Les talibans aux portes de Kaboul!!!!!!!!!!!!
Kandara ne se battra pas. «Je suis fatigué.
Jen ai marre de la guerre.
Les talibans peuvent venir, je ne bougerai pas», explique ce patron dune briqueterie de Chahr-e Siab, un village à 18 kilomètres au sud de Kaboul.
Kandara le sait, les talibans sont là, à quelques centaines de mètres, derrière la colline et son fortin en ruines.
«Ils avancent vite.
Au début de lannée, ils étaient autour de Ghazni, à plus de 70 kilomètres dici.»
Les talibans prennent aujourdhui position dans le district voisin de Musahi.
«Ils viennent la nuit, comme des voleurs, pour menacer les habitants.
Ils lancent aussi des roquettes mais elles tombent dans les champs»,
explique Momen, le commandant de larmée afghane en charge du secteur.
Début novembre, la police a désarmorcé trois mines posées le long de la route qui mène à Kaboul.
Attaques. Sept ans après lintervention de la coalition internationale en Afghanistan, les talibans se rapprochent de la capitale.
A louest, dans le Wardak, les attaques sont quasi-quotidiennes.
A lest, les insurgés remontent le long de la route de Jalalabad et sattaquent aux convois de ravitaillement en provenance du Pakistan.
Dans la province de Kapisa, au nord-est, les soldats français ont essuyé en moyenne un incident par jour ces quatre derniers mois.
Seul le nord est épargné.
«Les talibans nont pas de stratégie militaire coordonnée pour encercler Kaboul mais leur influence sétend», note un diplomate occidental.«Dès quils se rendent compte quune zone nest pas suffisamment contrôlée par la police ou larmée, ils avancent.
Ils comblent les espaces vides que laisse lEtat afghan», confirme Homayoun Tandar, adjoint au conseiller pour la sécurité du président Hamid Karzaï.
Les talibans ne prendront toutefois pas Kaboul.
Ils nen ont pas les moyens, ni en hommes, ni en armes.
«Notre stratégie consiste à pratiquer le harcèlement, jusquà ce que les étrangers quittent le pays» ,
reconnaît Zabiullah Moujahid, porte-parole des talibans joint par téléphone. Régulièrement, ils lancent des attaques ciblées au cur de la capitale qui déstabilisent le pouvoir afghan et inquiètent la coalition internationale.
Le 20 octobre, ils ont assassiné une travailleuse humanitaire britannique, au motif que son organisation, Serve Afghanistan, «prêchait le christianisme».
Dix jours plus tard, un attentat a détruit le ministère de lInformation et de la Culture, tuant cinq personnes.
Audacieux, le mode opératoire a rappelé celui utilisé lors de lattaque en janvier contre le Serena, lhôtel le plus luxueux de Kaboul.
Deux hommes ont dabord tiré sur les gardes postés à lentrée, laissant la voie libre à un kamikaze qui sest fait exploser à côté du bureau du ministre, absent ce jour-là.
Après chaque attaque, la question resurgit :
les talibans se sont-ils infiltrés dans Kaboul ?
Zabiullah Moujahid lassure :
«Bien sûr que nous avons des combattants à Kaboul.
Ils sont prêts à obéir et à passer à lattaque quand nous le leur ordonnerons.»
Le conseiller de Karzaï estime quils seraient une petite cinquantaine :
«Cest peu mais suffisant pour mener plusieurs attentats denvergure.
Une attaque à la voiture piégée ne nécessite que deux ou trois hommes.»
Barbelés. Menacé, Kaboul se barricade.
Les ambassades et les ministères construisent de nouveaux murs, plus hauts, plus épais, hérissés de barbelés. Les barrages se multiplient, des quartiers entiers sont interdits à la circulation. Les étrangers encore présents dans la capitale se terrent. Les ONG interdisent quasiment tout déplacement à leurs employés. Les Afghans, eux, hésitent à sortir de la ville. «Je suis originaire du Wardak mais je ne peux plus y aller, explique Haroun, 23 ans, étudiant le matin et chauffeur la nuit. Les talibans ont installé des barrages à seulement 20 kilomètres de Kaboul. Cest trop dangereux.»