Alors tu penses que la croyance en Dieu implique la croyance en un Debut absolu et une Fin absolue?
Je veux dire Dieu ne peut il pas, apres avoir aneantis notre monde en créer un autre? Ou peut etre cette question n'a pas de sens.
J'ai bien saisis ce problème de distance infini temporelle paradoxale, mais ne peut on pas imaginer un univers non bornés temporellement et où les distances temporelles sont fini?
Qu'il y ait un début absolu, oui je crois qu'on peut argumenter cela (comme je l'ai fait brièvement plus haut). Je veux dire, dans l'hypothèse où Dieu existe.
Mais une fin absolue? Je n'ai pas parlé de cela, mais c'est une question pertinente. En réalité, je crois pas que cette fin absolue soit une nécessité dans la perspective où Dieu existe. Je crois pas qu'un avenir « éternel » (par exemple l'immortalité de l'âme) cela implique de paradoxe logique. Du moins je n'en connais aucun.
Kant croyait que l'au-delà consistait en un progrès éternel de notre personne vers la sanctification, c'est-à-dire une perfection morale de plus en plus totale. Et pour Kant, il n'y aura à vrai dire aucune fin à ce processus. On pourra toujours devenir meilleur. Pour les chrétiens, il y a la notion de l'abîme infini entre le créateur et les créatures, l'un étant infini et les autres finies. Donc même si on imagine une créature devenir de plus en plus puissante, de plus en plus sage, etc., jamais elle n'arrivera au niveau de Dieu, car une addition finie à une quantité finie donne toujours un total fini!
Cependant, si on imagine un au-delà plus « corporel », dans lequel nous aurions l'équivalent de corps physiques, qui suivraient certaines lois physiques (ou leur équivalent dans un monde supérieur), alors j'ai quelques doutes sur la nature de l'immortalité qui nous est promise. Plus précisément, comme les corps physiques ne peuvent pas se développer et se perfectionner indéfiniment (pour que l'on puisse survivre, il faut que les caractéristiques de notre corps se maintiennent entre certaines limites), alors les possibilités offertes par l'au-delà risquent d'être assez décevantes. Surtout pour une éternité.
Woody Allen a dit : l'éternité c'est long, surtout vers la fin. Et cela est bien dit. Si nous survivons dans l'au-delà avec un corps limité par des contraintes physiques, je crains que nous finissions par épuiser les possibilités de découvertes ou de joies de l'au-delà. Ce qui peut se produire, alors, est que nous sentions un ennui profond. Et que la vie dans cet au-delà commence à devenir répétitive, voire cyclique... Prenons l'image d'un dé. Un dé a six faces. Le résultat du jet est laissé au hasard. Mais si on lançait ce dé pendant l'éternité, on finirait par être lassé, n'est-ce pas? On aurait vu depuis longtemps les six faces, et les mêmes séquences finiraient par revenir encore et encore avec peu de variations...
L'administrateur de cet au-delà « corporel » aurait sans doute la tâche d'effacer notre mémoire des souvenirs récents périodiquement justement pour nous éviter de mourir d'ennui. Mais si notre mémoire est ainsi effacée, nous ne pouvons pas en réalité faire de progrès. Cela revient donc un peu à ce que je disais plus haut de l'univers cyclique athée, où il est impossible de transmettre une information d'un cycle au suivant!! Mais je comprends bien qu'une existence cyclique dans un monde paradisiaque est quand même mieux qu'une existence cyclique dans cet univers. C'est comme les blagues à propos du confinement des millionnaires dans leur palais!!
Mais bon, tout ça ce sont des spéculations qui n'ont peut-être pas beaucoup de valeur. En réalité on connaît rien de la nature de l'au-delà; c'est une chose profondément mystérieuse.