Le christianisme a toujours évolué de toute façon, même sans être menacé de disparition. Une religion comme le christianisme, tant qu'elle est vivante, ne peut cesser de se chercher... Même si on rêvait d'une religion stable, les circonstances historiques changeantes imposent nécessairement une recherche théologique et une mise au point de solutions aux problèmes nouveaux.
On ne croyait pas de la même façon au premier siècle (Église primitive, communautés pauliniennes, tensions entre judéo-chrétiens et pagano-chrétiens) qu'à l'époque de saint Augustin (âge d'or de la patristique, gnosticisme, premiers conciles œcuméniques, conversion de l'Empire). Ni de la même façon au 13e siècle (âge d'or de la scolastique, crainte de l'islam), ni au 17e siècle (révolution dans les sciences et la philosophie, perte de crédibilité d'Aristote, premiers plaidoyers pour la liberté politique), ni en 1900 (catholicisme dans une crispation antimoderne et servilité théologique, domination idéologique du néo-thomisme, et modernisme) ni dans les années 60 (effervescence, Concile, ralentissement du néo-thomisme, hardiesse théologique, optimisme, du moins jusqu'à Humanae vitae) , ni aujourd'hui (Église déchirée entre traditionnalistes et progressistes, société hostile à l'Église, "culture de mort", déplacement du christianisme vers le Tiers-Monde, grande diversité des courants théologiques).
Même les témoins du terrible Jéhovah, religion fort conservatrice, n'ont pas pu éviter de changer en 140 ans...