Le parquet requiert deux ans de prison au procès du violoncelliste Jérôme Pernoo, accusé d'agressions sexuelles sur mineurs

Le parquet a requis, vendredi 26 mai, deux ans d'emprisonnement dont un de sursis probatoire contre le violoncelliste Jérôme Pernoo, jugé en correctionnelle à Paris pour agression sexuelle sur mineur et harcèlement sexuel, des accusations qu'il rejette en bloc. Le ministère public a également demandé une obligation de soins, l'indemnisation des parties civiles et l'interdiction d'exercer pour l'ancien professeur du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP), âgé de 51 ans. Le tribunal correctionnel de Paris a mis sa décision en délibéré au 26 septembre.
Jérôme Pernoo est d'abord soupçonné d'agression sexuelle sur mineur, en 2005 à Londres, sur un élève à l'époque âgé de 14 ans, selon lequel son professeur lui a "caressé le sexe par surprise alors qu'il était endormi dans son lit". L'homme, âgé aujourd'hui de 32 ans, a été son élève, en particulier lors de stages, quand il avait entre 10 et 17 ans. Il le considérait comme son "père de substitution", ayant perdu le sien très jeune. "Cette scène n'a absolument jamais existé", a affirmé Jérôme Pernoo, face à une salle d'audience comble, assurant ne "jamais" avoir "réveillé un élève dans son lit". Face à lui, le trentenaire a maintenu son récit à la barre, se disant "très en colère" contre son ex-enseignant qui le "fait passer pour un mythomane fou".

Aussi soupçonné de harcèlement sexuel sur deux jeunes majeurs​

Jérôme Pernoo est par ailleurs soupçonné de harcèlement sexuel sur deux jeunes majeurs entre 2011 et 2016, un homme et une femme. Le premier était un autre élève du violoncelliste, qu'il considérait comme un "père spirituel", au conservatoire. Le plaignant a fait état de "claques sur les fesses", de "chat-bites" - un "jeu" consistant à toucher par surprise les parties génitales de l'autre en criant ladite formule -, et de baisers "volés". Ce que Jérôme Pernoo a réfuté, disant n'avoir "jamais" eu de tels gestes sur "aucun élève".
Le jeune homme a également décrit une soirée alcoolisée pendant un voyage en Biélorussie, lors de laquelle le professeur l'a invité à "honorer une tradition russe" consistant à s'embrasser sur la bouche après avoir trinqué. L'ancien élève a accepté une première fois, mais a affirmé avoir dû refuser à plusieurs reprises les sollicitations du professeur par la suite. "Cette scène est complètement construite, inventée", répète le prévenu.
La jeune femme en pantalon vert et haut blanc, elle, avance, la voix tremblante, que Jérôme Pernoo lui a touché les seins au cours de ce même voyage, prétextant un jeu appelé "pouet-pouet" (palpation). Elle le repousse, mais "le professeur de violoncelle exceptionnel" prend la situation à la rigolade. "Je n'ai pas touché (ses) seins, ce n'est pas du tout mon genre d'humour. Je ne fais pas de 'chat-bite', de 'pouet-pouet' !", rétorque Jérôme Pernoo, balayant aussi l'accusation de la jeune femme sur le surnom qu'il lui aurait donné à l'époque : "ma petite chatte".

"J'ai failli me foutre en l'air à cause de lui"​

Fin 2022, un jeune musicien renommé jusqu'ici intervenu en soutien de son mentor a aussi choisi de prendre la parole contre le professeur. Une autre enquête a alors été ouverte et Jérôme Pernoo a été cité pour une agression sexuelle sur mineur par personne ayant autorité à l'époque où le jeune homme avait entre 15 et 17 ans, et pour harcèlement sexuel ensuite, contre l'homme devenu majeur entretemps. Le jeune violoncelliste assure que le prévenu avait entre autres "cherché à l'embrasser", lui avait "imposé diverses caresses" et envoyé "de nombreux messages d'amour". "J'ai failli me foutre en l'air à cause de lui (...) Il ne sait pas faire la différence entre enfants, adolescents, adultes", lâche-t-il en larmes à la barre, en chemise blanche et jean noir.
Enseignant au CNSMDP depuis 2007, Jérôme Pernoo a été suspendu puis licencié sans préavis ni indemnité en mai 2022, à la suite d'une enquête administrative et d'une procédure disciplinaire. Une décision confirmée en novembre par le tribunal administratif : l'enseignant a fait appel. "J'ai perdu mon travail, je n'ai plus d'argent, plus personne ne m'invite à un concert", a lancé Jérôme Pernoo. La défense a plaidé la relaxe de l'ensemble des poursuites.
 
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