La toute jeune agence spatiale des Émirats arabes unis vient de préciser les objectifs de sa mission martienne qui devrait atteindre la planéte Mars en... 2021.
Effet de manche ou programme réel ?
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Mohammed ben Rachid Al Maktoum l'émir de Dubaï, lors d'une conférence de presse tenue en Mai 2015 dévoilait les objectifs scientifiques de la future sonde Hope. (Emirates News Agency)
"Hope" (Espoir), c’est le nom de la sonde émiratie qui devrait décoller en juillet 2020, à destination de Mars.
Énième sonde martienne ?
Pas tout à fait, car si tout va bien, Hope deviendra le premier engin arabe jamais envoyé dans l’espace interplanétaire.
Les Émirats arabes unis (EAU) ont annoncé le nom et les objectifs scientifiques de cette mission lors d’une conférence de presse le 6 mai 2015, dix mois seulement après avoir fondé leur agence spatiale et lancé ce défi par la voix de Mohammed ben Rachid Al Maktoum, l’émir de Dubai.
La sonde, censée atteindre l’orbite martienne en 2021, aura pour objectif l’étude de l’atmosphère martienne dans sa globalité : soit sa dynamique journalière et annuelle, son interaction avec la topographie du terrain — des pics volcaniques les plus élevés aux vastes déserts et aux canyons les plus profonds.
Selon les responsables de la mission émiratie, cette image intégrée de l’atmosphère martienne devrait nous permettre de mieux comprendre l’évolution de l’atmosphère terrestre.
La sonde, de la taille et du poids d’une petite voiture, demeurera en orbite autour de la planète Rouge jusqu’en 2023, voire jusqu’en 2025 si tout se passe bien.
Durant ce temps, elle enverra plus de 100 gigabits de données à destination des chercheurs des EAU et de plus de 200 institutions dans le monde.
Ce n'est pas l'argent qui pose un problème dans ce projet, mais le temps, selon une chercheuse au FRS
Cette annonce, assortie d’une vidéo postée sur Internet (voir ci-dessous, en anglais), relève-t-elle de l’esbroufe ou d’un réel programme spatial en construction ?
Elle pose question en tout cas, comme l’explique Florence Sborowsky, chercheuse à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS)
“Ce n’est pas l’argent qui pose un problème dans ce projet, mais le temps. On ne peut pas acheter le temps inhérent à ce type de programme.”
Florence Sborowsky précise :
20 milliards de dirhams émiratis (5,44 milliards de dollars) ont déjà été injectés dans le programme spatial.
Mais cinq ans, c’est un délai excessivement court en effet pour créer des infrastructures au sol, mettre au point un lanceur, construire un pas de tir et des stations de suivi.
"Rien de tout cela n’existe à l’heure actuelle, constate Florence Sborowsky. Les satellites d’observation de la Terre déjà lancés par les EAU ont été construits avec la Corée du sud."
Une solution — qui serait en pourparlers depuis deux ans — serait d’acheter la plateforme de tir flottante russe Sea Launch et ses lanceurs ukrainiens Zenit-3SL, dont les activités souffrent des hostilités russo-ukrainiennes.
En réalité, la mission Hope est surtout symbolique : elle devrait atteindre la planète Rouge en 2021, pour fêter le 50e anniversaire de l’indépendance du pays d’avec le Royaume Uni.
"Le spatial est toujours instrumentalisé à des fins de politique nationale, régionale ou internationale, souligne Florence Sborowsky.
Là, les émiratis ratissent large.
L'émir Mohammed ben Rachid Al Maktoum s’est ainsi adressé à toutes les nations arabes :
"Cette sonde représente l’espoir pour des millions de jeunes arabes en quête d’un avenir meilleur. Sans espoir, il n’y a pas d’avenir, pas de succès, pas de vie", ajoutant que "la mission sur Mars des Émirats contribuera largement aux connaissances humaines et sera une étape majeure pour la civilisation arabe, un réel investissement pour les générations futures."
COMPÉTITION .
Le ton est donné.
La civilisation arabe qui a tant fait pour les sciences par le passé doit retrouver son lustre d’antan.
Sur la scène internationale, cette sonde, dite islamique, est censée restaurer l’image des pays arabes, écorchée par des années de conflits.
"La mission martienne des Émirats prouve que rien n’est impossible, que les Arabes peuvent entrer en compétition avec les plus grandes nations dans la course à la connaissance. Si une petite et jeune nation arabe est capable d’atteindre Mars, alors réellement rien n’est impossible", annonce les yeux brillants Omran Sharapova, chef du projet, dans la vidéo.
Dubai veut ainsi se positionner comme fer de lance du spatial arabe, devant l’Égypte et l’Iran, multipliant les programmes de satellites de télécommunication ou radar. Quels que soient les aléas que pourrait connaître la mission Hope dans les années à venir, "il y a une réelle volonté des Émirats de s'installer sur l'échiquier spatial, qu'il soit civil ou militaire", conclut Florence Sborowsky.
(...)
Vidéo expliquant le programme spatial des EAU
Sylvie Rouat
http://www.sciencesetavenir.fr/espa...s-emirats-arabes-unis-en-route-pour-mars.html
Effet de manche ou programme réel ?
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Mohammed ben Rachid Al Maktoum l'émir de Dubaï, lors d'une conférence de presse tenue en Mai 2015 dévoilait les objectifs scientifiques de la future sonde Hope. (Emirates News Agency)
"Hope" (Espoir), c’est le nom de la sonde émiratie qui devrait décoller en juillet 2020, à destination de Mars.
Énième sonde martienne ?
Pas tout à fait, car si tout va bien, Hope deviendra le premier engin arabe jamais envoyé dans l’espace interplanétaire.
Les Émirats arabes unis (EAU) ont annoncé le nom et les objectifs scientifiques de cette mission lors d’une conférence de presse le 6 mai 2015, dix mois seulement après avoir fondé leur agence spatiale et lancé ce défi par la voix de Mohammed ben Rachid Al Maktoum, l’émir de Dubai.
La sonde, censée atteindre l’orbite martienne en 2021, aura pour objectif l’étude de l’atmosphère martienne dans sa globalité : soit sa dynamique journalière et annuelle, son interaction avec la topographie du terrain — des pics volcaniques les plus élevés aux vastes déserts et aux canyons les plus profonds.
Selon les responsables de la mission émiratie, cette image intégrée de l’atmosphère martienne devrait nous permettre de mieux comprendre l’évolution de l’atmosphère terrestre.
La sonde, de la taille et du poids d’une petite voiture, demeurera en orbite autour de la planète Rouge jusqu’en 2023, voire jusqu’en 2025 si tout se passe bien.
Durant ce temps, elle enverra plus de 100 gigabits de données à destination des chercheurs des EAU et de plus de 200 institutions dans le monde.
Ce n'est pas l'argent qui pose un problème dans ce projet, mais le temps, selon une chercheuse au FRS
Cette annonce, assortie d’une vidéo postée sur Internet (voir ci-dessous, en anglais), relève-t-elle de l’esbroufe ou d’un réel programme spatial en construction ?
Elle pose question en tout cas, comme l’explique Florence Sborowsky, chercheuse à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS)
“Ce n’est pas l’argent qui pose un problème dans ce projet, mais le temps. On ne peut pas acheter le temps inhérent à ce type de programme.”
Florence Sborowsky précise :
20 milliards de dirhams émiratis (5,44 milliards de dollars) ont déjà été injectés dans le programme spatial.
Mais cinq ans, c’est un délai excessivement court en effet pour créer des infrastructures au sol, mettre au point un lanceur, construire un pas de tir et des stations de suivi.
"Rien de tout cela n’existe à l’heure actuelle, constate Florence Sborowsky. Les satellites d’observation de la Terre déjà lancés par les EAU ont été construits avec la Corée du sud."
Une solution — qui serait en pourparlers depuis deux ans — serait d’acheter la plateforme de tir flottante russe Sea Launch et ses lanceurs ukrainiens Zenit-3SL, dont les activités souffrent des hostilités russo-ukrainiennes.
En réalité, la mission Hope est surtout symbolique : elle devrait atteindre la planète Rouge en 2021, pour fêter le 50e anniversaire de l’indépendance du pays d’avec le Royaume Uni.
"Le spatial est toujours instrumentalisé à des fins de politique nationale, régionale ou internationale, souligne Florence Sborowsky.
Là, les émiratis ratissent large.
L'émir Mohammed ben Rachid Al Maktoum s’est ainsi adressé à toutes les nations arabes :
"Cette sonde représente l’espoir pour des millions de jeunes arabes en quête d’un avenir meilleur. Sans espoir, il n’y a pas d’avenir, pas de succès, pas de vie", ajoutant que "la mission sur Mars des Émirats contribuera largement aux connaissances humaines et sera une étape majeure pour la civilisation arabe, un réel investissement pour les générations futures."
COMPÉTITION .
Le ton est donné.
La civilisation arabe qui a tant fait pour les sciences par le passé doit retrouver son lustre d’antan.
Sur la scène internationale, cette sonde, dite islamique, est censée restaurer l’image des pays arabes, écorchée par des années de conflits.
"La mission martienne des Émirats prouve que rien n’est impossible, que les Arabes peuvent entrer en compétition avec les plus grandes nations dans la course à la connaissance. Si une petite et jeune nation arabe est capable d’atteindre Mars, alors réellement rien n’est impossible", annonce les yeux brillants Omran Sharapova, chef du projet, dans la vidéo.
Dubai veut ainsi se positionner comme fer de lance du spatial arabe, devant l’Égypte et l’Iran, multipliant les programmes de satellites de télécommunication ou radar. Quels que soient les aléas que pourrait connaître la mission Hope dans les années à venir, "il y a une réelle volonté des Émirats de s'installer sur l'échiquier spatial, qu'il soit civil ou militaire", conclut Florence Sborowsky.
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Vidéo expliquant le programme spatial des EAU
Sylvie Rouat
http://www.sciencesetavenir.fr/espa...s-emirats-arabes-unis-en-route-pour-mars.html