Bonjour
Je crois pas que ce soit vraiment un différend entre des matérialistes et des dualistes. En général, on appelle « nominalistes » ceux qui rejettent les universaux et « réalistes » ceux qui y croient.
La plupart des matérialistes croient aux lois universelles de la nature au sens où ils croient en la vision scientifique du monde
Par exemple selon la théorie de la relativité d'Einstein, les lois de la nature sont les mêmes pour chaque personne, quel que soit son point de référence. Cela est vachement universaliste.
Ou encore regardez les constantes des lois de la nature, comme la constante gravitationnelle ou le rapport entre la masse de l'électron et du proton. Ou, dans un autre genre, la table périodique des éléments.
Je crois que les nominalistes ont pas grand-chose de sérieux à objecter. Il est exact que dans la nature, on ne perçoit que des individus, et qu'on ne « perçoit » pas l'universel avec les sens, mais de toute évidence, ces individus suivent des patterns qu'on peut reconnaître et étudier.
Par contre, il est exact qu'on ne décrit pas cette universalité des universaux de la même manière qu'au Moyen Âge. À l'époque on disait que les choses avaient des essences qui les situaient dans des catégories déterminées et discrètes. De nos jours, on parle plutôt de lois de la nature, qu'on essaie de formuler avec des équations.
Le langage pour décrire la réalité a changé, mais pour ce qui est des universaux, on y croit encore. Et les progrès de la physique (notamment) ont plutôt renforcé cette croyance.
Par contre, les réalistes ont parfois abusé de l'idée d'universaux, et ont refusé d'admettre que les êtres sont plus divers et singuliers qu'ils le disaient.
Par exemple c'était courant d'enfermer « les » femmes ou « les » Noirs dans une « essence » corporelle universelle, qui serait qualitativement distincte de celle de l'homme blanc. Et inférieure. « Les » femmes et « les » Noirs auraient par essence des caractéristiques qui les rendraient moins bons, moins aptes, que l'homme blanc : moins de rationalité, moins de moralité, moins de génie, etc.
Plus récemment, on a aussi fait le coup aux homosexuels. On a voulu enfermer « les » homosexuels dans une essence qui leur serait prétendument spécifique, et qui se manifesterait par des pensées, des manières et des comportements stéréotypés, qui sont socialement dévalorisés.
On a aussi fait le coup aux personnes du spectre autistique en cherchant à les enfermer dans des portraits psychiatriques universels et peu flatteurs. De nos jours, on est plus prudent à ce sujet, car on a pu constater que ce handicap se manifeste de façon très diverse et à plusieurs degrés, et que de toute façon les handicapés sociaux ne se réduisent pas à leur handicap.