Le réveil des francs-maçons
Depuis 2000, les initiatives se multiplient chez les frères... et les surs
S'ils sont trop peu nombreux pour que l'on puisse les considérer comme un cercle d'influence, les francs-maçons n'en constituent pas moins au Maroc un microcosme dont le fonctionnement s'apparente à celui d'un réseau. Et la nouveauté, c'est la création en 2004 d'une loge féminine. Intitulée El-Aïn (la Source), elle regroupe 15 surs à Casablanca. Celles-ci sont hébergées par la Grande Loge du Maroc (GLDM) et bénéficient de relations avec la Grande Loge féminine de France. Dès qu'elles auront créé deux autres ateliers, une obédience féminine autonome devrait être constituée. Des franc-maçonnes se retrouvent aussi dans une autre obédience, puisque le Droit humain international s'est récemment implanté, discrètement.
Contrairement à ce qui est vécu en Algérie et en Tunisie, au Maroc, la maçonnerie n'est pas clandestine.
La GLDM, qui a adopté les surs d'El-Aïn, a été réveillée en 2000, après quinze années de mise en sommeil. Cette obédience a été créée en 1964, sous le nom de Grande Loge de l'Atlas, par sept francs-maçons marocains initiés à Lausanne par la Grande Loge Alpina, de Suisse. Aujourd'hui, la GLDM bénéficie de liens d'amitié très forts avec la Grande Loge de France mais aussi avec le Grand Orient de France, qui se sont engagés à ne pas créer d'atelier au Maroc. Le GODF, qui s'était implanté au Maghreb en 1867, n'était plus présent depuis bien longtemps. La GLDM compte désormais 80 frères dans sept ateliers basés à Rabat, Casablanca et Marrakech. Son grand maître, un consultant de 59 ans initié il y a près de trente années, a pour objectif d'intégrer une quarantaine de nouveaux frères chaque année.
A côté de la GLDM, et sans aucune relation avec elle, la Grande Loge du royaume du Maroc (GLRM) a été créée en 2000. Née sous l'impulsion de la Grande Loge nationale française, la GLRM est l'obédience dite régulière au Maroc, c'est-à-dire la seule à être reconnue par la Grande Loge unie d'Angleterre, considérée comme le Vatican de la maçonnerie mondiale. Elle se caractérise par l'obligation de croire au Grand Architecte de l'Univers, et de prêter serment sur le Coran, la Torah ou la Bible. La GLRM est surtout composée de musulmans, mais a initié également des chrétiens et des juifs. «Nous avons conservé des relations de dialogue, mais j'ai proclamé mon indépendance vis-à-vis de la GLNF, dont j'ai démissionné», confie Bouchaïb El-Kouhi, grand maître de la GLRM. Ce Marocain, qui a fait ses études d'ingénieur en France avant de créer plusieurs bureaux d'études au Maroc, initie une quinzaine de nouveaux frères chaque année, l'obédience comptant aujourd'hui au total 70 membres répartis dans cinq ateliers, à Rabat, Fès, Casablanca, El-Jadida et Marrakech. «Nous sommes bien vus des autorités», observe Bouchaïb El-Kouhi. Il est vrai que «la GLRM proclame son indéfectible fidélité et son total dévouement au roi, à sa famille et à la patrie».
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Article paru dans:
http://www.lexpress.fr/info/monde/dossier/maroc/dossier.asp?ida=435396&p=2