Les alternatives au gaz russe, un chantier de longue haleine

mam80

la rose et le réséda
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Les alternatives au gaz russe, un chantier de longue haleine

Au Conseil européen, Londres presse l'UE de réduire sa dépendance envers Gazprom. Plusieurs pistes sont à l'œuvre.


Il est temps de réduire la dépendance de l'Europe envers le gaz russe.
L'idée, partagée par nombre de capitales européennes, est poussée dans un document diffusé par Londres et cité par le Financial Times au matin du Conseil européen. Mais «les réalités puissantes de l'économie et des infrastructures gazières», comme le relève le cabinet de conseil américain IHS, expliquent que le défi sera long à relever.

En 2013, les livraisons de Gazprom ont représenté 27 % des besoins de l'Union européenne (UE). Sur un an, la dépendance a progressé (elle était de 23 % en 2012) et le géant russe répète à l'envi qu'il restera longtemps un fournisseur majeur de l'UE. Avec un argument de poids: les réserves de la mer du Nord s'épuisent. Londres constate en effet que la production britannique d'hydrocarbures a chuté de 38 % en trois ans.

Dans ce contexte, où chercher les alternatives?

Aux États-Unis? L'essor spectaculaire de l'exploitation du gaz de schiste outre-Atlantique depuis six ans a rendu la première puissance économique mondiale quasi autosuffisante en gaz. Le 5 mars dernier, John Boehner, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, a demandé au ministère de l'Énergie d'accélérer la cadence afin que le gaz américain puisse être exporté vers le Vieux Continent. À l'heure actuelle, six projets de terminaux d'exportation sont en attente d'autorisations administratives aux États-Unis. L'un des projets qui a reçu le feu vert des autorités pourrait livrer ses premiers mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL), par bateau, fin 2015. Mais ils ont été réservés par des acheteurs japonais. Aux États-Unis, le débat fait rage entre l'industrie locale, qui veut se réserver le gaz produit sur place, très bon marché, et les gaziers qui veulent en exporter pour en tirer un meilleur prix. Dans le meilleur des cas, du GNL américain ne sera pas livré à l'Europe avant 2016-2017.

voir la carte de terminaux d'importation pour diversifier l'approvisionnement
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/...u-gaz-russe-un-chantier-de-longue-haleine.php


Encore faut-il pouvoir, de l'autre côté de l'Atlantique, recevoir ce gaz liquide.

Des terminaux de regazéification sont nécessaires. Or ils font cruellement défaut à l'Europe de l'Est.
Les pays Baltes par exemple, actuellement dépendant à 100 % du gaz russe, ont tous lancé des chantiers ou des projets de terminaux méthaniers dont chacun se chiffre à des centaines de millions d'euros. La plupart ne seront pas opérationnels avant plusieurs années (voir carte). Une fois en service, ces terminaux permettront en théorie d'importer du gaz de n'importe quel fournisseur de GNL, comme le Qatar ou l'Algérie.

Le document britannique évoque les autres producteurs de gaz qui pourraient fournir l'Europe par des gazoducs contournant la Russie.
Depuis plus de dix ans, Bruxelles, poussé par Washington, a fait la promotion du projet de gazoduc Nabucco qui acheminerait du gaz d'Azerbaïdjan, voire du Turkmenistan et du nord de l'Irak vers l'Europe centrale via la Turquie.
Concurrent du projet South Stream de Gazprom, et non soutenu par les grandes compagnies gazières allemande ou française, Nabucco s'est enlisé.
Mais fin 2013, la première alternative crédible au gaz russe a franchi un pas décisif. Le britannique BP a décidé d'investir, avec plusieurs partenaires dont Total, dans un projet à 28 milliards de dollars qui permettra d'acheminer le gaz azerbaïdjanais de la Caspienne via les futurs gazoducs Tanap et TAP. Ces tubes exporteront 10 milliards de mètres cubes par an à l'UE. Soit 2 % de la consommation actuelle des Vingt-Huit. Et pas avant 2018.

Les Européens explorent d'autres ressources alternatives au fournisseur russe. Des réserves importantes ont été découvertes dans la Méditerranée orientale, dans les eaux d'Israël et de Chypre. Mais compte tenu des réticences turques et des investissements nécessaires, l'exploitation n'est pas attendue avant dix ans.

Le même horizon est évoqué pour l'encore hypothétique exploitation de gaz de schiste en Europe. Si la France leur a fermé la porte par une loi de 2011, la Pologne et la Grande-Bretagne, entre autres, se sont lancées dans l'exploration de leur sous-sol.

Les alternatives au gaz russe ne manquent pas.
Mais la dépendance énergétique envers Moscou perdurera encore longtemps. De son côté, Gazprom n'a pas intérêt à interrompre brutalement ses livraisons vers l'Europe. «Gazprom a trop à perdre», résume Yves Zlotowski, économiste en chef de la Coface, bon connaisseur de la Russie.
Plus de la moitié des recettes du groupe russe, par ailleurs «très endetté», dépendent de ses fidèles clients européens.

Des gazoducs à double sens pour soulager l'Ukraine

Si Moscou Interrompait ses livraisons de gaz à l'Ukraine, la parade la plus immédiate pour éviter une pénurie consisterait à utiliser les tuyaux en sens inverse. Cette solution a été envisagée au lendemain de la dernière «guerre du gaz» de janvier 2009, pendant laquelle Gazprom avait interrompu ses livraisons durant trois semaines.

Pour rendre réversible un tube, il faut lui ajouter des compresseurs afin de pomper le gaz sous pression dans l'autre sens. Des opérations qui se chiffrent en dizaines de millions d'euros, mais pas en milliards, comme la construction d'un gros gazoduc. En juillet 2009, Bruxelles annonçait 80 millions d'euros d'aides à des «équipements permettant d'inverser les flux de gaz en cas d'interruption de livraison» dans douze pays d'Europe centrale et orientale.

Depuis, deux autoroutes gazières fonctionnent à double sens: l'une de la Pologne vers l'Ukraine, l'autre de la Hongrie vers l'Ukraine. Chaque tuyau peut fournir un milliard de mètres cubes (md. m3) par an, indique la Commission. Bruxelles est prêt à ouvrir «aussi vite que possible» une troisième perfusion gazière, en inversant le gazoduc reliant la Slovaquie à l'Ukraine. Les travaux peuvent être réalisés en six mois, précise l'entourage du commissaire européen chargé de l'Énergie, Günther Oettinger. Le tuyau slovaque permettrait de livrer à l'Ukraine 3 md m3, puis ultérieurement 8 md m3. Soit, avec les deux gazoducs déjà opérationnels, de quoi fournir à l'Ukraine, par l'ouest, un cinquième de ses besoins.

La Commission reste déterminée à ouvrir vers l'Ukraine d'autres flux inversés, notamment au départ de la Bulgarie. Reste que si les tuyaux «inversés» peuvent théoriquement réduire les dégâts d'une coupure de la Russie, «encore faut-il que les volumes de gaz nécessaires soient disponibles en Europe de l'Ouest», avertit le GIE, l'organisme qui rassemble les opérateurs de gazoducs et de stockages européens.

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Le gaz de schiste ne sauvera pas l'UE (étude)

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/...u-gaz-russe-un-chantier-de-longue-haleine.php

mam

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à mettre dans Ukraine aussi
 
L'Europe et les USA jouent un jeu très dangereux avec un gros pays, la Russie, puissance nucléaire. Quelle erreur de diplomatie d'être allé provoquer la Russie alors même que les occidentaux ne peuvent plus donner de leçon à personne sur le plan de la légalité internationale (Israel, Libye, Kosovo,...)
 
Obama hésite à ouvrir les vannes du gaz de schiste aux Européens

Le président américain demande aux Européens de diminuer leur dépendance énergétique, avant de réclamer l'accès au gaz de schiste.
Hier à Bruxelles, le président américain, Barack Obama, a remis en scène le lien « robuste » qui unit l'Amérique et l'Europe. A leur insu, les chars russes massés derrière la frontière de l'Ukraine relancent le désir de travailler ensemble des deux alliés, qui pensaient trop bien se connaître et n'avoir plus rien à se dire. Comme l'a constaté hier le président américain à l'issue de sa rencontre avec les présidents du Conseil et de la Commission européennes : « Les agissements de la Russie en Ukraine ne mettent pas en cause un seul pays, mais toute l'Europe, qui s'est construite sur le respect du droit. »
Piqûre de rappel
L'annexion de la Crimée est une douloureuse piqûre de rappel sur la nécessité de coopérer davantage dans la défense, l'économie, l'énergie. Si les deux parties ont coordonné jusqu'ici sans effort leur riposte, le président américain a néanmoins lancé quelques avertissements aux Européens. Tout en confirmant l'engagement des Etats-Unis dans l'Otan et en soulignant que l'intervention de l'armée américaine serait donc automatique à la moindre violation territoriale d'un de ses 28 membres, Obama s'est une nouvelle fois déclaré « préoccupé » par la baisse des dépenses militaires des Européens. « La situation en Ukraine montrait bien que notre liberté n'était pas gratuite », a-t-il déclaré.
L'autre avertissement concerne l'énergie. Compréhensif mais ambigu, le président n'a pas donné d'assurances à la Commission européenne, qui demande un meilleur accès au gaz de schiste américain afin de réduire la dépendance énergétique de l'Union par rapport au gaz russe. Tout en reconnaissant le besoin de coordination, le président a rappelé aux Européens que c'était d'abord à eux de diversifier leurs ressources. « Cherchez votre gaz avant de réclamer le mien », semblait-il penser. Un sommet sur l'énergie est programmé le 2 avril entre le secrétaire d'Etat John Kerry et la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
Le président Obama a toutefois rappelé que Washington venait d'accorder des licences d'exportation de gaz américain importantes, puisqu'elles représentent « autant de gaz naturel que l'Europe peut avoir besoin ». Mais il s'agit de licences accordées à des entreprises américaines qui vendent sur le marché mondial et qui ne sont donc pas dirigées spécifiquement vers l'Europe. En outre, Bruxelles plaide pour que les groupes d'énergie européens puissent aussi obtenir de telles licences. « Obama ne peut rien promettre, car le débat fait rage aux Etats-Unis entre ceux qui veulent garder le gaz de schiste bon marché, pour favoriser la compétitivité du pays, et ceux qui veulent au contraire être libres d'exporter cette ressource », souligne un diplomate. En revanche, le président s'est prononcé pour la signature du vaste accord commercial en négociation entre l'Europe et les Etats-Unis - le TTIP -, qui facilitera les exportations de gaz américain vers l'Europe.
Anne Bauer, Les Echos
http://www.lesechos.fr/entreprises-...chiste-aux-europeens-660014.php?xtor=RSS-2007
 
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