Les APL, le dossier devenu « boulet » du gouvernement

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Après le coup de rabot budgétaire du début du quinquennat, qu'Emmanuel Macron dit traîner comme un « boulet », le dossier des aides au logement, ultrasensible politiquement, donne à nouveau du fil à retordre au gouvernement qui repousse encore sa réforme des « APL en temps réel »

Certains appellent cela un « mistigri ». D'autres, le « sparadrap du capitaine Haddock ». Décidément, le dossier des aides personnalisées au logement (APL) finit par ressembler à un chemin de croix pour le gouvernement. Il faut dire que le sujet est complexe techniquement et ultrasensible politiquement. Le président de la République l'a appris à ses dépens dès le début de son quinquennat.

Il y a d'abord eu, dès l'été 2017 , le « coup de rabot » budgétaire de 5 euros sur les APL, qui a marqué les esprits et sans aucun doute contribué à façonner pour Emmanuel Macron, en même temps que la réforme de l'ISF, l'image de « président des riches ». « Sur les 5 euros d'APL, je sais, je le traîne comme un boulet », a d'ailleurs reconnu fin novembre le chef de l'Etat lors d'un échange avec des étudiants à l'occasion d'un déplacement à Amiens. Mais il a aussi demandé de « mettre en regard » ce qui a été fait pour le logement et pour les étudiants . Il n'empêche, le sujet demeure explosif.

A l'opposé du coup de rabot

Pour preuve, les multiples reports de la réforme du calcul des APL avec leur « contemporéanisation », que le gouvernement a rebaptisé pour le grand public « les APL en temps réel », définies donc, sur les revenus actuels et non plus ceux de l'année n-2. Une réforme régulièrement défendue par le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, comme une réforme de justice, d'équité, à l'opposé du coup de rabot budgétaire de l'été 2017. Et ce, même si elle doit permettre des économies substantielles . Prévue initialement pour janvier 2019, elle a glissé au printemps, puis à l'été, puis en janvier 2020 et depuis ce jeudi, au 1er avril prochain à cause de problèmes techniques.

Coût politique

L'été dernier, le Premier ministre Edouard Philippe avait, dans un courrier envoyé entre autres au ministère du Logement, regretté « vivement ces décalages successifs, qui témoignent à la fois d'une programmation initiale trop optimiste et d'un pilotage incertain du projet », confiant entièrement la charge du dossier à Julien Denormandie. Ce dernier a défendu jeudi dans un communiqué le nouveau décalage pour « un meilleur niveau de qualité et de fiabilité pour les allocataires ». Matignon appuie désormais aussi le fait de « ne prendre aucun risque sur la distribution de ces allocations » et souligne que le report de trois mois est « cohérent » avec les derniers réglages à faire. L'entourage du ministre du Logement réfute tout lien avec le contexte social ou politique mais ce sera, aussi, après les municipales.
Julien Denormandie a assuré que la réforme n'était « pas remise en cause ». Pas question, en ces temps de tempête sociale autour de la réforme des retraites, de donner l'impression d'un quelconque recul. Mais face aux « zones d'incertitude dans ce chantier », dixit la Cnaf, il a toutefois été jugé urgent d'attendre. « Le coût politique est beaucoup plus dur s'il y a des erreurs dans une réforme que si elle est légèrement reportée », fait valoir un conseiller gouvernemental. Et c'est sans compter tous les mécontents - les perdants - qu'elle fera inévitablement.

https://www.lesechos.fr/politique-s...dossier-devenu-boulet-du-gouvernement-1159056
 
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