Les sexygenaires

A

AncienMembre

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cela me fait penser à ce récit d'un conteur perse du XIIè siècle, Farid Al-Dîn Attar.

A Bagdad gouvernée par un puissant calife vivait un jeune vizir en pleine santé. Un jour, il se rend sur le marché de la ville, incognito, ainsi qu'il le faisait fréquemment. Au beau milieu des étalages des marchands d'épices, il rencontre une femme d'une extrême maigreur, aux yeux vides et à la pâleur sépulcrale. Elle se retourne sur son passage et tend le bras vers lui. Notre vizir, en homme averti, a immédiatement reconnu la mort. Il frémit tout le le long du chemin qui le ramène au palais du calife.

Terrorisé, il supplie alors son calife de le laisser fuir Bagdad, lui expliquant que la mort est ici et veut le prendre. Il veut seller son cheval le plus rapide et quitter la ville au grand galop. Quelque peu surpris, car le vizir est jeune et en très bonne santé, le calife lui accorde cependant le droit de partir. Il lui demande quelle sera sa destination et le vizir répond que, pour fuir la mort, il part à Samarcande...

Voici donc notre vizir sur la route de Samarcade, la cité du désert, à la limite du royaume, aux confins de l'Asie et du Moyen-Orient. Il pense, bien sûr, y être en sécurité, loin de la mort qui rôde à Bagdad!

Cependant, très interloqué par ce curieux incident, le calife décide lui aussi d'aller sur le marché afin de vérifier la présence de la mort. Il la reconnait très rapidement et s'adresse à elle sans crainte, lui demandant la signification du geste qu'elle a fait en direction du vizir...

" Ce n'était qu'un geste de surprise..." lui répond la mort, et elle ajoute... "Car je l'ai vu à Bagdad alors que je dois le prendre ce soir à Samarcande..."
 
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