Les boulangers de Sebta se plaignent de la concurrence de leurs homologues marocains

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Les boulangers de Sebta sont en train de manger leur pain noir. Regroupés en association, ils accusent la concurrence illégale et déloyale du pain marocain d’avoir provoqué, au cours des dix dernières années, la fermeture de la grande majorité des boulangeries de l’enclave. Mais le pain marocain en est-il l’unique responsable ?



Les boulangers de Sebta tirent la sonnette d’alarme. Regroupés en association, ils appellent les autorités de la ville à agir rapidement contre la concurrence déloyale que leur infligent les boulangeries marocaines. Depuis plusieurs années, l’entrée illégale du pain marocain, moins cher et de bonne qualité, fait en effet des ravages sur les marchés du préside espagnol.

Pour preuve, l’Association des boulangers de l’enclave avance qu’en moins de dix ans, 10 des 16 boulangeries qui se trouvaient dans la ville ont dû mettre la clé sous la porte. Rien qu’au cours des quatre dernières années, ce sont pas moins de cinq entreprises qui ont définitivement baissé le rideau en raison de la concurrence déloyale et de la vente illégale du pain marocain, indique le Bureau gouvernemental.

Préoccupé, le président de l’association des boulangers de Sebta, José Ocaña, s’est donc entretenu ce mardi, avec le délégué du gouvernement, Francisco Antonio González, pour lui faire part des problèmes qui touchent en plein le secteur, rapporte ABC.es. D’un bord comme de l’autre, les sujets d’inquiétudes n’ont pas manqué de fuser car si côté boulangers, l’avenir du secteur était au cœur de la discussion, côté autorités, ce sont les pertes d’emplois consécutives à la fermeture des établissements panaires qui ont occupé une large part de l’échange.

Et quid de la concurrence des hypermarchés ?

Bien qu’assez insolite, la problématique que pose l’entrée du pain marocain à Ceuta ne date pas d’hier. En 2010, l’un des plus anciens boulangers de Sebta, Lucinio Ruiz, condamnait déjà la croustillante conquête de la miche chérifienne aux parts du marché local. « Il suffit que chacune des personnes franchissant quotidiennement la frontière ramène une seule miche de pain pour causer d’énormes pertes à la douzaine de boulangeries que compte l’enclave », avait alors déclaré à La Vie Eco le gérant de la boulangerie « Septi », fondée dans les années 40.

La situation s’est encore aggravée depuis puisque l’unique minoterie de Sebta a fermé, causant dans son sillage une flambée des prix du transport et des matières premières. Conséquence : le rapport qualité-prix du pain marocain n’en a été que plus mis en avant. A cela s’est également ajouté la concurrence nouvelle des chaines de grandes distributions dont le pain, vendu sous diverses formes a, lui aussi, porté ombrage à l’activité des boulangers du préside.

Ce dernier point, l’Association des artisans boulangers de la ville l’a totalement occulté durant la réunion d’aujourd’hui, préférant imputer la faiblesse du secteur à la seule concurrence déloyale de la pitance marocaine. Après les plaintes du maire de Sebta, Juan Vivas, contre la concurrence déloyale du royaume en matière de commerce maritime, il semblerait que l’enclave ait choisi sa stratégie de défense commerciale : accuser de « déloyale » toute concurrence qui n’honore pas les seuls intérêts du préside.
 
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