Lyautey, lui, était paternaliste. C'est à dire qu'il aimait bien ces bons sauvages sous développés dont il avait la charge. Il les aimait bien, tel un père compatissant envers des grands enfants irresponsables et incapables de se prendre en charge tous seuls, et qu'il faut donc éternellement diriger pour leur bien, les pauvres choux...
Oublions le paternalisme sous quelque forme que ce soit.
Concentrons nous sur Lyautey car je ne suis pas d'accord avec vous sur cela.
Lyautey ne prennait pas les marocains pour des sauvages sous developpés comme vous le pensez,nous avons des preuves de cela Dans un discours de Lyautey à la chambre de commerce de Lyon,le 29 février 1916:
Permettez-moi maintenant, cher monsieur Birot, de retenir l'attention sur une de vos paroles.
Parlant de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc, vous avez dit:" Nos trois colonies". Or, rien ne serait plus inexact et plus périlleux que de faire de notre Afrique du Nord une image aussi simplifiée, et de considérer la Tunisie, l'Algérie et le Maroc sous le même aspect.
Alors que nous sommes en Algérie depuis plus de quatre vingt ans, en Tunisie depuis trente-cinq ans, nous n'avons pris pied au Maroc qu'il y a huit ans, et notre protectorat y date de moins de quatre ans.
L'oeuvre qu'y réalisait le général d'Amade en 1908, c'est celle qui s'accomplissait en Algérie entre 1830 et 1832. Et puis, si l'Algérie est bien une "colonie", le Maroc est un "protectorat", et ce n'est pas là seulement question d'étiquette.
Alors que nous nous sommes trouvés en Algérie en face d'une véritable poussière, d'un état de choses inorganique, où seul le pouvoir constitué était celui du dey turc effondré dès notre venue.
Au Maroc, au contraire, nous nous sommes trouvés en face d'un empire historique et indépendant, jaloux à l'extrême de son indépendance, rebelle à toute servitude, qui jusqu'à ces dernières années, faisait encore figure d'État constitué, avec sa hiérarchie de fonctionnaires, sa représentation à l'étranger, ses organismes sociaux dont la plupart subsistent toujours, malgré la défaillance récente du pouvoir central.
Songez qu'il existe encore au Maroc nombre de personnages qui, jusqu'il y a six ans, furent ambassadeurs du Maroc indépendant à Pétersbourg, à Londres, à Berlin, à Madrid, à Paris, accompagnés de secrétaires et d'attachés, hommes d'une culture générale, qui ont traité d'égal à égal avec les hommes d'état européens, qui ont le sens et le goût des choses politiques: rien de similaires en Algérie ou en Tunisie.
A côté de cet état-major politique, il existe également un état-major religieux qui n'est pas négligeable.
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