Le roi David est-il pour l¹occupation ?

petitbijou

Casablanca d'antan
VIB
Ces dernières semaines, le Conseil "Yesha" (2) (représentant les colons des territoires occupés) a lancé une nouvelle campagne sous le nom de "Yehouda et Shomron * L¹Histoire de tous les juifs" (3). L¹utilisation de ce titre a un objectif : estomper tout caractère politique et donner l¹impression d¹une campagne à caractère éducatif. Diverses publicités portent la signature d¹une nouvelle structure issue des bureaux imaginatifs du Conseil Yesha, nommée "Yehouda et Shomron * Centre de Propagande" (4).

Dans le cadre de cette campagne, les héros et autres personnages légendaires de la Bible ont été mobilisés pour prendre part au débat sur le sort des colonies : le roi David, Yehouda Maccabi, Rachel et Samuel le prophète, tous sont recrutés pour la vision d¹un Grand Israël et pour la perpétuation de l¹occupation des territoires par Israël.

Dans cette campagne, les colons présentent la Judée et la Samarie comme des parties inséparables d¹Israël, comme le sont le Néguev ou la Galilée. Dans ces publicités, il n¹y a ni Palestiniens, ni check points, ni occupation militaire, ni terrorisme. D¹après Yesha, Bethléem est une ville juive sans Palestiniens, et la Cisjordanie est une terre disponible qui n¹attend que d¹être peuplée de Juifs.

Au-delà de la tentative de cacher une réalité peu ragoûtante et de dessiner une image fondée sur le mensonge, les colons essaient (avec les encouragements de partisans juifs et chrétiens de l¹étranger) d¹introduire un élément religieux dans le débat politique sur le sort des colonies, ce qui ne laisse aucune place au compromis rationnel.

Au lieu de traiter le sort des territoires et des millions de Palestiniens qui y habitent comme une question politique, les colons se concentrent sur des éléments religieux pour en faire une question religieuse * halakhique (5).

En elle-même, cette démarche nie la foi d¹une personne qui aurait une position opposée, en présentant cette position comme soi-disant contraire à la loi juive, et en faisant de l¹idée de deux Etats un péché contre le judaïsme.

Cette monopolisation de la religion par quelques-uns, et le fait d¹instiller des éléments religieux dans le conflit israélo-palestinien, constituent une entreprise très dangereuse. Lorsqu¹un rabbin se transforme en homme d¹Etat et qu¹un texte religieux devient un texte ayant force de loi, la démocratie perd son autorité et, au nom de Dieu, l¹opposition au retrait des territoires est autorisée, quels qu¹en soient les moyens.

Du côté palestinien, il y a également ceux qui choisissent de prendre la religion pour prétexte de non-reconnaissance du droit d¹Israël à exister.
Contrairement au gouvernement de Mahmoud Abbas, qui considère le conflit avec Israël comme un conflit politique soluble par le compromis politique, les dirigeants du Hamas continuent de réciter la formule magique selon laquelle le lien entre l¹islam et tout le territoire de la Palestine (y compris Israël) est historique et religieux et qu¹aucun Palestinien n¹a d¹autorité à renoncer à une partie de ce territoire. Chez eux comme chez nous, le lien entre religion et conflit politique encourage la violence et sape l¹autorité des gouvernements élus à négocier et à parvenir à des compromis.

Personne ne nie l'importance religieuse de la Cisjordanie pour le peuple juif. Mais la perpétuation de l¹occupation par Israël des territoires et de sa population se retourne contre le rêve sioniste d¹un Etat juif démocratique. En outre, l¹occupation et l¹oppression d¹un autre peuple vont à l¹encontre des valeurs juives, fondées sur le respect des droits de l¹homme, la recherche de la paix et le caractère sacré de la vie humaine.

Il manque, dans les clips de Yesha, qui montrent des espaces infinis, une ambiance bucolique, de la spiritualité et de l¹utopie, l¹avertissement de fin, comme sur les paquets de cigarettes : la perpétuation de l¹occupation et de la colonisation est comme un cancer au c¦ur de notre peuple, qui peut mener à la désintégration du projet sioniste.
 
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