Quand on forme le projet de faire un pique-nique face au siège de la DST, est-ce que les sympathiques organisateurs de cette party simaginent une seconde que la police marocaine va offrir le thé et les cornes de gazelle ?
Plus les divergences de fond se cristallisent au sein du Mouvement du 20 février, plus les actions citoyennes de protestations sociales que mènent ces jeunes sont empreintes dimprovisation et dapproximation organisationnelles parfois dangereuses. La fragilité définitive du fond politique commun de ce mouvement, dans sa dissemblance irréconciliable, ni synthèse ni consolidation politique ne sont possibles entre les éléments de cet arc improbable qui va de laltermondialisme gauchisant au fascisme vert des Adlistes conduit, aujourdhui, à des actions irréfléchies qui mettent en danger la sécurité de ces jeunes. La culture de lagitprop des années soixante-dix nous la appris, il y a longtemps, la provocation peut être un levier de lhistoire mais jamais un moteur de celle-ci, ni une fin en soi démocratique. Sur le terrain précis de la sécurité nationale, notamment la sanctuarisation des sièges des services de sécurité, il est quasi automatique, même dans un Etat de droit achevé, quà toute provocation des jeunes du 20 février dans cette sphère symbolique déterminante répondra une réaction musclée des forces de sécurité. Chacun y joue son identité, sa légitimité mais au départ ils ne disposent pas tous de la même «quantité» de légalité. Les uns ont la loi, lEtat et sa raison de leurs côtés, les autres nont que leurs rêves et leurs désirs souvent confus pour eux. Quand on forme le projet de faire un pique-nique face au siège de la DST, est-ce que les sympathiques organisateurs de cette party simaginent une seconde que la police marocaine va offrir le thé et les cornes de gazelle ? Inimaginable ! En France, par exemple, aucune manif ne peut sapprocher de La Piscine, le siège de la DGSE Porte des lilas, ni du siège de la DST autrefois rue Nelaton ou, aujourdhui, à Levallois-Perret. Impensable! On ne peut même pas imaginer une manif autorisée qui ne se disperse pas 15 minutes après lordre de sa dispersion, lintervention «virile» des CRS est systématique. Je ne parle pas du siège du FBI, de la CIA, etc. Cela est une autre chose. Autant laccueil réservé par les Marocains à ce mouvement pour la dignité, le respect et lespoir était au départ enthousiaste et fondé autant, aujourdhui, son impasse organisationnelle les rend désormais plus que sceptiques sur sa possibilité de construire utilement lavenir, convaincus quils sont que le cycle provocation-répression-martyrisationne porte en lui rien de bon pour notre pays.
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