Jai constaté que les campagnes de sensibilisation du public et lattention accrue des médias avaient été plutôt efficaces. Le taux de travail des enfants a baissé.
Statistiques encourageantes
Selon les statistiques gouvernementales, le nombre denfants de moins de 15 ans engagés dans toutes les formes de travail est passé de 517 000 en 1999 à 123 000 en 2011, même si aucune donnée récente nest disponible pour établir le nombre denfants travaillant comme domestiques.
Le gouvernement a également fait des progrès en ce qui concerne la scolarisation des enfants, en partie grâce à des allocations mensuelles octroyées aux familles rurales pauvres pour quelles continuent à scolariser leurs enfants.
Mais en dépit de ces avancées, le travail domestique des enfants demeure un grave problème : les enfants employés comme domestiques sont habituellement dissimulés chez leurs employeurs, loin de leurs familles et hors de portée des inspecteurs du travail. De ce fait, ils sont particulièrement vulnérables aux mauvais traitements physiques et psychologiques et aux sévices sexuels. La plupart nont aucune idée vers qui se tourner pour trouver de laide.
Par exemple, Aziza, 13 ans, ma confié que le fils de son employeur avait tenté de la violer. Elle ne savait même pas comment trouver le poste de police le plus proche. Elle a couru jusquà un arrêt dautobus et a demandé de laide à un chauffeur. Celui-ci la emmenée à la police.
Que peut-on faire ?
Il existe des actions spécifiques que le gouvernement marocain peut entreprendre pour aider ces jeunes filles et mettre fin au travail domestique des enfants.
il peut mieux faire appliquer les lois interdisant lemploi denfants de moins de 15 ans, en créant un système efficace impliquant la police, les travailleurs sociaux, les éducateurs, les associations locales et les autorités pour identifier les enfants concernés, les retirer de chez leurs employeurs et leur fournir une assistance ;
le gouvernement peut aussi sanctionner les employeurs qui engagent sciemment des enfants en dessous de lâge minimum, et renforcer les campagnes de sensibilisation ainsi que les programmes incitant à la scolarisation des filles ;
il peut également veiller à ce que les filles de plus de 15 ans bénéficient de conditions de travail décentes, en adoptant une loi leur donnant accès au repos hebdomadaire, au salaire minimum et à une durée du travail limitée des droits qui vont de soi pour les autres travailleurs.
Les bailleurs de fonds internationaux peuvent aussi faire davantage. En 2008, lOrganisation internationale du travail avait consacré 827 000 euros à la lutte contre le travail des enfants au Maroc, une somme donnée par les Etats-Unis, la Belgique et la France. En 2011, cette aide est tombée à 82 000 euros, limitant de façon drastique la capacité de lOIT à maintenir des programmes efficaces de lutte contre le travail des enfants.
Le taux de travail des enfants est en net recul au Maroc et dans dautres parties du monde. Pourtant, pour de nombreuses filles comme Fatima, le travail des enfants demeure une cruelle réalité quil est nécessaire de combattre.
http://www.rue89.com/2012/11/14/enfants-domestiques-la-honte-du-maroc-237024