L'Arche de Zoé refait surface sur le Web
Un an après le scandale de l'Arche de Zoé, l'association humanitaire française repart à l'assaut. Son site Internet, archedezoe.fr, a rouvert ce matin. Entièrement consacré à l'affaire - la tentative de transférer illégalement vers la France 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour -, il vise à « expliquer ce qui s'est vraiment passé », selon le président de l'association, Eric Breteau. « De nouvelles vidéos, qu'on a pu récupérer, méritaient d'être montrées », explique celui qui fut le cerveau de l'opération. A cela s'ajoutent des documents, photos, cartes et commentaires fournis par les membres actifs de l'Arche de Zoé, désormais au nombre de quatre, contre une dizaine l'an dernier.
« Tout ce qui est en ligne a déjà été remis à la justice », précise Eric Breteau, actuellement sous contrôle judiciaire. Il est poursuivi en France, avec deux autres membres de l'association et deux membres du Cofod (Collectif des familles pour les orphelins du Darfour), pour « aide à l'entrée et au séjour irrégulier de mineurs étrangers », « exercice illégal de l'activité d'intermédiaire en adoption » et « escroquerie » envers les familles d'accueil. Il encourt jusqu'à cinq ans de prison, selon son avocat, Me Collard.
Toujours convaincu que les 103 enfants sont des orphelins de la région soudanaise du Darfour, Eric Breteau se dit victime d'« une dénaturation de l'opération », qu'il impute à la France et aux médias. Contactée, la porte-parole du Haut Commissariat pour les réfugiés au Tchad, Annette Rehrl, rappelle pourtant que seuls « six enfants ont été identifiés comme soudanais, les autres comme tchadiens, et aucun n'était orphelin ». Selon elle, la réouverture du site de l'Arche de Zoé est « un peu ridicule » : « Je ne vois pas comment ils comptent changer la vérité, connue de tous. »
Après l'affaire, les membres de l'association emprisonnés puis graciés par le Tchad ont pris leurs distances avec Eric Breteau, hormis sa compagne, Emilie Lelouch, et deux membres du Cofod, Philippe Van Winkelberg et Alain Péligat. Isolé, il se dit pourtant déterminé à « résister à ces grandes puissances qui pourrissent notre monde » et à « appareiller de nouveau prochainement » afin d'«aider les enfants du Darfour ». Pour éviter qu'il répète ce type d'opération, la justice a soumis Eric Breteau à une interdiction de quitter le territoire.
Faustine Vincent -