens et atroce que celle de 14-18, il faut se lever de bonne heure. Or elle était strictement articulée sur l'identité nationale, c'est ça qui a fait marcher les gens. Il est très clair que l'identité nationale, référée à une mémoire non divisée et à un consentement héréditaire et familial, n'est que le retour aux catégories fatiguées de la tradition, et ne prépare que la guerre, intérieure contre les « mauvais français », extérieure contre « les autres ». Le débat d'opinion est aujourd'hui entre deux orientations désastreuses : d'un côté l'unanimisme marchand et la commercialisation universelle et de l'autre côté, la crispation identitaire, qui constitue contre cette mondialisation un barrage réactionnaire, et qui plus est totalement inefficace.
 
Non pas lui :D
Je ne le supporte pas

moi non plus, il m'énerve...:D mais Alain Badiou est vraiment bien dans ce débat....quelques extraits choisis..

Dès que les considérations identitaires sont injectées dans la politique, dans le pouvoir d'Etat, on est dans une logique qu'il faut bien appeler néo-fasciste. Car une définition identitaire de la population se heurte à ceci que toute population, dans le monde contemporain, étant composite, hétérogène et multiforme, la seule réalité de cette identification va être négative. On ne parviendra nullement à identifier ce qu'est la « civilisation française », entité dont j'ignore ce qu'elle signifie, on va juste clairement désigner ceux qui n'en sont pas.

On parle toujours, notamment Alain Finkielkraut, du sang que les autres, les « totalitaires », comme il dit, ont sur les mains. Mais « l'identité nationale » a donné en la matière les plus formidables exemples. Pour trouver une boucherie aussi dépourvue de tout sens et atroce que celle de 14-18, il faut se lever de bonne heure. Or elle était strictement articulée sur l'identité nationale, c'est ça qui a fait marcher les gens. Il est très clair que l'identité nationale, référée à une mémoire non divisée et à un consentement héréditaire et familial, n'est que le retour aux catégories fatiguées de la tradition, et ne prépare que la guerre, intérieure contre les « mauvais français », extérieure contre « les autres ».

Quand vous voyez des jeunes hurler en faveur de l'Algérie, ce sont à votre avis des barbares anti-français. A mon avis ils ne le sont pas plus que ne l'étaient les supporters du club de rugby de Tyrosse dans les Landes quand, il y a cinquante ans, ils hurlaient contre les supporters du Racing de Paris. C'est l'imaginaire assez miteux du conflit identitaire, dont le sport est un exutoire bien connu. Une dernière vague d'immigration reste toujours solidaire de son passé, c'est normal. Déjà au XIXème siècle, on accusait les prolétaires de Paris, avant de vouloir les chasser en juin 48 et de les massacrer, d'être des analphabètes auvergnats, ce n'est pas nouveau tout ça. Dans mon enfance, à Toulouse, on disait en ricanant que les réfugiés de la guerre civile espagnole mettaient le charbon de chauffage dans leur baignoire. Il est consternant de vous voir faire la même chose !


Après l'auvergnat, après l'italien et le polonais, nous avons le sri-lankais ou le malien. Et vous croyez que c'est là que doit être le problème de la pensée «française» ? Entre nous, alors que le monde est aujourd'hui partout aux mains d'oligarchies financières et médiatiques extrêmement étroites qui imposent un modèle rigide de développement, qui font cela au prix de crises et de guerres incessantes, considérer que dans ce monde-là, le problème c'est de savoir si les filles doivent ou non se mettre un foulard sur la tête, me paraît proprement extravagant. Et j'y vois donc un mauvais signe. C'est le début d'une stigmatisation rampante visant une minorité déterminée. Et prenez garde que cette stigmatisation, sous prétexte d'identité nationale, sous prétexte de valeurs à conserver etc., se répande ensuite dans la population sous des formes incontrôlables.Le vote de millions de Suisses abrutis contre les minarets n'est qu'un épisode de cette dérive, et vous en êtes responsable. Il est clair que les intellectuels et les « féministes » qui ont fait du foin sur le foulard il y a 20 ans sont responsables des phénomènes de minaret maintenant, et demain de bien pire encore. Vous voulez une éthique de la responsabilité ? Eh bien assumez-la !Les intellectuels sont ceux qui ont lancé cette affaire...
 

FPP75

VIB
moi non plus, il m'énerve...mais Alain Badiou est vraiment bien dans ce débat....quelques extraits choisis..

Dès que les considérations identitaires sont injectées dans la politique, dans le pouvoir d'Etat, on est dans une logique qu'il faut bien appeler néo-fasciste. Car une définition identitaire de la population se heurte à ceci que toute population, dans le monde contemporain, étant composite, hétérogène et multiforme, la seule réalité de cette identification va être négative. On ne parviendra nullement à identifier ce qu'est la « civilisation française », entité dont j'ignore ce qu'elle signifie, on va juste clairement désigner ceux qui n'en sont pas.

On parle toujours, notamment Alain Finkielkraut, du sang que les autres, les « totalitaires », comme il dit, ont sur les mains. Mais « l'identité nationale » a donné en la matière les plus formidables exemples. Pour trouver une boucherie aussi dépourvue de tout sens et atroce que celle de 14-18, il faut se lever de bonne heure. Or elle était strictement articulée sur l'identité nationale, c'est ça qui a fait marcher les gens. Il est très clair que l'identité nationale, référée à une mémoire non divisée et à un consentement héréditaire et familial, n'est que le retour aux catégories fatiguées de la tradition, et ne prépare que la guerre, intérieure contre les « mauvais français », extérieure contre « les autres ».

Quand vous voyez des jeunes hurler en faveur de l'Algérie, ce sont à votre avis des barbares anti-français. A mon avis ils ne le sont pas plus que ne l'étaient les supporters du club de rugby de Tyrosse dans les Landes quand, il y a cinquante ans, ils hurlaient contre les supporters du Racing de Paris. C'est l'imaginaire assez miteux du conflit identitaire, dont le sport est un exutoire bien connu. Une dernière vague d'immigration reste toujours solidaire de son passé, c'est normal. Déjà au XIXème siècle, on accusait les prolétaires de Paris, avant de vouloir les chasser en juin 48 et de les massacrer, d'être des analphabètes auvergnats, ce n'est pas nouveau tout ça. Dans mon enfance, à Toulouse, on disait en ricanant que les réfugiés de la guerre civile espagnole mettaient le charbon de chauffage dans leur baignoire. Il est consternant de vous voir faire la même chose !

Après l'auvergnat, après l'italien et le polonais, nous avons le sri-lankais ou le malien. Et vous croyez que c'est là que doit être le problème de la pensée «française» ? Entre nous, alors que le monde est aujourd'hui partout aux mains d'oligarchies financières et médiatiques extrêmement étroites qui imposent un modèle rigide de développement, qui font cela au prix de crises et de guerres incessantes, considérer que dans ce monde-là, le problème c'est de savoir si les filles doivent ou non se mettre un foulard sur la tête, me paraît proprement extravagant. Et j'y vois donc un mauvais signe. C'est le début d'une stigmatisation rampante visant une minorité déterminée. Et prenez garde que cette stigmatisation, sous prétexte d'identité nationale, sous prétexte de valeurs à conserver etc., se répande ensuite dans la population sous des formes incontrôlables.Le vote de millions de Suisses abrutis contre les minarets n'est qu'un épisode de cette dérive, et vous en êtes responsable. Il est clair que les intellectuels et les « féministes » qui ont fait du foin sur le foulard il y a 20 ans sont responsables des phénomènes de minaret maintenant, et demain de bien pire encore. Vous voulez une éthique de la responsabilité ? Eh bien assumez-la !Les intellectuels sont ceux qui ont lancé cette affaire...

Il est bien Badiou, mais un peu trop communiste à mon goût :D:D
 

tarrast

enfer ou paradis
Il est bien Badiou, mais un peu trop communiste à mon goût :D

limite il propose au jeunes des banlieues se de se revolter :eek:

A. Badiou. - Ils sont bien avancés avec votre main tendue... Le destin positif et universel de ces jeunes, ce serait de s'organiser dans la visée de la destruction de l'ordre établi : ça, ce serait une issue sublimée et positive. Vous leur proposez juste de devenir des toutous aux ordres de la société.
 

FPP75

VIB
limite il propose au jeunes des banlieues se de se revolter :eek:

A. Badiou. - Ils sont bien avancés avec votre main tendue... Le destin positif et universel de ces jeunes, ce serait de s'organiser dans la visée de la destruction de l'ordre établi : ça, ce serait une issue sublimée et positive. Vous leur proposez juste de devenir des toutous aux ordres de la société.

J'ai pas tout lu. Je viens de l'imprimer pour ce soir !

Merci Nancy !

A++
 
Momo
21.12.09 | 11h45

Très bon article, même si le tacle sur l'Algérie est de trop : pourquoi braquer les projecteurs sur la dictature militaire algérienne, et pas sur la monarchie de droit divin marocaine (avec des dirigeants tout aussi incompétents), ou sur la dictature présidentielle tunisienne (là on bat des records dans le non respect des droits de l'homme) ? Ce qu'il y'a de bien avec les pays arabes, c'est qu'on a que l'embarras du choix sur le type de dictature. TBJ il faut oublier le palais de la Mamounia..



Effet Aminatou...?
 
Et c'est pour celà que Finkielkraut, m'énerve énormément dans ses débats, comme d'autres d'ailleurs, qui partent de faits divers, d'anecdotes pour construire des montagnes de jugements...


A. Finkielkraut. - Un article du « Monde », journal soucieux s'il en est d'éviter les stigmatisations, citait récemment les propos du maire de Cavaillon, ville où règne une violence endémique. Les employés municipaux ont reçu des déchets venus d'une tour. On leur a crié : « ******* de Français, continuez à nettoyer notre ***** ! ».

A. Badiou. - Mais bien sûr ! Des histoires de ce genre, les bons blancs français bien intégrés en ont à la tonne sur les Africains ou les Algériens comme autrefois ils en avaient sur les Juifs ou les « levantins ». Quelle vérité ? Quelle importance ? Les Suisses qui votent contre les minarets n'ont jamais vu un Arabe de leur vie. C'est une construction idéologique cette affaire-là. Vous êtes en train de construire idéologiquement les musulmans comme ont été construits les Juifs dans les années 1930. C'est ça que vous êtes en train de faire, avec les mêmes épithètes : des gens qui ne sont pas vraiment de chez nous, qui nous haïssent secrètement ou publiquement, qui constituent une communauté fermée, qui refusent de s'intégrer dans l'Etat français, etc. etc. Et vous croyez que vous allez faire ça innocemment ? Eh bien vous vous trompez. Il y aura des gens pour se servir de cette pseudo construction intellectuelle. Car la situation est grave. Mais elle n'est pas grave comme vous pensez.

Ce n'est pas l'identité française qui est menacée, elle en a vu d'autres l'identité française. Ce qui est menacé c'est le minimum de cohésion interne et populaire qui évitera que tout cela se termine un jour ou l'autre par la domination sans partage de forces sinistres. Je sais très bien, Alain Finkielkraut, que vous ne rallierez pas ces forces, mais vous serez en coresponsable. On ne peut pas introduire en politique des désignations identitaires de ce type sans que cela ait des conséquences gravissimes. Vous le savez parfaitement. Il n'y a pas de « problème immigré » en France, il n'y a pas de « problème musulman », pas plus qu'il n'y avait de « problème juif » dans les années 1930. Pourquoi utilisez-vous votre intelligence et votre talent à participer à la construction absolument fantasmatique de ce genre de « problème » à partir d'incidents qu'on peut toujours découvrir, si on ne les invente pas ? Les antisémites aussi trouvaient des « incidents », il y avait toujours un Juif qui avait dit ou fait ci ou çà.
 
Et c'est pour celà que Finkielkraut, m'énerve énormément dans ses débats, comme d'autres d'ailleurs, qui partent de faits divers, d'anecdotes pour construire des montagnes de jugements...


A. Finkielkraut. - Un article du « Monde », journal soucieux s'il en est d'éviter les stigmatisations, citait récemment les propos du maire de Cavaillon, ville où règne une violence endémique. Les employés municipaux ont reçu des déchets venus d'une tour. On leur a crié : « ******* de Français, continuez à nettoyer notre ***** ! ».

A. Badiou. - Mais bien sûr ! Des histoires de ce genre, les bons blancs français bien intégrés en ont à la tonne sur les Africains ou les Algériens comme autrefois ils en avaient sur les Juifs ou les « levantins ». Quelle vérité ? Quelle importance ? Les Suisses qui votent contre les minarets n'ont jamais vu un Arabe de leur vie. C'est une construction idéologique cette affaire-là. Vous êtes en train de construire idéologiquement les musulmans comme ont été construits les Juifs dans les années 1930. C'est ça que vous êtes en train de faire, avec les mêmes épithètes : des gens qui ne sont pas vraiment de chez nous, qui nous haïssent secrètement ou publiquement, qui constituent une communauté fermée, qui refusent de s'intégrer dans l'Etat français, etc. etc. Et vous croyez que vous allez faire ça innocemment ? Eh bien vous vous trompez. Il y aura des gens pour se servir de cette pseudo construction intellectuelle. Car la situation est grave. Mais elle n'est pas grave comme vous pensez.

Ce n'est pas l'identité française qui est menacée, elle en a vu d'autres l'identité française. Ce qui est menacé c'est le minimum de cohésion interne et populaire qui évitera que tout cela se termine un jour ou l'autre par la domination sans partage de forces sinistres. Je sais très bien, Alain Finkielkraut, que vous ne rallierez pas ces forces, mais vous serez en coresponsable. On ne peut pas introduire en politique des désignations identitaires de ce type sans que cela ait des conséquences gravissimes. Vous le savez parfaitement. Il n'y a pas de « problème immigré » en France, il n'y a pas de « problème musulman », pas plus qu'il n'y avait de « problème juif » dans les années 1930. Pourquoi utilisez-vous votre intelligence et votre talent à participer à la construction absolument fantasmatique de ce genre de « problème » à partir d'incidents qu'on peut toujours découvrir, si on ne les invente pas ? Les antisémites aussi trouvaient des « incidents », il y avait toujours un Juif qui avait dit ou fait ci ou çà.

Salam Nancy3ajram,

D'abord merci pour ce lien! Effectivement un super débat 'merci à Badiou' . Seule chose qui me gène c'est qu'il a rapproché ce débat sur l'identité nationale du débat fascisme, extreme droite \ progressisme.
Je pense que cette " crise de l identité nationale " trouve ses racines dans l'installation d'une ideologie jacobine centraliste, assymilationiste de la révolution française. C'était bien à ce moment là qu'on a décide de parler une seule langue en France, de parler de LA culture française de L'Identité française.
D'autre part... la " gauche tajine" pour designer péjorativement les hommes\femmes politiques d 'origine maghrébines a été lancé par des socialistes non?

Toujours un plaisir ;)
 
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