Les alliés du Hezbollah dominent le gouvernement libanais

Après cinq mois de négociations ardues, le Liban s'est doté lundi 13 juin d'un nouveau gouvernement. Le Hezbollah et ses alliés, notamment le chrétien Michel Aoun, se sont taillé la part du lion avec dix-neuf portefeuilles sur trente, le reste étant réparti entre les partisans du chef de l'Etat, Michel Sleimane, du nouveau premier ministre Najib Mikati et du leader druze Walid Joumblatt, considérés comme "neutres". Le parti de Hassan Nasrallah obtient deux postes.

Selon un communiqué (en anglais) de la présidence libanaise, le chef de l'Etat syrien, Bachar Al-Assad, qui fait face à une contestation contre son régime sans précédent, a immédiatement félicité le Liban, où l'ancienne puissance de tutelle continuer d'exercer son influence, notamment grâce au Hezbollah. Le nouveau cabinet est boycotté par le camp de l'ex-premier ministre, le pro-occidental Saad Hariri, désormais en minorité parlementaire et dans l'opposition.

"NOUS AVONS SURMONTÉ LES OBSTACLES"

"Que vous soyez au pouvoir ou dans l'opposition, c'est votre gouvernement à tous (...). Ce gouvernement sera celui de tout le Liban et œuvrera pour tous les Libanais", a affirmé Najib Mikati, dans un message d'unité. "Nous avons surmonté les obstacles et nous allons nous mettre tout de suite au travail", a-t-il ajouté.

Les tractations ont duré jusqu'à la dernière minute, le Hezbollah n'approuvant pas certains des noms proposés par Najib Mikati. Peu après l'annonce du gouvernement, un allié du parti chiite, le député druze Talal Arslane, a créé la surprise en présentant sa démission, évoquant des divergences avec le premier ministre. Le député protestait contre le fait qu'il ne lui ait pas été accordé de portefeuille clé, accusant le nouveau premier ministre, un sunnite, de traiter les minorités religieuses de manière "inappropriée".

TSL, LES TROIS LETTRES DE LA DISCORDE

Le 12 janvier, le Hezbollah et ses alliés avaient retiré leurs ministres du gouvernement d'union de Saad Hariri, sur fond de tensions liées au tribunal de l'ONU en charge de l'enquête sur l'assassinat en février 2005 de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, père de Saad. Le parti chiite, qui s'attend à être accusé par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) dans ce meurtre, a réclamé de Saad Hariri, en vain, qu'il désavoue cette instance. Le camp de Saad Hariri avait accusé le Hezbollah d'avoir mené un "coup d'Etat".

Bien qu'il ait été nommé grâce aux députés du camp du Hezbollah, Najib Mikati, qui apparaît comme un homme de compromis, a refusé de se présenter comme "l'homme du Hezbollah" et a refusé de donner à ce parti un engagement concernant le TSL. Le Tribunal sera l'un des principaux défis du gouvernement Mikati, alors que l'acte d'accusation est attendu cette année. Le nouveau ministre des affaires étrangères, Adnane Mansour, un ancien ambassadeur, a été dans le passé en poste en Iran.

Le nouveau gouvernement ne comprend aucune femme, alors que dans le précédent cabinet, une ministre détenait le sensible portefeuille des Finances.

http://www.lemonde.fr/proche-orient...libanais-nouvellement-forme_1535607_3218.html
 
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