Discutable.
Ya Sabah al khayere.
Le wokisme est devenu une expression pour caractériser une rhétorique radicale accusant les citoyens de perpétuer des inégalités structurelles. Alors qu’à l’origine, il apparaît pour désigner les individus conscients des violences et des discriminations subies par les Noirs américains, ce combat – toujours légitime bien sûr – a donné naissance à un courant idéologique contre-productif qui freine toutes les luttes contre les discriminations.
La tribu doctrinale woke dépeint un monde binaire gouverné par des rapports de force inéluctables. Dominants et dominés, exploitants et exploités, bourreaux et victimes se côtoient dans la cité. A tout moment, l’on est prié de choisir son camp; celui du révolté ou du complice silencieux qui bloque le progrès. Face à une société hypersensible, toujours prête à s'indigner, la résilience personnelle et collective a perdu sa capacité à appréhender la complexité. «Etre vexé» devient une valeur en soi et nous donne automatiquement raison; au fond, l'on n’a plus besoin de réfléchir, argumenter, convaincre, ni d’expliquer les inégalités de traitement. Cela appauvrit le débat autour des droits humains.
La culture recommandée est de suspecter, accuser, dénoncer. Attention à l’homme: sans même le réaliser, il perpétue les humiliations systémiques subies par les femmes. Vous êtes homosexuel noir? Méfiez-vous de l’hétérosexuel blanc qui, même inconsciemment, ne pourra jamais comprendre les torts que vous avez subis. L’empathie, ingrédient essentiel pour défendre les droits de l’homme, se craquèle. L’individu est réduit à une identité simplifiée et stéréotypée et reste incapable de concilier une mosaïque d’appartenances.
L'individu est enfermé dans une série de caractéristiques, par exemple son origine ou son sexe. Puis, l’on déduit qu’il est programmé à réfléchir et à agir d’une certaine façon. Le wokisme est en réalité la robotisation de l’humain.